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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0078

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LES MAJOLIQUES ITALIENNES EN ITALIE1

(suite)

PAVIE

Nous n’espérions nullement rencontrer à Pavie un grand
nombre de majoliques intéressantes, ni surtout des pièces de
fabrication locale : qui irait chercher des pièces d’Urbino à
Urbino même serait très désappointé ; les faïences étant faci-
lement transportables, ce n’est pas dans les villes où on les a
fabriquées qu’il faut les étudier. Nous n’allions donc guère à
Pavie que pour voir les bacini qui décorent plusieurs des égli-
ses de cette ville. Grande a donc été notre surprise quand
nous nous sommes trouvé en face de nombreux fragments très
précieux pour l’histoire de la fabrication des poteries dites
à la Castellana ; qu’on nous passe cette dénomination très im-
propre ici, puisqu’il ne s’agit que de produits de Pavie, mais
qui a du moins l’avantage de suppléer à de longues explica-
tions. Nous ne croyons pas inutile d’ajouter que nous devons
tous les renseignements qui vont suivre à M. le chevalier
Brambilla et à M. Reale, conservateur de la Pinacothèque, qui,
avec une obligeance extrême, nous ont fait les honneurs de
leurs propres collections et du Musée communal.

Les deux pièces les plus anciennes que nous ayons trouvées
font partie de la collection Brambilla. Ce sont deux plats de la
fin du xv° siècle, en terre rouge recouverte d’une engobe
blanche ; l’un offre au centre un médaillon représentant un
buste d’homme de profil, à longs cheveux et coiffé d’une toque;
autour du médaillon sont deux bordures concentriques de
rinceaux ; sur l’autre, se voient également dans un médaillon
deux bustes de femme de profil, superposés, le tout entouré
de rinceaux. Ces pièces sont lavées de vert, de bleu, de brun
et vernies ; le revers est recouvert d’engobe. A la même fabri-
cation appartiennent deux écuelles décorées de zigzags réservés
en blanc et lavés des mêmes teintes.

M. le chevalier Brambilla a recueilli ces pièces à Pavie
même; mais ce qui établit encore mieux leur provenance ce
sont les nombreux fragments qu’il possède, quelques-uns
n’ayant pas encore reçu de vernis, qui ont été trouvés dans le
sol même de la ville, en même temps qu’un de ces supports
triangulaires dits « pattes de coq » dont les potiers se servaient
pour disposer les pièces dans le four.

Parmi ces fragments nous ne citerons que les plus intéres-
sants : l’un d’eux, fragment de plat tout à fait analogue à ceux
que nous venons de décrire, porte une inscription incomplète

en lettres capitales où l’on lit : LERO.Un autre (collection

Reale) offre une tête de profil grossièrement dessinée ; un autre
une crosse ; un autre le monogramme de Jésus ainsi dessiné :

/tsAj3

Ces derniers fragments ne sont pas vernis. Ils proviennent
sans doute de pièces défectueuses ou brisées à la cuisson.
Cette fabrication a duré jusqu’à la fin du xvnc siècle, comme
le prouvent plusieurs pièces que nous décrirons plus bas,
peut-être même jusqu’au XVIIIe. Mais il paraîtrait que dès le
XVIIe siècle, à Pavie, on ne fit plus que des pièces moriochromes,
vertes ou brunes, au lieu de laver l’engobe blanche, assez
grossièrement du reste, de plusieurs teintes comme on le faisait
au xvc et au xvic siècle. — Il faut avouer que ces pièces de la
décadence, sauf de rares exceptions, sont d’une facture très
barbare ; c’est de la poterie du genre le plus commun. A cette
fabrication appartiennent trois pièces de la collection Reale,
une bouteille à long col, une gourde, et un de ces pots à large

panse et à ouverture trilobée de la forme de ceux dont on se
sert encore en Italie pour mesurer le vin. Sur la panse de la
bouteille sont grossièrement gravés, d’un côté un chasseur qui
vise avec un fusil un oiseau perché sur un arbre, de l’autre un
vaisseau ; les deux autres pièces sont couvertes de rinceaux
exécutés de la même manière ; ces trois pièces sont revêtues
d’un vernis vert sombre ou jaune.

Les produits les plus intéressants et en même temps les
plus artistiques, s’il est permis d’employer cette épithète poul-
ies désigner, datent de la dernière partie du xvne siècle. Ce
sont des plats ornés de gravures représentant des rinceaux ou
des fleurs et portant des devises. Beaucoup de ces plats portent
le nom d’une famille de Pavie, la famille Cuzio. On peut voir
des échantillons de cette fabrication au South Kensington
Muséum (Cat. Fortnum, p. 78), au musée de Cluny et au
musée du Louvre. Nous en avons vu un certain nombre
d’autres et peut-être, en réunissant les divers renseignements
qu’ils nous fournissent , est - il possible d’éclaircir cette
question.

M. Fortnum et M. Genolini pensent que la famille Cuzio
n’a point dirigé une fabrique de poteries. Les échantillons qui
portent son nom seraient les pièces d’un même service qui
auraient été fabriquées par les membres de la famille pour
faire des cadeaux. M. Genolini a rassemblé un certain nombre
de renseignements sur cette famille. 11 nous apprend qu’An-
tonio Maria Cuzio dont le nom figure sur des plats naquit en
i632 de Giacomo Cuzio et d’Anna Lucia Maggi ; il devint
prêtre en 1653 ; il vivait encore en 1695, comme l’indique un
des plats que nous allons décrire. Mais Antonio Maria n’est
pas le seul à avoir signé des poteries ; nous trouvons aussi
Giovanni Antonio Barnaba Cuzio dont le nom se voit sur
une des pièces que nous avons vues à Pavie. Si l’on admettait
l’hypothèse de M. Fortnum et de M. Genolini, l’amour de la
céramique aurait été poussé fort loin dans la famille Cuzio et
deux protonotaires apostoliques n’auraient pas dédaigné de
faire concurrence à des potiers de profession. M. Genolini va
même plus loin ; il tire un argument en faveur de son hypo-
thèse de l’imperfection de ces pièces ; ce serait suivant lui de
la poterie d’amateur. Cela est bien invraisemblable. D’ailleurs
il ne faut pas oublier que chaque métier avait à cette époque
ses privilèges et que l’on ne fabriquait pas de la poterie,
même la plus grossière, comme bon vous semblait. Quant à
être imparfaites, les poteries des Cuzio ne le sont ni plus ni
moins que les autres de la même époque ; c’est de la vaisselle
destinée à un usage quotidien, voilà tout. Nous pensons donc
que le nom des Cuzio est à ajouter à ceux des fabricants de
Pavie, si tant est que le nom de quelques-uns de ceux-ci soit
connu, ce que nous ignorons encore. Car on ne peut ranger
parmi les potiers de Pavie Giorgio de Gubbio, qui, bien
qu’originaire de cette ville, ne paraît pas y avoir travaillé.

Dans tous les cas, voici, par ordre chronologique, la
description des pièces qui nous sont connues :

i° Plat orné de feuillages. Légende :

YOANNES ANTONIVS BARNABAS CVTIVS PA-
PIÆNSIS. ANNO DOMINI 1676. DIE VNDECIMA
IVNY.

La date « 11 juny 1676 » est répétée six fois sur l’extrémité
des feuilles rangées autour du plat. (Collection Brambilla.)

20 Grand plat. Sur la face l’inscription :

PRESBITER ANTONIVS MARIA CVTIVS PAPIENSIS
PROTHONOTARIVS APOSTOLICVS FECIT. 1688.

1. Voir l’Art, Se année, tome III, page 100.
 
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