Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

DOI Heft:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI Artikel:
Les manufactures nationales
DOI Artikel:
Janneau, Guillaume: La réhabilitation des colorants naturels dans la tapisserie
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0184

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES MANUFACTURES NATIONALES

jamais dépasser les limites de la palette du teinturier en couleurs solides, si l’on ne veut
courir la chance de voir ces magnifiques produits perdre, après quelques années de leur
exposition, une grande partie de leur fraîcheur et toute leur harmonie. »
On sait combien vains furent ces rappels à la raison. Le xixe siècle y fut systémati-
quement sourd. Non seulement la tapisserie développa l’emploi des petits teints que, jus-
qu’au second Empire, le teinturier tira
des colorants naturels, mais elle s’avisa
d’exploiter les colorants synthétiques
élaborés en laboratoire. On a fait, géné-
ralement à faux, le procès de ces der-
niers, en leur attribuant précisément le
vice qu’ils n’ont pas. Les colorants syn-
thétiques ne sont nullement fragiles. Ils
sont même beaucoup plus stables que
les petits teints naturels et même que
certains grands teints. Mais ils évoluent
tout autrement. Après plusieurs années
d’exposition, un brun d’alizarine reste
brun. Mais il a perdu tout son feu, toute
sa vivacité, toute sa pureté; il est terne,
fade, creux. Au contraire, après le même
temps d’épreuve, un brun de garance
naturel, s’il a quelque peu pâli, a con-
servé sa qualité fine et franche; un jaune
de gaude s’est très éclairci, mais sa fraî-
cheur demeure exquise; un rouge de
cochenille est testé frais et pur; et l’in-
digo naturel, non seulement n’a point
pâli, mais a pris de l’intensité, de l’éclat
et de la puissance en s’exaltant à la
lumière. Quant aux tons composés, tous
restent beaux, tous gardent leur harmonie, même s’ils perdent une quantité perceptible
de l’un des tons qui les composent. Il ne s’agit donc pas d’exiger de la tapisserie une
soumission passive à certains progrès industriels ou scientifiques; il s’agit d’examiner si
ces progrès conviennent, ou non, aux besoins d’un art qui a ses lois particulières.
Celles de l’économie sont impérieuses. Aussi bien ont-elles été, pour une large part,
le mobile déterminant du retour, accompli dans nos manufactures nationales, à l’ancien

Modelé par hachures de la Carnation d’homme.
Fragment d’une bordure de la fin du xvne siècle.


162
 
Annotationen