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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Deshayes, Émile: Considérations sur l'histoire de l'estampe japonaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0023

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CONSIDÉRATIONS SUR L'HISTOIRE DE L'ESTAMPE JAPONAISE. u

« Depuis, Kitagawa Outamaro, Outagawa Toyokouni et d'autres perfectionnèrent encore cet
« art, qui atteignit son apogée avec Kounisada, l'inventeur de procédés nouveaux très délicats
« et très subtils.

« Le goût croissant du public pour les scènes populaires et les sujets « voluptueux » avait
« déterminé et activé les progrès de ces dernières périodes.

« Mais ce succès exagéré conduisit l'École populaire dans une période de décadence que
« l'on peut suivre très distinctement en examinant des estampes depuis Outamaro jusqu'à Kou-
« nisada.

« Comme nous l'avons dit, l'impression en couleurs doit se proposer d'imiter aussi exacte-
« ment que possible des œuvres originales ; eh bien, si les estampes de Shiguenobou et Shouncho
« montrent un procédé encore dans l'enfance, elles ont cependant cette qualité aisée à reconnaître,
« soit dans le tracé des dessins, soit dans l'application des couleurs, de garder leur caractère
« secondaire et de nous renseigner sur le style d'une époque.

« Ici, les rôles respectifs de l'impression en couleur et de la peinture restent distincts, sont
« nettement établis.

« Au contraire, après Kounisada, lorsque les procédés ont atteint des raffinements extraor-
« dinaires, la délicatesse et la richesse des Nishiki-ye sont indépendantes de toute peinture
« originale et ne relèvent plus que de la fabrication des couleurs et des pressions exercées sur
« une planche gravée, tenant ainsi exclusivement au talent de l'imprimeur.

ce L'estampe acquit, dès lors, des colorations qui lui furent propres, auxquelles il devint
« impossible de prétendre avec le pinceau. Elles finirent par être préférées, à ce point que les
« peintres, et en particulier ceux de l'École populaire, se consacrèrent spécialement à l'impression.
« Ils furent dès lors considérés comme de simples auxiliaires des imprimeurs. Leurs œuvres, mises
« au rang d'images pour les enfants, furent à peine regardées par les grandes personnes.

« De plus en plus nombreux, grâce au succès et aux progrès des Nishiki-ye, ils se conten-
« tèrent toujours de subir l'esclavage de l'industrie sans tenter quelque effort pour s'en affran-
« chir.

« Il est de toute évidence qu'il faille faire de l'impression en couleurs une branche spéciale-
ce ment artistique de nos industries, qu'il faille songer au moyen de la maintenir en usage et
« de la faire prospérer, mais c'est avec raison qu'on lui reproche d'avoir amené la décadence de
« toute une École.

« Depuis la restauration du gouvernement impérial (1868), elle a subi un moment d'arrêt
« par suite du développement donné à la lithographie et à la gravure sur cuivre, et beaucoup
« d'artisans ont désappris leur métier. Mais, dans ces dernières années, la faveur publique est
« en voie de lui revenir, grâce à l'influence européenne et surtout à ses qualités particulières,
« que ne partagent ni la lithographie, ni la gravure sur cuivre.

« Néanmoins, comme avant la Restauration, elle domine encore l'École populaire et n'a pas
« repris son véritable caractère.

« Aussi les progrès à réaliser sont-ils, tout d'abord, de déterminer nettement le rôle de
« cet art mêlé à des procédés industriels, à l'égard de la peinture et de lui apporter tous les
« perfectionnements possibles dans les limites de ses domaines. »

T. Ossada.

Espérons que critiques et conseils seront entendus.

Espérons encore que l'influence européenne, c'est-à-dire notre goût très vif pour les estampes
et l'achat considérable que nous en faisons, aura d'autres conséquences que la réédition, dans un
but facile à comprendre, des pièces anciennes ; et que notre engouement, très justifié d'ailleurs,
pour les tirages exceptionnels, conduira les Japonais à autre chose qu'à ces impressions signées
de noms connus, d'une technique certainement admirable, mais sèches et froides, comme il nous
a été donné d'en voir chez quelques amateurs.

E. Deshayes,

Consorvateur-adjoint au Musée Guimct.
 
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