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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Bosseboeuf, Louis-Auguste: Michel-Ange & Catherine de Médicis: Lettre de Catherine
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0048

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MICHEL-ANGE & CATHERINE DE MÉDICIS

LETTRE DE CATHERINE

RELATIVE A LA STATUE

Catherine de Médicis, qu'un fatal coup de lance venait
de rendre veuve, songea de suite à sa patrie et à ses artistes
préférés lorsqu'elle voulut élever un monument à la
mémoire de son époux. L'incomparable Michel-Ange
s'offrit tout naturellement à sa pensée, et elle profita du
retour du maréchal de France, Robert Strozzi, qui ren-
trait en Italie, pour le charger de commander au grand
sculpteur une statue équestre de Henri II ; Catherine ne
pouvait remettre l'affaire en de meilleures mains, Strozzi
étant un ami intime du Maître.

Sur l'avis de Michel-Ange, auquel son grand âge, — il
avait quatre-vingt-dix ans, — ne permettait pas de se
charger de l'œuvre, Robert Strozzi traita avec le meilleur
élève, Daniello Ricciarello, ou Daniel de Volterre, que
Buonarroti promit d'aider de ses conseils. Il fut décidé
que l'on jetterait en bronze un cheval de grande dimen-
sion avec la statue de Henri recouvert de son armure,
dans le genre de celle de Marc-Aurèle, qui est sur la place
du Capitole. Daniel fit une maquette qui plut à Michel-
Ange aussi bien qu'à Strozzi, et, après en avoir écrit à
Catherine de Médicis, celui-ci arrêta les conditions avec
l'artiste, qui se mit aussitôt à l'œuvre.

Après des difficultés et des retards indépendants de sa
volonté, l'ouvrier vint à bout de jeter le cheval ; mais ce
travail était à peine terminé que Daniel fut emporté par
un catarrhe, le 4 avril 1566. A qui confier l'achèvement
de la statue, dont les frais s'élevaient déjà à 6,5oo écus et
le poids à 25,000 livres, quand surtout Michel-Ange était
mort depuis deux ans ?

Catherine de Médicis pensa pour la figure du roi au
célèbre sculpteur Jean Bologne, alors le plus renommé de
l'Italie, qui ne put s'en charger ; bref, l'affaire traîna telle-
ment en longueur que l'ouvrage ne fut jamais achevé. Un
gentilhomme florentin, Horatio Rucellaï, avec l'agrément
de Henri III, plaça le cheval sous le portique de son
palais, à Rome, où le bronze demeura jusqu'au jour où il
fut transporté en France par les soins du cardinal de
Richelieu, qui le fit servir au monument équestre pour
Louis XIII, dont la statue fut exécutée par Biard, le fils.
Inaugurée au mois de septembre 1639, sur la Place Royale,
celle-ci choqua la Révolution, qui la fit descendre de son
piédestal.

Telle est, esquissée à grands traits, l'histoire de la sta-
tue équestre de Henri II par Daniel de Volterre, dont les
détails, appuyés sur les textes les plus authentiques, ont
été publiés par M. A. de Montaiglon, l'érudit écrivain

ÉQUESTRE DE HENRI II

auquel les annales de l'art sont redevables de tant et de si
excellents travaux 1.

Nous venons ajouter à l'ensemble des documents une
pièce que nous avons copiée à la Bibliothèque Nationale
de Florence [ms. xvii, 2, 11, f. 401], au cours de recherches
pour un travail sur les Artistes français en Italie et les
Artistes italiens en France. Il s'agit d'une lettre de Cathe-
rine de Médicis, qui est absente dans la Notice de M. de
Montaiglon, aussi bien que dans le Recueil des lettres de
la reine, publié parmi les Documents inédits. Datée d'Or-
léans, le 3o octobre i56o, elle était adressée à Simone
Giuducci, que Catherine charge de s'occuper, en l'absence
de Robert Strozzi, de ce qui concerne la statue dont
Michel-Ange a bien voulu surveiller l'exécution. Nous la
transcrivons dans la langue originale, familière à tous les
lecteurs :

« Mre Simone

« Il sigr Ruberto Strozzi, mio eugino mi hà fatto inten-
dere che voi piglierete volontieri la cura di providere e
sollicitare in Roma, in sua assenza, la perfezione délia
statua del Rè mio sigr che Michalagnolo Buonarroti mi
fa fare, di che per le buone relazioni fattemi da voi, mi
contenu) assai, e pregovi con ogni diligenza et assiduità
che secondo gl' ordini del d° mio eugino facciate di sorta
che non manchi danari ne altre cose nécessaire allo scul-
tore che d° Michelagnolo ha per tal' opéra destinato afin
che infra il termino convenuto la possa avère il debito
fine, et in questo me farete non poco piacere, e senza più
farô fine pregando Iddio che felice la conservi. Da Orliens
aile 3o ottobre del i56o.

« Caterine. »

C'est au milieu des préoccupations politiques des États
réunis à Orléans que Catherine de Médicis, dans son vif
désir de voir bientôt arriver à Paris la statue équestre de
Henri II, envoyait ainsi ses recommandations à Rome.
L'original de la lettre faisait partie, au xvnc siècle, des
archives du duc Strozzi. C'est à cette époque que fut prise
la copie que nous avons rencontrée à la Bibliothèque de
Florence et dont la publication comblera une lacune du
Recueil des lettres de Catherine, en même temps qu'elle
ajoute un document à la série des pièces relatives à la
statue de Henri IL

L. Bossebœue.

1. Notice sur l'ancienne statue équestre de Louis XIII, dont
l'auteur a donné une seconde édition complétée dans la Revue,
aujourd'hui disparue, les Beaux-Arts.
 
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