Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0156
DOI Heft:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI Artikel:Portrait d'artistes
DOI Artikel:Denis, Maurice: Jacques-Émile Blanche
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0156
PORTRAIT D’ARTISTE
qu’il était le seul parmi les peintres d’aujourd’hui capable d’enlever en une séance une
esquisse de portrait, avec des accents justes, de l’esprit, de l’imprévu, et de poursuivre dans
le tableau fait la vérité de l’ébauche; d’exprimer simplement, sans fignolages, sans artifices
d’éclairage, la ressemblance intime, le vrai caractère d’un Gide, d’un Claudel, d’un Rodin,
d’un Debussy, d’Hélène Vacaresco ou de Mme Henri Germain; capable encore de dramatiser
de telles images comme il l’a fait dans les Scènes de la dévolution espagnole exposées au Salon
de 1938 — sa dernière exposition —, ou de les doter d’un sentiment collectif comme dans
le tableau commémoratif des Morts de la guerre à l’église d’Offran ville; d’affirmer ses qualités
d’œil et la maîtrise de son métier dans des bouquets de fleurs splendides ; de montrer enfin
un sens aigu de la vie moderne dans d’innombrables instantanés de la rue, de Paris ou de
Londres, de champs de courses, de plages normandes; et d’être un peintre original et neuf
de la réalité ?
Il est impossible de nier l’intérêt historique d’une collection de portraits comme celle
dont Jacques-E. Blanche a fait don au Musée de Rouen. C’est le Panthéon d’une époque.
On ne connaîtra bien la société d’aujourd’hui que si l’on interroge les traits et les attitudes
des personnalités de notre temps, telles que les a vues, en surface et en profondeur, le petit-
fils du docteur Esprit Sylvestre, le fils du docteur Emile Blanche, peintre psychologue,
héritier de leurs réflexes. H n’est que juste de reconnaître, à sa gloire, qu’il a su peindre
ce qu’il voyait, le vrai visage de ses contemporains, et le bien peindre sans accuser ailleurs
que dans ses livres l’inquiétude du peintre, car c’est à cette inquiétude que se mesurent
l’idéal de l’homme, la sûreté de son jugement, la qualité de son talent.
Maurice DENIS,
de P Institut.
(Photo Allié.)
Scène de la dévolution espagnole.
D4
qu’il était le seul parmi les peintres d’aujourd’hui capable d’enlever en une séance une
esquisse de portrait, avec des accents justes, de l’esprit, de l’imprévu, et de poursuivre dans
le tableau fait la vérité de l’ébauche; d’exprimer simplement, sans fignolages, sans artifices
d’éclairage, la ressemblance intime, le vrai caractère d’un Gide, d’un Claudel, d’un Rodin,
d’un Debussy, d’Hélène Vacaresco ou de Mme Henri Germain; capable encore de dramatiser
de telles images comme il l’a fait dans les Scènes de la dévolution espagnole exposées au Salon
de 1938 — sa dernière exposition —, ou de les doter d’un sentiment collectif comme dans
le tableau commémoratif des Morts de la guerre à l’église d’Offran ville; d’affirmer ses qualités
d’œil et la maîtrise de son métier dans des bouquets de fleurs splendides ; de montrer enfin
un sens aigu de la vie moderne dans d’innombrables instantanés de la rue, de Paris ou de
Londres, de champs de courses, de plages normandes; et d’être un peintre original et neuf
de la réalité ?
Il est impossible de nier l’intérêt historique d’une collection de portraits comme celle
dont Jacques-E. Blanche a fait don au Musée de Rouen. C’est le Panthéon d’une époque.
On ne connaîtra bien la société d’aujourd’hui que si l’on interroge les traits et les attitudes
des personnalités de notre temps, telles que les a vues, en surface et en profondeur, le petit-
fils du docteur Esprit Sylvestre, le fils du docteur Emile Blanche, peintre psychologue,
héritier de leurs réflexes. H n’est que juste de reconnaître, à sa gloire, qu’il a su peindre
ce qu’il voyait, le vrai visage de ses contemporains, et le bien peindre sans accuser ailleurs
que dans ses livres l’inquiétude du peintre, car c’est à cette inquiétude que se mesurent
l’idéal de l’homme, la sûreté de son jugement, la qualité de son talent.
Maurice DENIS,
de P Institut.
(Photo Allié.)
Scène de la dévolution espagnole.
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