DOI Heft:
Nr. 1 (Octobre-Novembre 1942)
DOI Artikel:La vie dans les musées
DOI Artikel:Charbonneaux, Jean: Les récentes acquisitions du Musée du Louvre: au département des antiquités Grecques les mosaïques d'Antioche
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0021
LES MOSAÏQUES D’ANTIOCHE
cubes assez fins, surtout dans la bordure d’encadrement qui est la partie techniquement la
mieux réussie de ce panneau : le rinceau de pampres s’enlève en vert pâle sur le fond noir;
il est animé par la présence, au milieu des enroulements, de deux masques dionysiaques —
Satyre et Ménade — et d’oiseaux divers (il y a même deux sauterelles), dont le coloris à la
fois riche et discret s’harmonise admirablement avec celui des feuillages. On peut être tenté
de critiquer l’excès de richesse et d’ampleur de cette bordure ; mais il ne faut pas oublier
qu’il s’agit d’une partie d’un pavement composé de plusieurs panneaux et dont l’effet déco-
La mosaïque des Saisons.
ratif était dû à l’opposition et à l’alternance des surfaces colorées : de ce point de vue, on
appréciera le contraste heureux qui oppose au fond sombre, aux tons assourdis de la bor-
dure, le tableau clair et chatoyant du Jugement de Paris. Cette scène mythologique présente
de grandes analogies avec les compositions peintes à fresque sur les murs des maisons de
Pompéi ou d’Herculanum ; et, comme elle est certainement postérieure à la catastrophe
de l’an 79, qui détruisit les deux villes campaniennes, elle apporte un précieux témoignage
sur l’évolution de la peinture gréco-romaine à l’époque de Trajan. Le dessin est ici visible-
ment subordonné à la couleur : c’est ainsi, par exemple, que la forme du vase posé sur la
colonne n’est nullement définie par le contour mais modelée par des taches sombres et
des touches lumineuses. Nulle bigarrure d’ailleurs : la tonalité d’ensemble se tient entre
gris et brun; et la maîtrise du coloriste se reconnaît à la façon dont il a usé des blancs, soit
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cubes assez fins, surtout dans la bordure d’encadrement qui est la partie techniquement la
mieux réussie de ce panneau : le rinceau de pampres s’enlève en vert pâle sur le fond noir;
il est animé par la présence, au milieu des enroulements, de deux masques dionysiaques —
Satyre et Ménade — et d’oiseaux divers (il y a même deux sauterelles), dont le coloris à la
fois riche et discret s’harmonise admirablement avec celui des feuillages. On peut être tenté
de critiquer l’excès de richesse et d’ampleur de cette bordure ; mais il ne faut pas oublier
qu’il s’agit d’une partie d’un pavement composé de plusieurs panneaux et dont l’effet déco-
La mosaïque des Saisons.
ratif était dû à l’opposition et à l’alternance des surfaces colorées : de ce point de vue, on
appréciera le contraste heureux qui oppose au fond sombre, aux tons assourdis de la bor-
dure, le tableau clair et chatoyant du Jugement de Paris. Cette scène mythologique présente
de grandes analogies avec les compositions peintes à fresque sur les murs des maisons de
Pompéi ou d’Herculanum ; et, comme elle est certainement postérieure à la catastrophe
de l’an 79, qui détruisit les deux villes campaniennes, elle apporte un précieux témoignage
sur l’évolution de la peinture gréco-romaine à l’époque de Trajan. Le dessin est ici visible-
ment subordonné à la couleur : c’est ainsi, par exemple, que la forme du vase posé sur la
colonne n’est nullement définie par le contour mais modelée par des taches sombres et
des touches lumineuses. Nulle bigarrure d’ailleurs : la tonalité d’ensemble se tient entre
gris et brun; et la maîtrise du coloriste se reconnaît à la façon dont il a usé des blancs, soit
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