Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/​1943

DOI Heft:
Nr. 5 (Juin-Juillet 1943)
DOI Artikel:
L'art et le métier
DOI Artikel:
Janneau, Guillaume: L'artisanat des métiers d'art
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0335

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’ARTISANAT DES MÉTIERS D’ART
lois constantes du beau métier, tandis que d’autres les trahissent. A l’éducation du goût
et de la sensibilité doit donc s’ajouter, en concordance, celle de la raison critique.
L’un des reproches que, jusqu’à présent, l’on adressait avec sujet aux ouvrages arti-
sanaux était d’associer tous les procédés à la réalisation d’une même pièce, comme si elle
eût dû constituer un échantillonnage des habiletés du praticien. On voit des ferronneries
signées de noms connus, en lesquelles voisinent tous les moyens de soudure et d’agrafage :
il n’en résulte nullement un perfectionnement général de l’ouvrage, mais une extrême indé-
cision qui tient à celle du « parti ». L’artisan n’indique rien de ce qu’il a voulu faire, ne suit
aucun chemin droit, s’égare de tous côtés, n’exprime aucun principe et n’applique aucun
raisonnement logique. L’enseignement dispensé désormais à cet artisan ne saurait manquer
de corriger cette conception vicieuse. Il est de grande importance, non seulement pour-
la production contemporaine mais pour le recrutement des praticiens chargés d’entretenir
l’immense et précieux patrimoine architectural et mobilier français, que ce personnel de
techniciens exécutants soit nourri du rationalisme qui était la loi des vieux maîtres. Il est
de non moins grande considération que le service de l’Artisanat renouvelle et revivifie,
comme il s’y applique en effet, certains beaux métiers trop abandonnés : témoin la sculpture
ornementale et la ciselure du bronze. Il sait mieux que personne — ses enquêtes le lui ont
révélé — l’acuité du péril où certaines erreurs législatives ou réglementaires nous ont jetés ;
il n’y a plus d’apprentis parce que les patrons, sûrs de trouver naguère les ouvriers qualifiés
dont ils avaient besoin, ont négligé d’en assurer par eux-mêmes le recrutement futur.
Et spécialement, il n’y en a plus dans les métiers de
l’ornement, parce que d’autres erreurs, dues, celles-ci,
à l’orientation moderne du goût public vers l’extrême
sobriété, excluait le décor, moins parce que son
mérite artistique eût été contestable que parce qu’il
coûtait cher.
La conséquence de cette économie mal com-
prise a été brutale : s’agit-il d’un meuble ? nos artistes
créateurs font tous les frais, qui sont élevés, de la mise
au point de modèles souvent parfaits, toujours soi-
gnés. Leur bureau de dessin et leur atelier d’essai
vont amender une forme : à son aboutissement elle
sera pure, et son épiderme sera fait de quelque belle
essence bien veinée. On expose enfin l’œuvre, les
revues la publient. Il suffira d’en relever une mesure
pour en reconstituer exactement l’échelle. Et comme
les ateliers d’outre-Atlantique sont fort bien équipés, <Photo
ils ont tôt fait d’éditer en série, mais à moitié prix, les L’ébéniste.


287
19
 
Annotationen