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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 4)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie, [8]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19294#0285

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240

L’ART.

sachions, ni au xv°, ni au xvi° siècle, une école de peinture
bien remarquable. Car, et c’est un point qu’il faut se garder
d’oublier, plusieurs de ces productions céramiques portent à
un très haut degré le cachet des œuvres de l’école du Pérugin;
tel est le plat du musée du Louvre n° 188, dont M. Darcel,
tout en l’attribuant à Pesaro, n’a pas méconnu le caractère,
puisqu’il porte dans son catalogue cette mention : « Ecole du
Pérugin ». Quant à l’époque à laquelle ces pièces ont été fabri-
quées, nous pensons qu’on peut indiquer le xvi°, mais plutôt
le milieu que le commencement de ce siècle; les potiers de
Deruta auront copié à cette époque des cartons du Pérugin
ou de son école, comme ceux d’Urbino ont copié jusqu’au
xvii0 siècle les cartons de Raphaël.

La description du pavage de San Pietro nous a entraîné
fort loin, mais on peut voir que cela en valait la peine ; heureux
si cette digression peut à jamais faire disparaître des catalogues
de majoliques une erreur qui ne date que du xviii0 siècle et
que l’on pourrait appeler la légende de Passeri.

FLORENCE

Le musée du Bargello ne possède qu’un très petit nombre
de majoliques, et encore quelques-unes d’entre elles n’appar-
tiennent point au musée, mais à des particuliers qui ont bien
voulu les y exposer provisoirement. Les pièces les plus remar-
quables, sinon par leur dessin, du moins par leur bel état de
conservation, sortent de la fabrique d’Urbino. L’atelier de
Nicolo da Urbino y est représenté par une grande et belle
pièce, offrant le martyre de sainte Cécile. Au revers du plat,
orné de trois cercles jaunes concentriques, sont tracées en
bleu la signature composée du monogramme de Nicolo et la
légende : Historia de Sancta Cicilia la qualle fu fata in botega
de Guido de Castello Durante in Urbino 1528. Ce Guido
de Castel Durante est Guido Fontana.

Cette pièce de Nicolo da Urbino est certainement une des
plus belles qu’il ait signées. Au centre de la composition se voit
la sainte placée dans une chaudière sous laquelle plusieurs
bourreaux attisent le feu; un ange descendant du ciel couronne
la martyre. A terre gisent deux corps de femmes mutilées dont
deuxbourreaux présententlestêtesàsainte Cécile. Agauche,sous
un baldaquin, est assis un juge entouré de soldats ; à droite se
voit une muraille ornée de pilastres et surmontée d’un entable-
ment, et une statue de Jupiter placée dans une niche. Tout le
dessin de cette composition est excellent; le trait et le modelé
sont de bistre avec rehauts de blanc, les draperies bleues mode-
lées de bleu plus intense, ou jaunes modelées de bistre roux.
Le fond est occupé par un paysage montagneux; le ciel est
bleu, jaune et bistre et coupé par des nuages gris; en résumé
c’est là un excellent spécimen des produits d’Urbino de la
première moitié du xvi° siècle.

Le même musée possède deux plats ovales à ombilic,
de ceux que l’on peut voir au Louvre; sur l’ombilic de
l’un est représentée la mort de Lucrèce, sur l’autre se voit un
prince couronné de lauriers assis sur un trône, recevant quatre
personnages, dont l’un à genoux paraît le supplier.

Sur les marches du trône se lit l’inscription :

ROTTI SVIZZERI
FRANCIA SI RALIGRA

allusion aux expéditions des Français en Italie. Au revers,
teinté en bleu, se voient un Fleuve assis et des dauphins. Ces
plats sont vraisemblablement sortis de l’atelier des Fontana.
Au même atelier nous attribuerons un autre plat circulaire
représentant l’incendie du Borgo d’après Raphaël et qui
porte au revers la légende :

LO INCENDIO
D(E) TROJA.

Les peintres majolistes ne semblent guère avoir connu la com-
position de Raphaël que sous ce titre ou du moins l’ont presque
toujours ainsi désigné.

C’est encore à l’atelier des Fontana qu’il faut attribuer trois
grandes jattes triangulaires, sortes de seaux à rafraîchir, montées
sur des griffes de lion et ornées de mascarons. Ces pièces appar-
tiennent à une suite représentant les campagnes d’Annibal en
Italie; elles portent toutes des légendes inscrites dans un
cartel et accompagnées d’un numéro d’ordre; sur la première
se lit :

ANIBAL SCENDE L’AFRICAN SICURO

CH’ HA ROTTO A L’ALPI IL DORSO ALPESTRO
E DURO 41

Sur la seconde :

ANIBAL FA SUA MOSTRA A L’ALPI APPRESSO
ON OGNI BUON GUERRIER MOSTRA SE
STESSO 43

Sur la troisième :

44. ANNIBAL SEPPE CH(E) CORNELIO È GIONTO

E SCENDE A PISA CON SUE GENTI IN PONTO.

Les sujets sont dessinés au fond des pièces, qui extérieure-
ment sont décorées de paysages. A la décadence de l’atelier des
Fontana nous attribuerons un plat circulaire représentant les
Israélites ramassant la manne dans le désert et qui porte au
revers, tracée en bleu, la légende :

QUANDO DIO MANDO LA MANA
AL POPULO D’ISRAËL.

Emile Molinier.

(La suite prochainement.)

Le Directeur-Gérant .'EUGÈNE VÉRON.
 
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