SCENES DE LA
VIE D'ARTISTE
Auguste Préault est mort au commencement de 187g. Ceux
qui ne l’ont vu que dans les dernières années de sa vie pour-
raient-ils se flatter de l’avoir connu ? Non, sans doute. Pour
bien comprendre cette physionomie d’artiste, il faut se reporter
à quarante ans en arrière, c’est-à-dire au lendemain de la
Révolution de Juillet. En ce temps-là, ce n’est pas le gros
homme aux larges épaules et au ventre proéminent qu’on a
devant soi ; ce n’est pas surtout le chevalier de la Légion d’hon-
neur, étalant avec complaisance un ruban rouge à la bouton-
nière de son habit noir, correct comme l’est le frac d’un notaire.
Jeune, mince, fluet même, la tête fine, avec des cheveux blonds,
un peu bouclés, l’oeil vif, la figure goguenarde, voilà Préault
tel qu’il était à vingt-deux ans, dans son avril. Costumé en
romantique, fervent admirateur à'Hernani, il mettait son orgueil
à se produire en public avec beaucoup de velours et un gilet
provocateur, le fameux gilet de la nouvelle École. La mode
était de faire la guerre à la vieille société en narguant les
coupes convenues. On mettait d’abord la réforme dans la
manière de s’habiller : l’art serait logiquement révolutionné à
la suite de ces premières manifestations. Au reste, l’apprenti
sculpteur, qui avait soulevé deux ou trois pavés, lorsqu’on avait
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Encadrement composé et dessiné pour «l’Art» par J. Habert-Dys.
Tome XXXI.
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VIE D'ARTISTE
Auguste Préault est mort au commencement de 187g. Ceux
qui ne l’ont vu que dans les dernières années de sa vie pour-
raient-ils se flatter de l’avoir connu ? Non, sans doute. Pour
bien comprendre cette physionomie d’artiste, il faut se reporter
à quarante ans en arrière, c’est-à-dire au lendemain de la
Révolution de Juillet. En ce temps-là, ce n’est pas le gros
homme aux larges épaules et au ventre proéminent qu’on a
devant soi ; ce n’est pas surtout le chevalier de la Légion d’hon-
neur, étalant avec complaisance un ruban rouge à la bouton-
nière de son habit noir, correct comme l’est le frac d’un notaire.
Jeune, mince, fluet même, la tête fine, avec des cheveux blonds,
un peu bouclés, l’oeil vif, la figure goguenarde, voilà Préault
tel qu’il était à vingt-deux ans, dans son avril. Costumé en
romantique, fervent admirateur à'Hernani, il mettait son orgueil
à se produire en public avec beaucoup de velours et un gilet
provocateur, le fameux gilet de la nouvelle École. La mode
était de faire la guerre à la vieille société en narguant les
coupes convenues. On mettait d’abord la réforme dans la
manière de s’habiller : l’art serait logiquement révolutionné à
la suite de ces premières manifestations. Au reste, l’apprenti
sculpteur, qui avait soulevé deux ou trois pavés, lorsqu’on avait
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Encadrement composé et dessiné pour «l’Art» par J. Habert-Dys.
Tome XXXI.
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