Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0014
DOI Heft:
Nr. 1 (Octobre-Novembre 1942)
DOI Artikel:Portrait d'artistes
DOI Artikel:Dorival, Bernard: Vuillard
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0014
PORTRAIT D’ARTISTE
Édouard Vuillard. — Le Sous-bois à la Dame au chien.
qui ne sait pas choisir, mode-
laient aussi lourdement les
muscles, et, attentifs au seul
modèle, négligeaient également
le style et l’expression. Rien
dans ces dessins ne décèle le
maître futur. Or ceci se passait
vers 1885.
1891... La bonne nou-
velle de Pont-Aven a été prê-
chée à l’Académie Julian et à
l’Ecole des Beaux-Arts. Les
Nabis se réunissent au café de
l’impasse Brady, n’ont à la
bouche que les mots de « syn-
thèse, déformation objective,
déformation subjective, cloison-
nisme, teinte plate, décor », et
souscrivent à la définition de
Maurice Denis : Se rappeler
qu’un tableau (...) est essentiel-
lement une surface plane couverte
de couleurs en un certain ordre
assemblées. L’un des fruits de
ces discussions artistiques, c’est
le tableau de Vuillard : Au lit.
Pas de profondeur, de clair-
obscur, de modelé; la volonté
s’affiche de rompre avec l’aca-
démisme officiel, comme le refus aussi de l’impressionnisme : des tons mats et voisins
ne se juxtaposent-ils pas, qu’animent deux accents de marron-chocolat ? Posés en à-plats
de pâte mince et comme « déshuilée », ils s’enferment dans des cernes propres à souligner
le caractère décoratif que donne à ce tableau la stylisation des objets : réduction de la croix
à un tau, du visage à une tache brune, des plis du drap à quelques lignes simples. Et pour
rendre le rythme de ces lignes plus évident, pourquoi Vuillard hésiterait-il à allonger, outre
mesure, sous la couverture qui les cache, le torse et les jambes de la femme endormie ?
puisqu’elle n’existe, cette femme, qu’en tant qu’élément de décor. La même conception
plastique se retrouve, quelque quinze ans plus tard, dans un tableautin charmant : la Salle
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Édouard Vuillard. — Le Sous-bois à la Dame au chien.
qui ne sait pas choisir, mode-
laient aussi lourdement les
muscles, et, attentifs au seul
modèle, négligeaient également
le style et l’expression. Rien
dans ces dessins ne décèle le
maître futur. Or ceci se passait
vers 1885.
1891... La bonne nou-
velle de Pont-Aven a été prê-
chée à l’Académie Julian et à
l’Ecole des Beaux-Arts. Les
Nabis se réunissent au café de
l’impasse Brady, n’ont à la
bouche que les mots de « syn-
thèse, déformation objective,
déformation subjective, cloison-
nisme, teinte plate, décor », et
souscrivent à la définition de
Maurice Denis : Se rappeler
qu’un tableau (...) est essentiel-
lement une surface plane couverte
de couleurs en un certain ordre
assemblées. L’un des fruits de
ces discussions artistiques, c’est
le tableau de Vuillard : Au lit.
Pas de profondeur, de clair-
obscur, de modelé; la volonté
s’affiche de rompre avec l’aca-
démisme officiel, comme le refus aussi de l’impressionnisme : des tons mats et voisins
ne se juxtaposent-ils pas, qu’animent deux accents de marron-chocolat ? Posés en à-plats
de pâte mince et comme « déshuilée », ils s’enferment dans des cernes propres à souligner
le caractère décoratif que donne à ce tableau la stylisation des objets : réduction de la croix
à un tau, du visage à une tache brune, des plis du drap à quelques lignes simples. Et pour
rendre le rythme de ces lignes plus évident, pourquoi Vuillard hésiterait-il à allonger, outre
mesure, sous la couverture qui les cache, le torse et les jambes de la femme endormie ?
puisqu’elle n’existe, cette femme, qu’en tant qu’élément de décor. La même conception
plastique se retrouve, quelque quinze ans plus tard, dans un tableautin charmant : la Salle
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