Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0385
DOI issue:
Nr. 6 (Aout-Septembre 1943)
DOI article:La vie dans les musées
DOI article:Bazin, Germain: La donation Carlos de Beistegui, II
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0385
LA VIE DANS LES MUSÉES
I
LES RÉCENTES ACQUISITIONS
DU MUSÉE DU LOUVRE
LA DONATION CARLOS DE BEISTEGUI
Deuxième article ô)-
Ingres (Jean-Auguste-Dominique). — Portrait de Mme Panckouke. Toile ovale,
H. o m. 90 x L. o m. 71. Signé et daté à gauche : « Ingres, Rome 1811 ».
Vu jusqu’à mi-cuisse en trois-quarts à gauche, le visage de face, elle porte une robe
de satin blanc largement décolletée; la ceinture très haut placée fait bomber la poitrine. Elle
est coiffée « à l’enfant » avec une raie de côté parmi ses petites boucles, un collier de corail
orne son cou rond et gras, un bracelet à plusieurs anneaux entoure son bras gauche sur
lequel elle a jeté un châle rouge et blanc, à rayures et à palmettes.
Ce portrait, peint à Rome en 1811, en même temps que ceux de M. Cordier (au Louvre),
M. Marcotte, M. de Norvins, M. Devillers, vient rejoindre au Louvre son pendant, le portrait
ovale de M. Bochet, frère de Mme Panckouke (o m. 94 X o m. 69, n° du catalogue Brière,
428 A). Mlle Cécile Bochet épousa en 1805 M. Panckouke, lequel, né en 1780, mourut
à Naples en 1812. Elle se remaria en 1816 à Louis-Philippe Moroude-Forgeot et mourut à
Bordeaux en 1865. Lorsqu’il convola en secondes noces en 1852, Ingres épousa Mme Ramel,
née Bochet. Ce portrait, qui resta longtemps dans la famille, fut cédé par M. Henri Panckouke
à M. Wildenstein, de qui M. Carlos de Beistegui l’a acquis en 1928. A l’exposition Ingres
du Palais de l’Ecole impériale des Beaux-Arts en 1867, le tableau a été montré au public.
Ce tableau, l’un des plus attachants portraits de femme d’Ingres, appartient à ce qu’on
pourrait appeler la deuxième période romaine du peintre. Alors que les portraits de la première
période (voir au Louvre, les Rivière, peint en 1805) sont encore tout classiques d’esprit, les
portraits de la deuxième période sont déjà touchés de ce maniérisme romantique qui impré-
gnera l’art d’Ingres entre 1810 et 1820, avant qu’il ne revienne à un classicisme plus pur
et nourri de réalisme dont le Vœu de Rouis XIII (Salon de 1824) est la profession de foi.
(1) Le Ier article consacré à la donation Carlos de Beistegui a été publié dans le n° V de la Revue des ~Beaux-A.rts de France,
p. 263 et suivantes.
325
Kuntfhisfôrisdiss fôsiitut
T ü b i n g a n
I
LES RÉCENTES ACQUISITIONS
DU MUSÉE DU LOUVRE
LA DONATION CARLOS DE BEISTEGUI
Deuxième article ô)-
Ingres (Jean-Auguste-Dominique). — Portrait de Mme Panckouke. Toile ovale,
H. o m. 90 x L. o m. 71. Signé et daté à gauche : « Ingres, Rome 1811 ».
Vu jusqu’à mi-cuisse en trois-quarts à gauche, le visage de face, elle porte une robe
de satin blanc largement décolletée; la ceinture très haut placée fait bomber la poitrine. Elle
est coiffée « à l’enfant » avec une raie de côté parmi ses petites boucles, un collier de corail
orne son cou rond et gras, un bracelet à plusieurs anneaux entoure son bras gauche sur
lequel elle a jeté un châle rouge et blanc, à rayures et à palmettes.
Ce portrait, peint à Rome en 1811, en même temps que ceux de M. Cordier (au Louvre),
M. Marcotte, M. de Norvins, M. Devillers, vient rejoindre au Louvre son pendant, le portrait
ovale de M. Bochet, frère de Mme Panckouke (o m. 94 X o m. 69, n° du catalogue Brière,
428 A). Mlle Cécile Bochet épousa en 1805 M. Panckouke, lequel, né en 1780, mourut
à Naples en 1812. Elle se remaria en 1816 à Louis-Philippe Moroude-Forgeot et mourut à
Bordeaux en 1865. Lorsqu’il convola en secondes noces en 1852, Ingres épousa Mme Ramel,
née Bochet. Ce portrait, qui resta longtemps dans la famille, fut cédé par M. Henri Panckouke
à M. Wildenstein, de qui M. Carlos de Beistegui l’a acquis en 1928. A l’exposition Ingres
du Palais de l’Ecole impériale des Beaux-Arts en 1867, le tableau a été montré au public.
Ce tableau, l’un des plus attachants portraits de femme d’Ingres, appartient à ce qu’on
pourrait appeler la deuxième période romaine du peintre. Alors que les portraits de la première
période (voir au Louvre, les Rivière, peint en 1805) sont encore tout classiques d’esprit, les
portraits de la deuxième période sont déjà touchés de ce maniérisme romantique qui impré-
gnera l’art d’Ingres entre 1810 et 1820, avant qu’il ne revienne à un classicisme plus pur
et nourri de réalisme dont le Vœu de Rouis XIII (Salon de 1824) est la profession de foi.
(1) Le Ier article consacré à la donation Carlos de Beistegui a été publié dans le n° V de la Revue des ~Beaux-A.rts de France,
p. 263 et suivantes.
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Kuntfhisfôrisdiss fôsiitut
T ü b i n g a n