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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Colvin, Sidney: Lucas de Leyde
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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0172

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138

L’ART.

au moins jusqu’à l’époque où il se laissa entraîner par la manie italienne, — de cet attrait que
donne la naïve recherche de la vérité. Honnête, loyal, profondément sincère et convaincu, Lucas
de Leyde réussit non seulement à tailler les ombres et à nuancer les arrière-plans dans ses
estampes avec une délicatesse jusqu’alors inconnue; il déploie aussi des scènes de la vie humaine
qui vous saisissent non seulement par le réalisme scrupuleux des costumes et des détails, mais
aussi par l'expression vivante et par les gestes naïvement émus des personnages. Ces qualités ne
peuvent être mieux manifestées que par l'estampe de David jouant de la harpe devant Saiïl,
dont la reproduction accompagne notre article.

SlDNEY COLVIN.

LES MAJOLIQUES ITALIENNES EN ITALIE1

(sui

PADOUE

Le musée de Padoue ne nous arrêtera pas longtemps.
Riche en peintures, il est assez pauvre en majoliques et ne
possède guère que cinq ou six pièces qui méritent d’être
signalées.

La fabrique de Padoue remonte au xve siècle, ainsi que le
prouve une des pièces du musée, et au xvie siècle elle est
mentionnée par Piccolpasso. La pièce la plus ancienne que
l’on puisse attribuer à cette fabrique se trouve au musée de
Padoue ; c’est un grand disque de 52 centimètres de diamètre sur
lequel est représentée la Vierge tenant l’enfant Jésus et assise
sur un trône à baldaquin ; à gauche on voit saint Roch et à
droite sainte Lucie. Aux pieds de la Vierge sont deux anges
accroupis et soutenant un écu en forme de testa di cavallo,
sur lequel sont figurés une couronne ouverte et un homme
nu, à mi-corps, une sorte de massue dans la main droite.

A droite et à gauche, sont deux autres enfants debout et son-
nant de la trompe. Dans le haut de la composition, deux anges
soutiennent une couronne au-dessus de la tête de la Vierge.
Enfin, au-dessus du baldaquin, dans un cartouche, se lit l’ins-
cription :

NICO

LETI

Le disque est bordé d’une moulure ornée de feuilles d’eau.
Tout le dessin est exécuté en sgraffîo; la terre est rouge foncé
et l’engobe d’un blanc jaunâtre. La robe de la Vierge est
légèrement lavée de bleu, les cheveux des anges et de l’enfant
Jésus de jaune. Lazari2 s’est fondé sur cette signature Nicoleti
pour attribuer le dessin de cette plaque, qui est excellent, à
Nicolo ou Nicoletto Pizzolo ; cela est assez vraisemblable et
suffirait à prouver l’origine padouane de cette pièce. Il n’est
du reste guère possible d’en douter, car d’après le même Lazari,
avant d’entrer au musée, cette plaque ornait à Padoue la façade
d’une maison de la via delle boccalarie, maison dans laquelle
on a trouvé des traces non équivoques de l’existence d’une
ancienne fabrique de poteries.

E)

A la même fabrication en sgraffio et peut-être à la même
époque se rattachent divers fragments de poteries découvertes
en 1878 et exposées dans les vitrines du Museo Civico; les or-
nements sont les mêmes que ceux que nous avons décrits
déjà soit en parlant des faïences du musée Brera, soit de celles
de Pavie : poissons entre-croisés, rinceaux, fleurs, zigzags, ou
médaillons où se voient des figures de profil. Là aussi nous
avons retrouvé quelques échantillons des pattes de coq em-
ployées par les potiers, mais d’une forme un peu différente de
celles des fabriques de Pavie.

En fait de pièces de la bonne époque des majoliques,
c’est-à-dire de la fin du xve et du commencement du xviu siècle,
nous n’avons à signaler qu’une seule pièce. C’est une plaque
j carrée que nous attribuons à Faenza, sur laquelle est peinte
la Déposition de la croix d’après Andrea Mantegna. Cette ma-
jolique est remarquable par son excellent dessin largement
traité en bleu foncé, les vêtements étant lavés en bleu et en
jaune clair, et le fond en vert. Il y a là un parti pris qui prouve
j que les potiers de Faenza étaient de véritables coloristes ; leur
mérite éclate surtout quand on les rapproche des majoliques
à personnages que l’on fabriqua à Urbino pendant tout le
xvi° siècle. Si les Faentins ne furent pas toujours des dessina-
teurs fort habiles (et la collection du musée Correr prouve qu’il y
a eu des exceptions), ils ne possédèrent pas du moins cet abomi-
nable dessin de pratique dont les Xanto et surtout les Fontana
ont usé et abusé. Si l’on excepte les pièces attribuées à Nicola
da Urbino dont quelques-unes sont véritablement des œuvres
d’art, on ne comprend pas bien la vogue qu’ont obtenue les
poncifs de ses successeurs, et ce que l’on comprend bien moins
! encore c’est le succès qu’obtiennent même aujourd’hui ces
produits de pure décadence.

Qu’on nous pardonne cette digression. Revenons mainte-
nant aux quelques pièces du Museo Civico qui valent la peine
d’être signalées. Commençons par Xanto. C’est à ce maître
que nous attribuerons un plat représentant le maître d’école
de Falérie et Camille ; le dessin est passable, le modelé traité en
bistre avec rehauts de blanc, les draperies jaunes et bleues. Au
fond, sur l’étendard qui flotte au-dessus d’une tente se voit
un X accompagné d’un petit o, monogramme qui peut passer
pour une signature. A l’école de Xanto nous attribuerons aussi
un plat daté de i5q2 représentant le roi Métabus sauvant Ca-
mille, plat dont le Louvre possède un exemplaire, et dont de
nombreuses répliques, avec ou sans variantes, se trouvent
dans presque toutes les collections; enfin un plat représentant
Daniel dans la fosse aux lions. Un ange tient par les cheveux
le prophète Abacuc qui lui apporte des petits pains placés dans

1. Voir l’Art, 8* année, tome III, page ioo, et tome IV, pages 58, 79 et 99.

2. Notifia delta raccolla, Correr, page 78.
 
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