Revue des beaux-arts de France — Nr. 1-6.1942/1943
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https://doi.org/10.11588/diglit.48495#0339
DOI Heft:
Nr. 5 (Juin-Juillet 1943)
DOI Artikel:L'art et le métier
DOI Artikel:Brunold, Paul: Le musée instrumental du conservatoire de musique
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LE MUSÉE INSTRUMENTAL DU CONSERVATOIRE
compréhension rencontrée auprès de M. Humeau, chef du
Service des Chantiers Intellectuels, cette équipe entra en
fonction le Ier mai 1942. En même temps M. Bernard Faÿ,
administrateur de la Bibliothèque Nationale, acceptait
de me détacher au Musée en qualité de Conseiller tech-
nique.
Je me mis au travail aussitôt, aidé de mon dévoué
auxiliaire Edmond Marc, avec le désir d’ouvrir le Musée au
public le plus rapidement possible, persuadé qu’une présen-
tation, même spectaculaire, était le seul moyen d’attirer sur
le Musée l’attention des pouvoirs publics et d’obtenir les
crédits nécessaires. D’un autre côté, nombreuses étaient les
demandes de visites, et ■ perpétuellement refuser semblait
déclarer le Musée mort. Pour procéder avec ordre, et sui-
vant la place libre, il fut décidé de choisir dans chaque classe
d’instruments les plus beaux spécimens et de les exposer.
Quelques vitrines avaient déjà été garnies par M. Jacques
Chailley : violons, altos, violes, violoncelles, guitares, harpes ;
elles formaient un fond sur lequel on pouvait bâtir soli-
dement. Actuellement 24 vitrines sont garnies d’instru-
ments. En plus, une collection d’épinettes, de clavicordes,
de clavecins (malheureusement pas les plus célèbres), de
tympanons, de pianos-forte, etc..., complètent l’ensemble.
Chaque instrument porte un cartel indiquant le nom de
l’instrument et celui du donateur.
Je cite rapidement les instruments qui s’imposent à
l’attention du visiteur : la splendide collection de Stradiva-
rius, soit cinq violons, dont celui qui a toujours servi à
Sarasate pour ses concerts, et deux pièces uniques du célèbre
luthier : un cistre d’une forme élégante, orné de ravissantes
Basse de Viole
de Zanetto (1547).
et fines sculptures, et une pochette-violon que Clapisson avait acquise et aimait tant qu’il
composa pour elle une gavotte qui fut jouée dans son opéra Les Trois Nicolas par le
violoniste Croisilles, avec un succès sans cesse renouvelé et dû à la sonorité particulière
de l’instrument, disent les journaux de l’époque; le Guarnerius del Gesu de Delphin
Alard, les violons de Rodolphe Kreutzer, de Viotti, d’Habeneck, des pochettes de
toutes les formes, des basses de viole (dont une de Zanetto 1547), des dessus, pardessus
de violes, violes d’amour, quintons, etc..., des archets, des guitares aux dos richement
marquetés de nacre, d’ivoire, d’écaille — l’une est faite d’une carapace de tortue, — mando-
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compréhension rencontrée auprès de M. Humeau, chef du
Service des Chantiers Intellectuels, cette équipe entra en
fonction le Ier mai 1942. En même temps M. Bernard Faÿ,
administrateur de la Bibliothèque Nationale, acceptait
de me détacher au Musée en qualité de Conseiller tech-
nique.
Je me mis au travail aussitôt, aidé de mon dévoué
auxiliaire Edmond Marc, avec le désir d’ouvrir le Musée au
public le plus rapidement possible, persuadé qu’une présen-
tation, même spectaculaire, était le seul moyen d’attirer sur
le Musée l’attention des pouvoirs publics et d’obtenir les
crédits nécessaires. D’un autre côté, nombreuses étaient les
demandes de visites, et ■ perpétuellement refuser semblait
déclarer le Musée mort. Pour procéder avec ordre, et sui-
vant la place libre, il fut décidé de choisir dans chaque classe
d’instruments les plus beaux spécimens et de les exposer.
Quelques vitrines avaient déjà été garnies par M. Jacques
Chailley : violons, altos, violes, violoncelles, guitares, harpes ;
elles formaient un fond sur lequel on pouvait bâtir soli-
dement. Actuellement 24 vitrines sont garnies d’instru-
ments. En plus, une collection d’épinettes, de clavicordes,
de clavecins (malheureusement pas les plus célèbres), de
tympanons, de pianos-forte, etc..., complètent l’ensemble.
Chaque instrument porte un cartel indiquant le nom de
l’instrument et celui du donateur.
Je cite rapidement les instruments qui s’imposent à
l’attention du visiteur : la splendide collection de Stradiva-
rius, soit cinq violons, dont celui qui a toujours servi à
Sarasate pour ses concerts, et deux pièces uniques du célèbre
luthier : un cistre d’une forme élégante, orné de ravissantes
Basse de Viole
de Zanetto (1547).
et fines sculptures, et une pochette-violon que Clapisson avait acquise et aimait tant qu’il
composa pour elle une gavotte qui fut jouée dans son opéra Les Trois Nicolas par le
violoniste Croisilles, avec un succès sans cesse renouvelé et dû à la sonorité particulière
de l’instrument, disent les journaux de l’époque; le Guarnerius del Gesu de Delphin
Alard, les violons de Rodolphe Kreutzer, de Viotti, d’Habeneck, des pochettes de
toutes les formes, des basses de viole (dont une de Zanetto 1547), des dessus, pardessus
de violes, violes d’amour, quintons, etc..., des archets, des guitares aux dos richement
marquetés de nacre, d’ivoire, d’écaille — l’une est faite d’une carapace de tortue, — mando-
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