Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0015
DOI Heft:
Nr. 1 (Octobre-Novembre 1942)
DOI Artikel:Portrait d'artistes
DOI Artikel:Dorival, Bernard: Vuillard
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VUILLARD
à manger rouge, où les objets, le paysage et les figures se fondent si bien les uns dans les
autres que la lecture de la toile en demande quelques moments. Vuillard faisait ainsi
bénéficier l’art de la peinture, spatial et immédiat, de l’action lentement séductrice de
la musique; et c’est vraiment une musique que cet ouvrage chante au spectateur attentif,
une musique narquoise et tendre, pleine de fantaisie et de gravité, aussi discrète que séductrice.
Mais en ce même moment Vuillard s’ouvre à l’impressionnisme. Dans le pastel :
Devant la glace, la composition
qui recherche, loin des for-
mules usées, une savante
absurdité, la calligraphie de
la silhouette, l’intérêt pour le
blême éclairage électrique qui
fait saillir l’armature des
formes, tout, jusqu’au thème
de la glace emprunté au por-
trait de Mme Jeantaud par
Degas, tout atteste sur Vuillard
l’influence de ce maître. C’est
en revanche Boudin, Sisley,
Monet que rappellent les
paysages peints vers cette
même année 1910. Non que
Vuillard y perde le bénéfice
de son « nabisme ». Il sait trop
le prix des tons mineurs pour
ne pas préférer aux lilas et aux
roses de Monet des noirs, des
bleus ardoise, des beiges, dont
il augmente la finesse mate en
pratiquant de plus en plus la
peinture à la colle sur support
absorbant : carton ou papier :
ainsi dans le Port par temps gris,
si nuancé et si solide. Il évite
tout de même, quelque intérêt
qu’il porte au plein air, de
dissoudre la forme : tentative Édouard Vuillard. — Devant la glace.
si ardue que parfois elle (Portrait de Charlotte Lysès.)
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à manger rouge, où les objets, le paysage et les figures se fondent si bien les uns dans les
autres que la lecture de la toile en demande quelques moments. Vuillard faisait ainsi
bénéficier l’art de la peinture, spatial et immédiat, de l’action lentement séductrice de
la musique; et c’est vraiment une musique que cet ouvrage chante au spectateur attentif,
une musique narquoise et tendre, pleine de fantaisie et de gravité, aussi discrète que séductrice.
Mais en ce même moment Vuillard s’ouvre à l’impressionnisme. Dans le pastel :
Devant la glace, la composition
qui recherche, loin des for-
mules usées, une savante
absurdité, la calligraphie de
la silhouette, l’intérêt pour le
blême éclairage électrique qui
fait saillir l’armature des
formes, tout, jusqu’au thème
de la glace emprunté au por-
trait de Mme Jeantaud par
Degas, tout atteste sur Vuillard
l’influence de ce maître. C’est
en revanche Boudin, Sisley,
Monet que rappellent les
paysages peints vers cette
même année 1910. Non que
Vuillard y perde le bénéfice
de son « nabisme ». Il sait trop
le prix des tons mineurs pour
ne pas préférer aux lilas et aux
roses de Monet des noirs, des
bleus ardoise, des beiges, dont
il augmente la finesse mate en
pratiquant de plus en plus la
peinture à la colle sur support
absorbant : carton ou papier :
ainsi dans le Port par temps gris,
si nuancé et si solide. Il évite
tout de même, quelque intérêt
qu’il porte au plein air, de
dissoudre la forme : tentative Édouard Vuillard. — Devant la glace.
si ardue que parfois elle (Portrait de Charlotte Lysès.)
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