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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0174

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140

L’ART.

la date i53o. Cette date est la plus ancienne qui apparaisse sur
les ouvrages de Xanto, et comme cette coupe a été longtemps
la seule pièce de ce maître portant une date aussi ancienne,
elle a été contestée ; aujourd’hui cette majolique n’est plus
unique, car nous avons vu que le musée de Milan en possède une
qui porte le même millésime. Toutefois, comme la thèse qui a
été soutenue par M. Labarte contre la coupe du musée Correr
pourrait être reprise un jour ou l’autre, il n’est pas inutile de
démontrer qu’elle n’est guère soutenable et ne repose que sur
une lecture un peu trop légère de Lazari1. Sur les côtés de
cette coupe sont réservés deux cartouches : sur l’un est tracée
en bleu la signature F. X. A. R.; sur l’autre la date M.D.X.X.X.
— La place ayant manqué pour donner au dernier X la même
taille que les autres, il s’en est suivi qu’il a une forme qui se rap-
proche d’un K ; c’est ainsi que Lazari l’a transcrit, tout en ayant
soin de l’interpréter « i53o ». M. Labarte eût fait sagement de se
ranger à l’avis du conservateur du musée Correr. Au lieu de
cela il s’est appuyé sur la présence de ce K pour donner de
cette date une interprétation aussi bizarre qu’inattendue. Au
lieu d’un simple X mal fait, il a voulu y voir un K grec, lequel
en numération équivaut à 20, ce qui ajouté aux deux autres X
faisait 40 : l’inscription suivant lui doit donc se lire 1540.
Nous n’avons pas besoin de faire ressortir ici tous les côtés
faibles de ce système, à peine soutenable alors qu’on ne con-
naissait pas d’autre pièce portant cette date.

Parmi les majoliques du musée Correr, nous mentionnerons
encore deux bouteilles (nos 279 et 280) que Lazari a attribuées
à Castel Durante, et que nous donnerons plutôt à Urbino et à
l’atelier d’Orazio Fontana. Le musée de South Kensington en
possède deux autres de même forme et de même teinte (Cata-
logue Fortnum, p. 387), et il n’est guère possible de méconnaître
ici l’influence des Fontana.

Parmi les pièces entrées au musée depuis la rédaction du
catalogue de Lazari, nous n’en mentionnerons qu’une seule :
c’est une salière de forme ovale, ornée de mascarons et de
têtes de béliers de haut-relief. Dans la partie concave destinée
à recevoir le sel est peint un bûcher avec la devise que nous
avons déjà eu l’occasion de mentionner : ARDET ÆTERNVM.
C’est une pièce de plus à ajouter à celles qui proviennent d’un
service des ducs de. Ferrare. Cette salière est teintée de bleu,
de vert et de jaune; mais le travail en est assez grossier; c’est,
à notre connaissance, la plus médiocre des pièces qui portent
cette devise.

Lazari, en recherchant les origines des fabriques de majo-
liques à Venise, avait été amené à signaler et à étudier deux
pavages en majoliques : celui de la sacristie de Santa Elena
et celui de la chapelle de la famille Lando, à San Sebastiano.
De ces deux pavages, le premier avait déjà disparu quand il
imprima son catalogue et on ne sait ce qu’il est devenu. Sur
les carreaux composant ce pavage étaient dessinés des aigles
bleus sur champ blanc accompagnés du nom IVSTINIANI. Ce
pavage, établi dans la sacristie dé Santa Elena aux frais de
Giovanni et de Francesco Giustinani, devait dater d’avant
1450, année de la mort du premier de ceux-ci. On comprend
quel intérêt présenteraient aujourd’hui des majoliques aussi
anciennes. Lazari les croyait sorties de Faenza.

Le second pavage dont parle Lazari est heureusement
encore aujourd’hui complètement intact. S’il ne remonte pas à
une date aussi ancienne que celui de Santa Elena, le pavage
de la chapelle Lando, à San Sebastiano, n’en est pas moins un
monument très précieux pour l’histoire de la fabrique de
Faenza; nous disons de Faenza, Lazari l’attribuait à Castel
Durante ; mais après avoir étudié le pavage de la chapelle de
San Sebastiano, à San Petronio de Bologne, nous ne pensons

pas qu’il soit possible de douter de l’origine faentine de ces
carreaux de majoliques. A part quelques légères différences,

Les Armes de la famille Lando.
Chapelle de l’Annunziata, à San Petronio.

différences bien explicables, puisque celui de Venise date de
i5io, tandis que celui de Bologne remonte à 1487, le dessin,

Monogramme
peints sur le pavage de la chapelle c

ET DATES

2 l’Annunziata, à San Petronio.

le faire, les couleurs employées, tout est semblable dans ces
deux pavages; or on sait que le pavage de San Petronio de
Bologne a été exécuté par des artistes de Faenza, qui ont du
reste pris la peine designer leur oeuvre en toutes lettres.

Le pavage de la chapelle Lando ou de l’Annunziata, à San
Sebastiano, se compose de plus de 3oo carreaux de 20 centi-
mètres de côté; il offre vingt rangées formées chacune de
18 carreaux. Un grand carreau disposé au centre tient la
place de quatre petits. Sur cette grande brique est dessiné un
écu soutenu par deux hommes nus. Sur l’écu est peint en bleu
sur fond blanc un aigle impérial posé sur un globe. Sur le
globe lui-même se trouve un dessin très indistinct que l’on
peut prendre à la rigueur pour les murailles d’une ville. Enfin,
sur la poitrine de l’aigle, en abîme, pour parler la langue du
blason, se voit l’écu de la famille Lando, écartelé d’argent et
de sable, cet émail étant figuré par un bleu lapis très foncé.
Les Lando furent les patrons de la chapelle de l’Annunziata2,
en x 531 seulement d’après Litta, mais bien avant cette date si
nous en croyons la date de i5io inscrite sur le pavage.

Émile Molinier.

(La suite prochainement.)

1. Labarte, Histoire des Arts industriels, deuxième édition, tome III, page 290.

2. Voyez Litta, Famiglie celcbri d’Italia.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON,
 
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