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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Leymarie, Camille: J. F. Millet en Auvergne
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0103

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L'Homme a la houe.
Tableau de J. F. Millet.

J. F. MILLET EN AUVERGNE

On connaît de Millet un certain nombre de pastels
inspirés au maître par les impressions, restées très vives
chez lui, ressenties au cours de plusieurs voyages en
Bourbonnais et en Auvergne. Ses biographes en ont peu
parlé, si toutefois ils ont songé à en conserver le souvenir1.

J'ai pensé que les lecteurs de F Art prendraient quelque
intérêt aux rapides notes suivantes écrites sur des rensei-
gnements qui m'ont été fournis avec une extrême -obli-
geance par M. E. Landesque, un des gendres de Millet.

En 1866, Mmc Millet étant fort malade alla passer une
saison à Vichy où son mari l'accompagna. La santé de
Mme Millet devint meilleure, et l'artiste ayant recouvré
sa liberté d'esprit songea à se remettre au travail ; il fit
quelques excursions qui l'intéressèrent tant, qu'il les
continua, et ces excursions prirent les proportions de
petits voyages au cours desquels il bourrait littéralement
son album de croquis.

Millet partait en calèche, de fort bonne heure, et ne
rentrait souvent qu'assez tard dans la soirée : il rapportait
généralement vingt ou trente croquis, un jour même il alla
jusqu'à cinquante. Ces croquis — j'en ai vu un grand
nombre — sont exécutés très rapidement, tantôt à la plume,
tantôt au crayon; souvent ils sont relevés de touches de
pastel; souvent aussi le maître, après avoir silhouetté fort
simplement, à la plume, plaçait vivement quelques loca-
lités à l'aquarelle; ces études sommaires, ou si l'on veut
ces simples notations, qui ne dépassent guère dix centi-
mètres, sont d'une coloration très claire, très blonde;
elles ont beaucoup d'air.

1. On trouvera, dans le très intéressant livre public en 1880 par
M. Ernest Chesneau, une lettre fort curieuse adressée par Millet à
M. Gavet; elle est datée de Vichy, le i5 juin 1866.

Parmi les croquis encore conservés dans la famille
de Millet, il s'en trouve sur lesquels il s'est borné à
indiquer, d'un mot, d'une lettre parfois, la nature du
terrain, le genre des cultures ou certaines particularités
de coloration; de telles notes lui suffisaient; il avait la
mémoire de l'œil très développée.

Il est curieux de constater que cette méthode d'étude,
cette mnémonique pittoresque, assez variées dans leurs
moyens, ne sont pas particulières à Millet. On les retrouve
dans le Cours de peinture par principes du bon de Piles.
Voici comment s'exprime cet auteur :

« C'est donc d'après nature que quelques-uns ont
dessiné et fini exactement les morceaux qu'ils ont choisis
sans y ajouter les couleurs, d'autres ont peint avec des

coulêurs à huile sur du papier fort et à demi-teinte.....

d'autres ont seulement tracé les contours des objets et les
ont lavés en couleurs approchantes de celles de la nature,
mais légèrement et seulement pour soulager leur mémoire;
d'autres ont observé attentivement les morceaux qu'ils
voulaient retenir et se sont contentés de les confier à leur
mémoire, qui dans le besoin les leur rapportait fidèlement,
d'autres se sont servis de pastels et de lavis mêlés ensemble ;
d'autres plus curieux et plus patients en ont fait à plu-
sieurs fois (des études) dans les lieux où ils pouvaient aller
plus facilement et dont les sites leur plaisaient... »

« ... Cependant, continue de Piles, il arrive des
moments où la nature fait voir des beautés extraordinaires
mais passagères et inutiles pour le peintre qui n'aurait pas
tout le temps d'imiter ce qu'il voit avec admiration. Voici
ce que je crois de plus expédient pour profiter de ces
occasions momentanées.

« Je suppose, comme cela doit être, que le peintre a tou-
 
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