Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0029
DOI Heft:
Nr. 1 (Octobre-Novembre 1942)
DOI Artikel:La vie dans les musées
DOI Artikel:Verlet, Pierre: Les récentes acquisitions du Musée du Louvre: au département des objets d'art
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OBJETS D’ART
encore encadré de son ancienne bordure de bois doré, estampillée du menuisier parisien
Infroit, spécialisé dans ces sortes d’ouvrages. Ce pourrait être le « chef-d’œuvre » de quelque
apprenti de la Savonnerie, si vraiment l’usage du chef-d’œuvre a existé à la manufacture
royale; nous pensons plutôt qu’il s’agit là, non d’une commande officielle, mais d’un travail
exécuté par quelque artiste de la Savonnerie pour son amusement ou son profit personnels,
probablement avec les laines du Roi; certaines faiblesses du dessin confirmeraient cette
hypothèse; entrepreneurs de la Savonnerie aussi bien que des Gobelins ne cessaient de
s’élever contre cette pratique. Quant au désir, en soi néfaste, de reproduire littéralement
à l’aide de laines de couleur quelque tableau de chevalet, il est bien du goût de cette
époque; il se manifestait alors aux Gobelins, mais la séduction était plus grande avec le
tissu velouté de la Savonnerie : paysages des tapis de Louis XIV, portraits de Louis XV,
image encadrée sous verre d’un chien favori de Marie-Antoinette et visant à donner
l’illusion du pastel, voici quelques étapes de cet art, dont notre petit tableau offre un
spécimen (i).
Le volet de diptyque en ivoire, dû à la générosité de M. et de Mme de Nanteuil, viendra
s’ajouter à notre incomparable suite d’ivoires gothiques français. Sculpté dans le premier
tiers du XIVe siècle, il se rattache au « groupe tragique » des diptyques à décor de roses constitué
par R. Koechlin et doit compter parmi les meilleures pièces de cet atelier. Koechlin
n’a pas connu ce volet, mais M. Fontaine a pu, de façon très nette, l’insérer dans son
œuvre et il a même retrouvé au Metropolitan Muséum de New-York le volet de
gauche qui complétait ce diptyque (2).
La lY/m marine, acquise il y a
quelques mois, témoigne de notre intention
de continuer à enrichir la série des petits
bronzes de la Renaissance. Le noyau de
cette collection est un reste des anciens
bronzes de la Couronne; développée par
Migeon, par M. Marquet de Vasselot et
par M. Dreyfus, elle occupait, à la veille de
la guerre, une salle entière et pouvait déjà
se comparer aux grands ensembles des
musées de Berlin, de Florence, de Vienne
et de Londres. Elle comporte surtout des
(1) On comparera en particulier à notre panneau
un petit tableau de Savonnerie, de dimensions moindres,
représentant un berger assis avec ses troupeaux et conservé
à l’Oesterreichisches Muséum de Vienne.
(2) R. Koechlin, les Ivoires gothiques français, chap. V.
Une étude de M. G. Fontaine sur cet ivoire doit paraître
dans le prochain recueil des Monuments Piot.
Episode de la Vie de saint Mammès. — Tapisserie.
encore encadré de son ancienne bordure de bois doré, estampillée du menuisier parisien
Infroit, spécialisé dans ces sortes d’ouvrages. Ce pourrait être le « chef-d’œuvre » de quelque
apprenti de la Savonnerie, si vraiment l’usage du chef-d’œuvre a existé à la manufacture
royale; nous pensons plutôt qu’il s’agit là, non d’une commande officielle, mais d’un travail
exécuté par quelque artiste de la Savonnerie pour son amusement ou son profit personnels,
probablement avec les laines du Roi; certaines faiblesses du dessin confirmeraient cette
hypothèse; entrepreneurs de la Savonnerie aussi bien que des Gobelins ne cessaient de
s’élever contre cette pratique. Quant au désir, en soi néfaste, de reproduire littéralement
à l’aide de laines de couleur quelque tableau de chevalet, il est bien du goût de cette
époque; il se manifestait alors aux Gobelins, mais la séduction était plus grande avec le
tissu velouté de la Savonnerie : paysages des tapis de Louis XIV, portraits de Louis XV,
image encadrée sous verre d’un chien favori de Marie-Antoinette et visant à donner
l’illusion du pastel, voici quelques étapes de cet art, dont notre petit tableau offre un
spécimen (i).
Le volet de diptyque en ivoire, dû à la générosité de M. et de Mme de Nanteuil, viendra
s’ajouter à notre incomparable suite d’ivoires gothiques français. Sculpté dans le premier
tiers du XIVe siècle, il se rattache au « groupe tragique » des diptyques à décor de roses constitué
par R. Koechlin et doit compter parmi les meilleures pièces de cet atelier. Koechlin
n’a pas connu ce volet, mais M. Fontaine a pu, de façon très nette, l’insérer dans son
œuvre et il a même retrouvé au Metropolitan Muséum de New-York le volet de
gauche qui complétait ce diptyque (2).
La lY/m marine, acquise il y a
quelques mois, témoigne de notre intention
de continuer à enrichir la série des petits
bronzes de la Renaissance. Le noyau de
cette collection est un reste des anciens
bronzes de la Couronne; développée par
Migeon, par M. Marquet de Vasselot et
par M. Dreyfus, elle occupait, à la veille de
la guerre, une salle entière et pouvait déjà
se comparer aux grands ensembles des
musées de Berlin, de Florence, de Vienne
et de Londres. Elle comporte surtout des
(1) On comparera en particulier à notre panneau
un petit tableau de Savonnerie, de dimensions moindres,
représentant un berger assis avec ses troupeaux et conservé
à l’Oesterreichisches Muséum de Vienne.
(2) R. Koechlin, les Ivoires gothiques français, chap. V.
Une étude de M. G. Fontaine sur cet ivoire doit paraître
dans le prochain recueil des Monuments Piot.
Episode de la Vie de saint Mammès. — Tapisserie.