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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0131

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LES MAJOLIQUES ITALIENNES EN ITALIE

(suite)

Il nous reste maintenant à parler de quelques pièces qui
ne sont pas à proprement parler des majoliques, mais qui pré-
sentent un réel intérêt pour l’histoire de la céramique italienne.
— C’est d’abord une assiette à larges bords, en terre rouge
recouverte d’un engobe d’un blanc jaunâtre, sur laquelle sont
gravés, au centre de la pièce, un dragon, et sur les bords
quatre poissons ; le revers porte un travail analogue ; le tout
est lavé de tons jaunes, verts et bruns et vernissé ; une autre
écuelle du même genre est également recouverte d’engobe à
l’extérieur tandis que deux autres n’ont reçu ce travail qu’à
l’intérieur. Ces pièces sont accompagnées d’une étiquette qui
les attribue à la Pçrse. Toutefois elles sont, croyons-nous,
complètement italiennes, et offrent un exemple de ce travail de
sgraffio usité partout en Italie de la fin du xv“ siècle au xvm®.
Nous en avons vu de nombreux exemples à Pavie, à Padoue,
à Bologne, à Florence. Dans ces deux dernières villes on peut
voir de nombreux vases à thériaque du xvnc et du xvm0 siècle
décorés d’après ce procédé. Il est fort probable que même
quand les majoliques devinrent communes, à la fin du xve et
au commencement du xvi° siècle, on conserva ce procédé de
décoration pour les poteries de la plus basse qualité et qu’on
continua à en faire un peu partout ; ce sont donc à propre-
ment parler des œuvres de potiers plutôt que des œuvres de
majolistes. Quant à attribuer ces pièces soit à Pavie, soit à
Castello, il serait peut-être téméraire de le faire. Il est certain
que Piccolpasso mentionne les potiers de Castello comme se
livrant à ce genre de fabrication, mais il ne faut pas oublier
que nous avons des produits de Pavie exécutés d’après ce
procédé et qui datent du xvne siècle. Toutefois il serait peut-
être possible d’attribuer à Castello, comme l’a fait M. Darcel,
des pièces telles que la belle coupe supportée par des lions de
haut-relief que possède le Louvre (n° 708) ; ce sont là des pièces
qui ne peuvent être classées parmi les poteries communes ; les
autres échantillons, assiettes, plats ou écuelles, qui ne présen-
tent pas un caractère véritablement artistique seraient sage-
ment reléguées dans la classe des indéterminés, classe toujours
assez nombreuse dans les collections de majoliques.

Le musée Brera possède en outre deux écuelles assez
semblables de forme à des bols sans anses, de 20 centimètres
de diamètre et de 10 centimètres de profondeur environ. Ces
écuelles proviennent de la façade d’une église de Milan, San
Simpliciano. Elles sont attribuées au xnc siècle, date dont il
est possible de douter, sans qu’on puisse toutefois produire
des documents pour ou contre cette opinion. San Simpliciano
n’est pas la seule des églises de Milan qui ait reçu ce genre de
décoration, très commun d’ailleurs en Italie, mais dont l'origine
est peut-être plus ancienne qu’on ne le croit généralement.
Quelle est-elle ? Faut-il y voir la persistance des procédés des
architectes de l’époque barbare qui se plaisaient à varier à l’in-
fini l’appareillage des matériaux de terre cuite ? Faut-il y
chercher une signification symbolique ou y voir un simple
motif d’ornementation, c’est ce que nous ne nous chargerons
point de décider. Tout ce que nous pouvons affirmer, c’est que
tous ceux que nous avons vus nous ont semblé italiens et
nullement de fabrication orientale. Si quelques-uns, tels que
ceux du musée Brera, se ressentent d’une influence étrangère,
il n’y a là rien d’étonnant ; mais, nous le répétons, ces pièces
sont bien de facture italienne.

A Saint-Ambroise, à Saint-Eustorge, les écuelles encastrées

dans la façade sont recouvertes d’un vernis vert clair ; tout au
contraire celles qui proviennent de San Simpliciano nous ont
tout l’air d’être émaillées.

Dans l’un de ces disques, sur un fond blanc laiteux est
peinte en brun foncé légèrement violacé, une tige végétale qui
plusieurs fois repliée forme autour du disque une course d’or-
nements et un motif central. De cette tige se détachent d’autres
tiges terminées par des fruits en forme de noix ou par des
folioles teintées intérieurement en vert sale et légèrement
dentelées sur leurs bords. Le contour de ces fruits est cerné
de brun ; un système de hachures superposées remplit l’es-
pace circonscrit par ces contours. Enfin le disque est bordé
de trois cercles bruns. Au revers non émaillé apparaît la
terre qui est presque blanche.

Dans le second disque nous trouvons un ornement dont
les éléments forment à peu près une croix latine dont le centre

ScODELLA

provenant de l'église San Simpliciano. (Musée archéologique de Brera.)

serait occupé par une rosace, sorte de fleur à dix-huit pétales
teintés alternativement de vert et de brun. Entre les branches
de cette croix sont dessinés grossièrement des espèces de
losanges.

Dans cette seconde pièce nous retrouvons les mêmes cou-
leurs que dans la première, mais l’aspect n’est pas le même,
bien qu’elle sorte à n’en pas douter de la même fabrique. La
première a un aspect assez oriental, que la seconde ne possède
qu’à un moindre degré ; mais toutefois, pour qui a vu ces deux
pièces, il est impossible de ne pas reconnaître là les traces
d’une influence étrangère, une imitation des poteries persanes
exécutées par des artistes maladroits, sans qu’on puisse nier
qu’elles soient sorties d’un atelier italien. On voit d’ailleurs au
musée de Cluny un vase, de Rimini vraisemblablement, dont
le décor est traité de la même façon (n° 3o63 du Cat. de 1881);
est-il permis de faire remonter ces pièces jusqu’au xn° siècle ?
La question a son importance ; si elles sont véritablement
émaillées cela enlève à Luca délia Robbia la gloire d’avoir le
premier en Italie appliqué sur la terre cuite l’émail stannifère.
Pour notre part, nous sommes assez porté à croire que Luca

1. Voir l’Art, 8e année, tome III, page 100, et tome IV, pages 58 et 79.
 
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