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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Hugonnet, Leon: Le musée de Boulaq
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0141

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Barque de la reine Aa-Hotep. — Dessin de J. B. Drouot.

LE MUSÉE DE BOULAQ

L'Égypte renferme dans son sein des trésors plus précieux
que ceux de la Californie et c’est certainement à elle que s’applique
l’apologue de La Fontaine. Depuis un demi-siècle elle a enrichi de
ses dépouilles les principaux musées de l’Europe. On s’est décidé,
un peu tardivement, à mettre un frein à la fureur d’exportation, et
Mariette-Bey fut chargé de réunir, dans un local provisoire, les
épaves qu’il a eu la gloire de sauver du naufrage de la civilisa-
tion égyptienne. L’emplacement actuel du musée de Boulaq est
insuffisant et beaucoup de monuments n’ont pu y trouver place.
Il sera sans doute transporté de l’autre côté du Nil, au palais
de Gezireh. Tel qu’il est, il facilite l’étude des chefs-d’œuvre de
l'ancien empire, époque complètement inconnue des Grecs et des
Romains. La découverte des hypogées de Memphis a produit
une révolution radicale en matière d’esthétique. En effet, lorsqu’on
a vu le musée de Boulaq, on se trouve dans la nécessité absolue
de déposséder la Grèce de la couronne que l’admiration des siècles
lui avait décernée. Hérodote reconnaissait déjà que l’Égypte a été
l’initiatrice de la Grèce. Dernièrement enfin, M. Ch. Blanc a été
contraint de faire cet aveu important : « Il est assez clair aujour-
d’hui que l’art des Égyptiens a engendré celui des Hellènes. La
Grèce est à l’Égypte ce que le beau est au sublime. »

Le musée contient cinq grandes divisions, comprenant les monuments religieux, funéraires,
civils, historiques et gréco-romains. Inférieur peut-être, sous le rapport des papyrus, au British
Muséum, il est supérieur à tous les autres musées par la valeur des statues qu’il renferme et qui
lui donnent une incomparable originalité. Suivant M. Mathey, avec lequel je suis entièrement
d’accord, « les monuments de la statuaire égyptienne, à l’époque des dynasties primitives, posent
un problème plus insoluble que jamais. Chez les autres peuples, l’art commence par la barbarie,
par les mythes, par la raideur et les formes hiératiques conventionnelles. En Égypte, les statues
trouvées dans les tombes des premières dynasties nous offrent la recherche vraie des formes
naturelles, une vérité de mouvement, une vie, en un mot, qui nous charme et que nous ne trou-
vons plus dans les œuvres du nouvel empire. Les sculptures du nouvel empire trahissent une
influence sacerdotale dominatrice, des entraves dont l’artiste ne pouvait pas s’affranchir. Les
statues des premières dynasties nous montrent un art complètement libre ; elles ont un modelé
Tome XXXI. 17

Le Cheik-el-Beled.
Dessin de J. B. Drouot.
 
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