DOI Heft:
Nr. 4 (Avril-Mai 1943)
DOI Artikel:La vie dans les musées
DOI Artikel:Vergnet-Ruiz, Jean: Au département des peintures: la donation Paul Jamot
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0241
LA DONATION PAUL JAMOT
(Photo Vizzavona.)
Corot. — Bretonnes à la fontaine.
Datée de 1859, la Messe de minuit à Rome (1) est un des morceaux les plus surprenants
de Carpeaux, alors élève de la villa Médicis ; il y manifeste de curieuses affinités avec Turner,
et avec Manet qu’il ignorait (il débuta seulement au Salon de 1861). Un étonnant effet de
lumière artificielle, un sens aigu d’évocation de la foule, font de ce nocturne un précieux
jalon de l’histoire de notre peinture. Chassériau, Chintreuil, Daubigny, Fantin-Latour,
Millet, sont représentés par de belles toiles typiques, tandis que Lépine éclate dans une
œuvre capitale, le port de Caen (2). Ce tableau de l’ancienne collection de M. Jamot le père
est le plus beau Lépine qu’on puisse voir, ardent, spirituel et tendre, d’une matière allègre
et forte émaillée de valeurs délicates, bruissant de lumière et de vie. Boudin n’atteint pas
souvent à ce mérite, Corot lui-même pas toujours. Un Ravier de 1840 n’est guère moins
attachant : le Jardin d’une villa romaine (3), plein de sérénité et d’harmonie classique, très
inattendu dans l’œuvre du pétrisseur de teintes de Morestel. La Neige (4), d’une époque (1875)
où les Gauguin, sont extrêmement rares, au charme réaliste, triste et presque obsédant,
est une des plus précieuses acquisitions du Louvre dans le legs. Il faut passer sur Puy, Laurent,
Degas (six beaux dessins), Dulac et beaucoup d’autres. Comment ne pas citer encore pourtant
(1) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° n. (5) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° 87.
(2) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° 76. (4) Musée d’art moderne. Catalogue Aulanier, n° 60.
205
(Photo Vizzavona.)
Corot. — Bretonnes à la fontaine.
Datée de 1859, la Messe de minuit à Rome (1) est un des morceaux les plus surprenants
de Carpeaux, alors élève de la villa Médicis ; il y manifeste de curieuses affinités avec Turner,
et avec Manet qu’il ignorait (il débuta seulement au Salon de 1861). Un étonnant effet de
lumière artificielle, un sens aigu d’évocation de la foule, font de ce nocturne un précieux
jalon de l’histoire de notre peinture. Chassériau, Chintreuil, Daubigny, Fantin-Latour,
Millet, sont représentés par de belles toiles typiques, tandis que Lépine éclate dans une
œuvre capitale, le port de Caen (2). Ce tableau de l’ancienne collection de M. Jamot le père
est le plus beau Lépine qu’on puisse voir, ardent, spirituel et tendre, d’une matière allègre
et forte émaillée de valeurs délicates, bruissant de lumière et de vie. Boudin n’atteint pas
souvent à ce mérite, Corot lui-même pas toujours. Un Ravier de 1840 n’est guère moins
attachant : le Jardin d’une villa romaine (3), plein de sérénité et d’harmonie classique, très
inattendu dans l’œuvre du pétrisseur de teintes de Morestel. La Neige (4), d’une époque (1875)
où les Gauguin, sont extrêmement rares, au charme réaliste, triste et presque obsédant,
est une des plus précieuses acquisitions du Louvre dans le legs. Il faut passer sur Puy, Laurent,
Degas (six beaux dessins), Dulac et beaucoup d’autres. Comment ne pas citer encore pourtant
(1) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° n. (5) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° 87.
(2) Musée du Louvre. Catalogue Aulanier, n° 76. (4) Musée d’art moderne. Catalogue Aulanier, n° 60.
205