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Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

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Nr. 5 (Juin-Juillet 1943)
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Portrait
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Vaudoyer, Jean Louis: Louis Metman
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0306

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PORTRAIT

(Service photographique du Musée des Arts Décoratifs.)

Une salle du Musée des Arts Décoratifs telle qu’elle était présentée
pour l’Exposition « le Décor de la Vie sous la IIIe République » (1933).

ments de ce cœur d’une qualité si rare, Louis Metman ne souhaitait point les laisser entendre ;
et il n’eût pas beaucoup toléré qu’on lui laissât sentir qu’on les avait entendus.
Je le revois, dans ses dehors d’homme du monde, avec ses manières si naturellement
élégantes, et cette courtoisie dont les raffinements d’urbanité, par l’éducation, par le tact
et par l’usage, étaient devenus « une seconde nature ». C’était aux premières années de ce
siècle, chez Raymond Kœchlin, son ami et mon cousin. Je n’avais guère plus de vingt ans,
et, « auditeur » à l’École du Louvre, je rêvais d’une vie toute vouée à l’art, aux musées. Ma
chance allait presque sur-le-champ faire de ce rêve une réalité. Dans ce salon du quai de
Béthune où Kœchlin, avec mille délicatesses soigneusement amoureuses, avait rassemblé
tant de discrètes merveilles, je fus présenté à Metman. Il voulut bien faire de moi le premier
« attaché libre » de ce musée des Arts Décoratifs, dont il était, depuis plusieurs années déjà,
le Conservateur, et qui, après maintes tribulations, venait, au pavillon de Marsan, de trouver
enfin son havre.
Il s’agissait d’organiser ce musée, dont toutes les richesses étaient les unes en caisses,
les autres en promesses, et dans un local que les architectes, les entrepreneurs et les ouvriers
ne se hâtaient pas d’évacuer. Années heureuses, années enchantées, où les franges du travail
s’entrelacaient dans les franges du jeu; où l’on courait d’étage en étage, de salle en salle,
de vitrine en vitrine, au bord de ces Tuileries parisiennes, au cœur desquelles le petit arc
de triomphe rose et blond vous invitait sournoisement à des songes romains !... Le milieu
le moins pédant, mais le plus
fervent ; le plus enthousiaste,
mais le plus équilibré; le plus
agissant, mais le plus désin-
téressé. Quelle harmonie !
Quelle gentillesse ! Quelle
sincérité et quelle simplicité
dans l’expression et dans l’ex-
pansion d’une foi commune !
A peu près chaque semaine,
sinon chaque jour, apportait
sa surprise : comme dans une
féerie, les dons succédaient
aux legs, les legs succédaient
aux dons. Je m’en souviens :
presque à la veille de l’ouver-
ture, qui se fit au mois de
mai de l’année 1905, il fallut
faire place à la collection


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