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Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

DOI issue:
Nr. 3 (Février-Mars 1943)
DOI article:
Les manufactures nationales
DOI article:
Janneau, Guillaume: La réhabilitation des colorants naturels dans la tapisserie
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0187

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LES COLORANTS NATURELS ET LA TAPISSERIE


s’appliquent à nos tapisseries nouvelles, teintes selon l’ordonnance de Colbert. Le premier
monument de la réforme effectuée est la Terre, de Marcel Gromaire, commencée en 1938 ;
elle a demandé 92 tons réalisés sans approximation, et coûtant à peu près 100 francs, soit
9.200 francs; l’Asie, de Pierre Dubreuil, pièce très riche, en utilise 190, coûtant 19.000 francs;
par contre, la Bretagne, de Jean Bouchaud, œuvre que les Gobelins interprètent selon l’esprit
des hautes époques, n’emploie que 42 tons, et un carton de Maurice Savin, les Vendanges,
élaboré selon ces méthodes, n’en demandera que 22. D’ailleurs, il y a lieu d’observer qu’au-
cune réduction systématique de la palette n’est exigée des auteurs des cartons.
C’est le savant auquel on impute à l’ordinaire, très injustement, l’aggravation du mal,
Chevreul, directeur des teintures aux Gobelins de 1824 à 1889, qui l’a dénoncé dans les termes
les plus saisissants : reprochant aux lissiers l’honorable scrupule mais aussi la timidité qui
les portent à demander à l’atelier de teinture les tons exactement conformes à ceux de la
peinture qu’ils reproduisent —■ au lieu de l’interpréter — et qui leur épargnent en même
temps des difficultés et des responsabilités, le grand physicien concluait : « La tapisserie ne
pouvant triompher de la peinture ne doit point user son temps à lutter avec elle en cher-
chant à reproduire des détails et des effets pour lesquels elle n’est pas faite. La structure
cannelée, la forme filamenteuse de ses couleurs s’y opposent. Les ombres ne peuvent avoir
la vigueur des ombres d’une peinture à l’huile, ni ses clairs l’éclat des blancs de celle-ci.

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