Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0152
DOI Heft:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI Artikel:Portrait d'artistes
DOI Artikel:Denis, Maurice: Jacques-Émile Blanche
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0152
PORTRAIT D’ARTISTE
à l’influence de Whistler, de John Sargent; et,
sautant pat-dessus la génération des Préraphaé-
lites, il avait aimé les grands portraitistes an-
glais de la période géorgienne. Il s’était lié avec
Walter Sickert, avec Helleu; il avait pris part
aux expositions de la Société Nouvelle chez
Georges Petit, en même temps que Cottet,
Ménard, Henri Martin, Le Sidaner, Simon; il était
resté en marge des Salons officiels, sans cependant
« quitter le refuge », comme disait Degas, le
sage « refuge » que lui assurait sa première for-
mation picturale.
L’évolution de son insatiable et capri-
cieuse curiosité l’avait finalement conduit à
s’intéresser passionnément, mais dans l’abstrait,
à toutes les tendances nouvelles, d’abord à
Renoir, à Manet, et enfin à Matisse et à Picasso,
comme en musique à Debussy, à Stravinsky, aux
Six. Ses préférences toutefois s’affirmaient dans
Portrait de Mme Germain.
(Musée National d’Art Moderne.)
(Photo du Musée.)
Portrait de Maeterlinck.
(Musée des Beaux-Arts de Rouen.)
les choix du collectionneur, dont le goût très
sûr avait distingué Corot, Manet, Renoir, et
n’avait guère dépassé l’impressionnisme.
En littérature, il avait été l’ami de Barrés,
de Proust, de Valéry, de George Moore, de
Thomas Hardy, comme plus tard de Mauriac,
de Morand, de Virginia Woolf et d’Aldous
Huxley.
La sincérité paradoxale, et j’ose dire
insolente, qu’il apportait dans ses amours et
dans ses haines, son implacable mémoire et la
fidélité à ses origines et à son milieu, lui cons-
tituent une originalité assez analogue à celle de
Marcel Proust, son ami. C’est toujours le mo-
raliste, le psychologue, ou le psychiatre, apte à
tout comprendre, qui, joignant les qualités du
clinicien et de l’historien à celles du peintre,
s’efforce dans ses portraits ou dans ses livres à
déchiffrer les personnalités contemporaines, à
130
à l’influence de Whistler, de John Sargent; et,
sautant pat-dessus la génération des Préraphaé-
lites, il avait aimé les grands portraitistes an-
glais de la période géorgienne. Il s’était lié avec
Walter Sickert, avec Helleu; il avait pris part
aux expositions de la Société Nouvelle chez
Georges Petit, en même temps que Cottet,
Ménard, Henri Martin, Le Sidaner, Simon; il était
resté en marge des Salons officiels, sans cependant
« quitter le refuge », comme disait Degas, le
sage « refuge » que lui assurait sa première for-
mation picturale.
L’évolution de son insatiable et capri-
cieuse curiosité l’avait finalement conduit à
s’intéresser passionnément, mais dans l’abstrait,
à toutes les tendances nouvelles, d’abord à
Renoir, à Manet, et enfin à Matisse et à Picasso,
comme en musique à Debussy, à Stravinsky, aux
Six. Ses préférences toutefois s’affirmaient dans
Portrait de Mme Germain.
(Musée National d’Art Moderne.)
(Photo du Musée.)
Portrait de Maeterlinck.
(Musée des Beaux-Arts de Rouen.)
les choix du collectionneur, dont le goût très
sûr avait distingué Corot, Manet, Renoir, et
n’avait guère dépassé l’impressionnisme.
En littérature, il avait été l’ami de Barrés,
de Proust, de Valéry, de George Moore, de
Thomas Hardy, comme plus tard de Mauriac,
de Morand, de Virginia Woolf et d’Aldous
Huxley.
La sincérité paradoxale, et j’ose dire
insolente, qu’il apportait dans ses amours et
dans ses haines, son implacable mémoire et la
fidélité à ses origines et à son milieu, lui cons-
tituent une originalité assez analogue à celle de
Marcel Proust, son ami. C’est toujours le mo-
raliste, le psychologue, ou le psychiatre, apte à
tout comprendre, qui, joignant les qualités du
clinicien et de l’historien à celles du peintre,
s’efforce dans ses portraits ou dans ses livres à
déchiffrer les personnalités contemporaines, à
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