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Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

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Nr. 6 (Aout-Septembre 1943)
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Portrait d'artiste
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Rouchès, Gabriel: Raoul Laparra (13 mai 1876 - 4 avril 1943)
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0384

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PORTRAIT D’ARTISTE

cadre l’atelier de la rue de l’Abbaye. Des concerts de musique espagnole d’une qualité rare.
Raoul Laparra savait découvrir des danseuses espagnoles, authentiques autant qu’inconnues,
parmi lesquelles la Joselito qui depuis est devenue célèbre, des guitaristes, des chanteurs.
Raoul montrait une joie extrême ; il se sentait transporté, et ses hôtes avec lui, dans ce
pays où il aurait tant voulu passer une partie de son existence. Il rayonnait.
On comprend le sentiment de piété et de douleur avec lesquels j’écris ces lignes.
J’arrive aux dernières années qu’a vécues mon pauvre ami. La tragédie de 1940 le trouva
en province. Il revint à l’automne pour reprendre son poste d’inspecteur général de l’ensei-
gnement de la musique, fonctions qu’il remplissait avec dévoüement. Mais sa santé se trou-
vait compromise, elle exigeait des soins attentifs. J’allais le voir à Suresnes dans la maison
où la mort l’a frappé brutalement. Nous causions comme au temps jadis, ou bien un désir
de musique le prenait. Son jeu n’avait rien perdu. Ce qu’il arrivait à tirer d’un piano vieux et
désaccordé tient du prodige. Il me jouait quelque étude de Bach, ou encore un fragment
d’une de ses œuvres, surtout le prélude de sa Habanera dont il était tellement peiné de n’avoir
pu entendre la centième représentation, quelques semaines avant la catastrophe où il périt.
Chez Raoul Laparra, le caractère moral était à la hauteur du génie musical. Il avait
une très belle âme, tout entier à son art. Il avait gardé une fraîcheur de sentiment, ignorant
l’intrigue et l’arrivisme, point envieux et d’une bienveillance extrême, à tel point que je
n’ai jamais entendu de sa bouche un mot cruel à l’endroit de l’un de ses confrères, toujours
prêt au contraire à apprécier l’œuvre d’autrui. On ne pouvait le connaître sans l’aimer.
Gabriel ROUCHÈS.


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L? dernier portrait de \iaoul L,aparra.
 
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