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Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

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Nr. 2 (Décembre-Janvier)
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L'enseignement officiel
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Landowski, Paul Maximilien: L'école nationale supérieure des beaux-arts: ses méthodes, ses tendances
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0126

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L’ENSEIGNEMENT OFFICIEL

sujets d’admiration et d’études. De pareils moments sont aussi tares que brefs dans
l’Histoire. Ce sont ceux qui, par le rayonnement de leur production, ont été appelés clas-
siques. Tels sont les Ve et ive siècles en Grèce. Tels sont les xive et xve siècles en Italie.
L’enseignement moderne des Beaux-Arts s’est fondé au xvne siècle sur ces deux bases
fondamentales : le dogme de la perfection des artistes grecs; le dogme du savoir des artistes
italiens de la Renaissance. Au moment où les méthodes pratiquées dans les corporations
s’altéraient pour des causes diverses (achèvement des grands édifices religieux, fléchissement
de la foi, ateliers devenant boutiques rivales, unique souci de la virtuosité technique,
règlements professionnels trop étroits, vénalité des maîtrises, isolement des artistes des
professions intellectuelles, etc...), deux principes nouveaux d’éducation, absolument
opposés à ceux de l’apprentissage uniquement manuel des corporations, entraient donc
dans l’enseignement : la théorie du Beau absolu dont on cherchait à déterminer les lois
en analysant, mensurant, copiant les statues antiques découvertes en Italie, et l’Huma-
nisme auquel, unanimement, on attribuait la prééminence des artistes italiens.
Mais, malgré leur séduction et leur nouveauté, ces principes et théories n’auraient
pas eu longue vie, s’ils n’avaient eu pour complément un tout autre mode de travail que la
formation d’un ou deux apprentis isolés dans la boutique d’un maître-artisan : le travail en
commun devant le modèle vivant d’élèves nombreux, groupés autour d’un maître renommé
du « grand dessin », dans des ateliers analogues à ceux des Académies que Léonard et plus
tard les Carrache avaient fondés en Italie. La comparaison des statues antiques avec la
nature nécessitait l’étude du nu autant que les sujets nouveaux de la mythologie et
de l’histoire ancienne. Aussi est-ce à son 'É.cole d'après le naturel que l’Académie libre de
peinture et de sculpture, fondée par Lebrun à son retour d’Italie, dut l’essentiel de son
succès auprès de la jeunesse. Pareil ordre d’études répondait en effet à l’attraction de la
réalité qui caractérise l’art français depuis ses plus humbles origines. On en aperçoit déjà
les traces dans les balbutiements des moines ymagiers du haut Moyen Age « à genoux
devant la nature ». Les productions de nos xne, xine, xive siècles ne marquent-elles pas
cette continuelle poussée du réalisme.
En libérant les jeunes artistes des préjugés contre le nu, en leur donnant le moyen
d’étudier sans contraintes, Lebrun et ses douze « Anciens » ne se doutaient pas, qu’au fond,
ils réalisaient les aspirations les plus ardentes et les plus secrètes de leurs ancêtres romans
et gothiques, pour lesquels ils n’avaient que mépris. Et Louis XIV et Colbert, en reconnais-
sant officiellement l’Ecole du Modèle, en accordant à la seule Académie le droit exclusif
d’enseigner, ne faisaient que consacrer une situation de fait. Et ils ne rompaient pas, autant
qu’on le croyait, avec le passé, même le plus lointain.
L’actuelle Ecole des Beaux-Arts descend en droite ligne de cette École-Académie
fondée en 1648. Dans cinq ans, elle fêtera son troisième centenaire. Jetant alors objective-

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