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Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

DOI issue:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI article:
La vie dans les musées
DOI article:
Bazin, Germain: Au musée du Louvre: les récentes acquisitions du département de la peinture
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0157

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LA VIE DANS LES MUSEES

AU MUSÉE DU LOUVRE
LES RÉCENTES ACQUISITIONS
DU DÉPARTEMENT DE LA PEINTURE
UN à un disparaissent les derniers témoins de l’impressionnisme et s’émiettent les
collections qu’ils avaient rassemblées. Cette situation faisait au Louvre un devoir
d’acquérir certaines pièces de la célèbre collection du docteur Viau dont la plus
grande partie vient d’être dispersée, le 13 décembre dernier. Plusieurs des tableaux de
cet amateur n’ont pu figurer à cette vente, car ils sont aujourd’hui en Amérique, où ils
avaient été envoyés pour diverses expositions avant la guerre; malgré cette lacune sensible,
la vente offrait un ensemble de chefs-d’œuvre du xixe siècle, tel qu’on n’en avait pas vu
depuis longtemps à l’hôtel Drouot, ce qui explique la faveur que lui réserva le public et
les hauts prix qui y furent réalisés.
La plus belle des œuvres retenues par l’Etat à cette vente est l’Académie de femme de
Delacroix. Le Louvre, qui doit à la donation de Moreau-Nélaton de nombreuses académies
et études de nus de Delacroix, à la pierre noire, au fusain ou au crayon, ne possédait encore
aucun tableau important de nu par le grand artiste romantique. Voici comblée avec un chef-
d’œuvre cette lacune importante. Le nu acquis à la vente Viau est peut-être une étude d’après
« Mademoiselle Rose », modèle d’atelier qui posa plusieurs fois pour Delacroix et Bonington
et dont les deux amis partagèrent peut-être les faveurs. On connaît au moins deux autres
études peintes par Delacroix d’après ce modèle. L’un d’eux, qui est actuellement en Amé-
rique, appartient encore à la succession Viau, il a été peint en 1824 aux côtés de M. Auguste;
un autre représentant cette jeune femme de dos, couchée sur un lit (ancienne collection
Jules Strauss) a été irrévérencieusement baptisé « le fessier de Mlle Rose ».
Dans le tableau que vient d’acquérir notre musée, le modèle est reproduit avec sincé-
rité, dans une pose naturelle, sans aucun arrangement décoratif; la matière, peinte dans
une pâte solide, n’a pas encore la fluidité qu’amènera chez Delacroix l’influence anglaise,
bien qu’elle présente déjà ces variations lumineuses qu’il recherchait sur la chair. L’ascendant
de Géricault, encore très sensible dans cette œuvre, nous reporte à la période 1820-1822.
Cependant, ce tableau n’a pas qu’un intérêt purement pictural. Delacroix apporte à peindre
ce nu l’émotion qui est une tradition de notre école. Une certaine timidité dans l’attitude,
l’expression inquiète du visage, donnent à cette académie une note d’humanité bien française.
De Delacroix encore, le Louvre s’est fait adjuger une belle copie, éxécutée par l’artiste

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