DOI Heft:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI Artikel:Enseignement musical
DOI Artikel:Vuillermoz, Émile: Les premières manifestations des "Jeunesses musicales de France"
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0176
ENSEIGNEMENT MUSICAL
(Photo Seeberger.)
Réception du Comité Directeur des « Jeunesses Musicales
au cours d’une représentation à l’Opéra.
l’enraciner dans l’esprit public. Les programmes d’études paraissent avoir banni la culture
musicale des préoccupations de nos éducateurs. Et les timides concessions qu’on commence
à faire aux musiciens — en réservant, d’ailleurs, aux jeunes filles un progrès qui ne devrait pas
être refusé aux jeunes gens —sont nettement insuffisantes pour faire cesser l’état d’humiliante
infériorité dans lequel la France se trouve en face des autres nations qui vivent dans l’in-
timité des chefs-d’œuvre.
Je ne parle pas ici en musicien qui déplore une telle indifférence à l’égard d’une
source de nobles jouissances et de plaisirs élevés : la question est d’ordre plus général. La
musique — et tout particulièrement la musique d’ensemble, l’orchestre et le chant choral —
est une école d’ordre, de logique, d’équilibre et de discipline. Philosophiquement, c’est une
technique pédagogique extrêmement précieuse, dont les Sages de la Chine antique ont souligné
la rare efficacité morale et sociale et dont nous avons eu grand tort de nous appauvrir. Les
bâtisseurs anonymes d’une cathédrale sonore s’enrichissent des plus utiles vertus : l’obéissance
librement consentie, la modestie, l’abnégation et le sentiment de la solidarité dans le travail.
Comparez la qualité de pareilles acquisitions au dangereux et égoïste « esprit de championnat »,
U4
(Photo Seeberger.)
Réception du Comité Directeur des « Jeunesses Musicales
au cours d’une représentation à l’Opéra.
l’enraciner dans l’esprit public. Les programmes d’études paraissent avoir banni la culture
musicale des préoccupations de nos éducateurs. Et les timides concessions qu’on commence
à faire aux musiciens — en réservant, d’ailleurs, aux jeunes filles un progrès qui ne devrait pas
être refusé aux jeunes gens —sont nettement insuffisantes pour faire cesser l’état d’humiliante
infériorité dans lequel la France se trouve en face des autres nations qui vivent dans l’in-
timité des chefs-d’œuvre.
Je ne parle pas ici en musicien qui déplore une telle indifférence à l’égard d’une
source de nobles jouissances et de plaisirs élevés : la question est d’ordre plus général. La
musique — et tout particulièrement la musique d’ensemble, l’orchestre et le chant choral —
est une école d’ordre, de logique, d’équilibre et de discipline. Philosophiquement, c’est une
technique pédagogique extrêmement précieuse, dont les Sages de la Chine antique ont souligné
la rare efficacité morale et sociale et dont nous avons eu grand tort de nous appauvrir. Les
bâtisseurs anonymes d’une cathédrale sonore s’enrichissent des plus utiles vertus : l’obéissance
librement consentie, la modestie, l’abnégation et le sentiment de la solidarité dans le travail.
Comparez la qualité de pareilles acquisitions au dangereux et égoïste « esprit de championnat »,
U4