Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
Zitieren dieser Seite
Bitte zitieren Sie diese Seite, indem Sie folgende Adresse (URL)/folgende DOI benutzen:
https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0169
DOI Heft:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI Artikel:Les théatres subventionnés
DOI Artikel:Nepveu-Degas, Jean: "La reine morte": a la comédie-franc̨aise
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0169
« LA REINE MORTE » A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
exigeant tout de l’homme pour elle-même, et par là son ennemie. Mais au fond, par son
âpre courage et sa dure volonté de vivre, s’étant peut-être acquis la secrète amitié de l’auteur.
Ainsi, derrière l’action du drame, au lieu d’une succession de gestes gratuits, se
reconstituait, à travers la sensibilité et l’inspiration propres à M. de Montherlant, un engrène-
ment logique et psychologiquement vrai de décisions et de réactions mutuelles. Composite
par la diversité des lieux et l’extension de l’action dans le temps, le drame devient classique
par un de ses aspects : la densité et la nécessité du discours. La pièce est jalonnée par 'de
grandes scènes qui mettent en présence les protagonistes, et au cours desquelles chacun d’eux
va au fond de ses différences. Ainsi un dialogue entre le Roi et Don Pedro anime-t-il un thème
fréquent lui aussi dans l’œuvre de M. de Montherlant : celui qu’exposait dans Service Inutile
la « Lettre d’un Père à son fils », celui que le roman non publié des Garçons traitait peut-être,
celui qui inspirera sans doute le prochain ouvrage annoncé par l’auteur : Père et Fils. Dans
la Reine Morte les scènes d’articulation sont rates et toujours caractéristiques encore, intro-
duisant aux scènes capitales qui se commandent et se répondent entre elles. Cependant,
la seconde partie du drame marque comme une suspension de l’action : un grand débat la
remplit jusqu’aux approches de sa fin : une sorte de monologue s’y établit, qui reprend,
à travers la lucide vision du Roi, tous les grands thèmes de l’œuvre. Et puis, brusquement,
l’action se dénoue d’un seul coup, en un crépitement de déterminations et de gestes sans
147
exigeant tout de l’homme pour elle-même, et par là son ennemie. Mais au fond, par son
âpre courage et sa dure volonté de vivre, s’étant peut-être acquis la secrète amitié de l’auteur.
Ainsi, derrière l’action du drame, au lieu d’une succession de gestes gratuits, se
reconstituait, à travers la sensibilité et l’inspiration propres à M. de Montherlant, un engrène-
ment logique et psychologiquement vrai de décisions et de réactions mutuelles. Composite
par la diversité des lieux et l’extension de l’action dans le temps, le drame devient classique
par un de ses aspects : la densité et la nécessité du discours. La pièce est jalonnée par 'de
grandes scènes qui mettent en présence les protagonistes, et au cours desquelles chacun d’eux
va au fond de ses différences. Ainsi un dialogue entre le Roi et Don Pedro anime-t-il un thème
fréquent lui aussi dans l’œuvre de M. de Montherlant : celui qu’exposait dans Service Inutile
la « Lettre d’un Père à son fils », celui que le roman non publié des Garçons traitait peut-être,
celui qui inspirera sans doute le prochain ouvrage annoncé par l’auteur : Père et Fils. Dans
la Reine Morte les scènes d’articulation sont rates et toujours caractéristiques encore, intro-
duisant aux scènes capitales qui se commandent et se répondent entre elles. Cependant,
la seconde partie du drame marque comme une suspension de l’action : un grand débat la
remplit jusqu’aux approches de sa fin : une sorte de monologue s’y établit, qui reprend,
à travers la lucide vision du Roi, tous les grands thèmes de l’œuvre. Et puis, brusquement,
l’action se dénoue d’un seul coup, en un crépitement de déterminations et de gestes sans
147