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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Jouin, Henry: Antoine Coyzevox
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0060

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42

L’ART.

verte, une draperie hâtivement jetée couvre la poitrine. L’homme de travail est tout entier
dans ce vêtement sommaire. Le cou est d’un plébéien, les joues sont fortes. En retour, il y a
de la race dans l’ensemble du visage; le nez droit et fin, la bouche petite, l’ovale du menton
sans barbe, ayant au centre une fossette ; la chevelure abondante et bouclée, le sourcil régulier
dans sa courbe répandent une distinction sévère sur la face intelligente et reposée de Coyzevox.
Le front empreint de noblesse est d’un homme de pensée. Aucune ride qui atteste l’effort. Le
maître est vraiment en possession de soi. C’est un marbre autobiographique, naturel, simple,
vrai, qu’il a laissé de lui.

Cette image intime est d’un grand charme. Nous lui appliquerons le jugement dans lequel
Fermelhuis résume l’éloge de Coyzevox en lui empruntant ses propres paroles. Le maître, dit-il,
entendait être ce noble dans les objets qui demandaient de la dignité et fier dans les occasions
où il fallait exprimer la force ». Apparemment ces grandes facultés étaient siennes, car elles sont
écrites avec un art élevé sur le marbre vigoureux, grave et sobre du statuaire.

En 1690, Nicolas Coustou, neveu et élève de Coyzevox, épouse Suzanne Houasse, fille du
peintre d’histoire et académicien. C’est Coyzevox qui a ménagé cette union : à l’heure où se
préparait l’alliance de Nicolas Coustou avec Suzanne Houasse, les deux académiciens, le sculpteur
et le peintre se rencontraient fréquemment chez François Jouvenet, chargé d’exécuter leurs portraits
pour son « morceau de réception ». Qu’est devenu le portrait de Coyzevox par Jouvenet?

Le 24 juillet 1702, l’Académie élut Coyzevox directeur, à la place de Charles de La Fosse.
Le maître remplit cette charge jusqu’au 3o juin 1705 où Jean Jouvenet lui succéda. Durant cette
période il prit part à tous les actes de l’Académie.

L’une de ses prérogatives étant d’indiquer aux candidats le sujet de leur morceau de réception,
il emprunta de préférence ses tableaux à la légende d’Hercule, comme si l’expression de la force
lui eut semblé une sauvegarde pour notre école.

Avait-il le pressentiment du siècle de Watteau? A Nicolas Bertin, il demande un Prométhée
délivré par Hercule; à Sarrabat, Hercule délivrant Hésione; à Jacques Cazes, le Combat d’Her-
cule et d’Achéloüs; au sculpteur De Fer, Hercule enchaînant Cerbère. 11 dictera de même la
composition que doivent exécuter Van Schuppen, Pierre Saint-Yves, Du Lin, Gaspard Du Change.
Il reçoit le serment de Poirier, Jean-Louis Le Moyne, son élève, Henri Favannes, Étienne
Régnault, Antoine Monnoyer. Nicolas Belle s’étant présenté pour être reçu académicien sur les
portraits de Mazeline et de De Troy, l’Académie, par une attention qui ne dut pas échapper à
Coyzevox, demande à Belle de peindre le portrait de Lerambert dont Coyzevox, on le sait, avait
été l’élève.

Pierre Drevet et Jean Audran, deux Lyonnais, sont agréés par l’Académie sous le directorat
de leur compatriote. Le morceau de réception d’Audran est le portrait de Coyzevox.

Vivien, Papelard et Allou firent encore le portrait du statuaire sur l’ordre de l’Académie.
Ces effigies se sont perdues et nous ne saurions dire quel fut leur mérite.

Le portrait tracé de la main de d’Argenville est connu.

« Coyzevox, dit-il, était fort généreux et charitable, assidu aux exercices de la religion et
exact à en remplir les devoirs. » Fermelhuis ajoute : « Quoiqu’il considérât son travail ordinaire
comme un moyen de s’acquitter de quelque chose envers Dieu, il lui demandait la grâce de le
mieux servir que ceux qui n’étaient capables de lui donner que des récompenses périssables. »
Le même biographe nous apprend qu’il eut à supporter de dures souffrances pendant près d'une
année. Sa patience ne fut pas vaincue par l’épreuve. Il accepta la douleur comme une envoyée
de la Providence. Lorsqu’il se croyait seul, dit encore le témoin de sa vie, on le surprenait
murmurant cette prière : « Quel bonheur pour un pécheur comme moi, Seigneur, que vous lui
accordiez la grâce des souffrances pour expier une partie de ses égarements par un faible sacrifice!
Mais j’ai besoin, pour vous le rendre agréable, d’une grâce victorieuse, qui est celle de la patience
et de la persévérance; car, pour mes douleurs, je les ai méritées comme un châtiment qui était
dû à mes fautes ; mais la patience que j'implore de votre bonté est une faveur gratuite que je
n’ai point gagnée. »
 
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