Revue des beaux-arts de France (Nr. 1-6.1942/1943)

LES THÉÂTRES SUBVENTIONNÉS
pardon. Et la pièce s’achève comme Hamlet sur une jonchée de cadavres, mais aussi par
une royauté posthume. « Régner après la mort », telle eût été la traduction la plus fidèle du
titre de Guevara. Ici c’est la Mort elle-même qui va régner, par quoi se résolvent toutes les
contradictions humaines.

Voici la pièce achevée. L’auteur l’apporte à M. Vaudoyer. Et le Comité de Lecture
de la Comédie-Française propose bientôt à l’Administrateur, par un vote unanime, de
l’admettre à la représentation. Elle appartient dès lors à la vie si particulière du théâtre, et

Décor de Roland Oudot pour le ze acte du 2e tableau.


c’est dans son passage du texte écrit au dialogue parlé que nous allons essayer de la suivre.
Avant qu’elle ne soit offerte au public, deux intercesseurs vont jouer un rôle déterminant
dans sa métamorphose : le metteur en scène et le peintre chargé des décors et des costumes.
L’un sera M. Pierre Dux, comédien jeune, artiste cultivé à qui l’on doit déjà chez Molière
nombre d’importantes et heureuses réalisations auxquelles il se plaît à associer le nom de
M. René Mathis, l’actif et compréhensif Directeur de la scène, qui le secondera à nouveau
dans cette occasion. Le peintre sera M. Roland Oudot, un de ceux qui font le plus d’honneur,
dans sa génération, à l’Ecole française contemporaine. Est-ce à cause de sa palette à la fois
sonore et contenue, des contrastes de valeurs auxquels il se plaît, qu’il a été choisi pour
évoquer l’atmosphère âpre et chaleureuse d’un Portugal demi-légendaire ? Ou si c’est
parce qu’il s’est plu souvent à faire vivre des images dans les marges des vieux drames
shakespeariens qu’on lui a confié d’animer cette œuvre à la fois rapide et violente ?

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