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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Jouin, Henry: Antoine Coyzevox
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0064

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44

L’ART.

Notre âge devait rappeler de cet interrègne de l’art. Après s'être orientée vers l’antique,
l’école française est revenue par la pente naturelle de l’esprit national à l’étude élevée de la
nature et à l’art iconique. Or, telle avait été l’occupation constante du maître dont nous parlons.
11 ne suffit donc pas de dire de Coyzevox qu'il fut un sculpteur : c’est un sculpteur français.

A la vérité, une part de sa gloire revient à son siècle. Colbert, Louvois, Mansart, Le Brun
lui-même en furent les artisans. Si Coyzevox eût vécu de notre temps, ses marbres seraient plus
rares. Quelques critiques que suggèrent les tendances de l’école sous Louis XIV, nous demeurons
frappé par un fait : à aucune époque, sous aucun règne, l’État n’a procuré chez nous aux sculp-
teurs de plus belles occasions de se produire. De toutes parts s’élevaient, au nom du monarque,
de splendides résidences. Versailles, Marly, Trianon, Saint-Cloud, le Louvre, les Invalides, offraient
à l’activité d’un monde de sculpteurs des salles et des jardins. En ce temps-là, Paris et ses
environs rappelaient la Rome de Jules II et de Léon X. Or, de même qu’en Italie l’abaissement
des fortunes dans les vieilles familles a rapidement amené la décadence de l’art, de même en
France le désintéressement prolongé de l’État à l’endroit de la sculpture serait nécessairement
funeste à cet art.

Il faut à la sculpture de grandes pages, de vastes entreprises, des conceptions magnifiques.
Noüs n’examinons pas si la peinture d’histoire n’est pas dans des conditions identiques. Cette
question nous entraînerait hors de notre sujet. D'ailleurs, de bons esprits tendent à soustraire les
peintres à toute influence de l’Etat. Soit. Quant aux sculpteurs, ils ne peuvent rien attendre du
public. Michel-Ange travailla pour les Médicis et Jules IL Coyzevox eut Louis XIV. Il n’a pas
connu de Médicis. Nous souhaitons aux sculpteurs de ce temps, qui eux non plus ne peuvent
guère compter sur des Médicis, de somptueux monuments, des parcs, des avenues, un forum à
peupler de grandes œuvres.

L’avenir de la sculpture française est à ce prix.

L’État, gardien des gloires nationales, ne voudra pas laisser en péril le patrimoine si
vaillamment conquis par nos « imagiers » depuis dix siècles.

Henry Jouin.

c R c/l, i/v f ti î c ; l.

Cul-de-lampe

composé par GalJand ; dessin de Scott; gravure de Froment.
 
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