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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Courrier dramatique
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Frise composée pour « l'Art » par j.

H a b e 1! v - D y s .

COURRIER DRAMATIQUE

Odéon : Frédêrique. — Vaudeville : Bas-Bleu.
Porte-Saint-Martin : La Dame de Monsoreau.

L'Odéon a rouvert ses portes; les vacances sont finies :
reprenons notre périodique « Courrier dramatique ».
C'est pour assister à la représentation d'une honnête
comédie en quatre actes de M. Auguste Générés, Frédê-
rique, que les directeurs du Second Théâtre-Français nous
ont invité à passer les ponts. Figurez-vous donc que
vous êtes sur la rive gauche et oyez l'aventure que nous
conte l'auteur de certain Marchand d'habits, fort ap-
plaudi, il y a quelques années, sur une scène populaire.

Frédêrique de Blanchefontaine monte à cheval, comme
Froufrou; « blague » avec les jeunes clubmen, comme
Marcelle de Sancenaux; grille force cigarettes, comme
Francillon ; prend exemple sur Renée Maupérin, et fait,
en général, tout ce qui ne concerne pas son état de jeune
fille bien élevée. Que voulez-vous! elle est la fille de sa
mère, une aventurière qui, après avoir séduit le comte de
Blanchefontaine, l'a planté là, en lui laissant une héri-
tière. Ce « gage de leur amour » tient heureusement de
son père l'honnêteté et la bonté du cœur. Quant à la
maman, elle a fait et fait encore la joie du quart-de-monde,
sous le nom de Renée de Saint-Price.

Or, un jeune M. de Montbrun, qui avait déclaré sa
flamme à Frédêrique, se dégage, quelques mois plus tard,
sous un prétexte quelconque... 11 croit à l'atavisme, et
ayant appris, par hasard, l'origine maternelle de la jeune
fille, il redoute de retrouver chez elle les qualités trop
largement affectives de la belle et honeste dame.

Frédêrique, qui ignore sa filiation et croit sa mère
morte, désespérée de la trahison de celui qu'elle aime,
accepte la main d'un brave garçon sorti de l'École poly-
technique (comment M. Georges Ohnet l'a-t-il laissé
échapper?) qui l'adore et la prend malgré la tache origi-
nelle loyalement révélée par le comte de Blanchefontaine.

Il faut maintenant que vous consentiez à ceci :

i° Montbrun, cédant aux sollicitations de Mme de
Saint-Price, qui a son château (voyez-vous ça!) non loin
de celui du comte, est venu passer la soirée chez elle. La
dame n'a point manqué de lui offrir bon souper, bon gîte
et le reste — surtout le reste — avec une éloquence des
plus pressantes, et qui, néanmoins, demeure sans effet.
Soit, mais cette scène est vraiment bien inutile.

2° Frédêrique relance Montbrun chez Mmc de Saint-
Price, injurie celle-ci, et avec elle, ledit Montbrun, qui
n'y comprend rien, ce qui n'est pas fort surprenant.

Voilà qui est plus dur à accepter. Si fantasque que
soit une jeune fille, elle n'ira pas chercher, chez une
femme dont la mauvaise réputation lui est connue, un
jeune homme qui s'est dégagé vis-à-vis d'elle, et avec qui
elle n'a plus d'explication à avoir. Mais ce n'est pas tout.

3° La Saint-Price n'a rien trouvé de mieux, pour se
venger des outrages de la pauvre toquée, que d'aller cher-
cher le père d'icelle. Le comte arrive, trouve Montbrun
avec sa fille, à qui il apprend qu'elle est en face de sa
mère — sa mère! — non sans avoir, au préalable, con-
gédié le jeune homme, et promis de lui couper la gorge
le lendemain.

Tout ceci est dramatique, assurément, mais combien
incohérent et mal amené! Que vous dirai-je ! Mme de
Saint-Price pleure et gémit, s'étonnant de n'avoir pas
reconnu sa fille. Comment la voix du sang, ou, tout au
moins, la simple logique n'a-t-elle pas parlé ! — Voyons,
ma chère dame, songez que votre fille vous a quittée à
l'âge de six mois et que jamais vous ne vous êtes souciée de
savoir si seulement elle existait : on vous a dit qu'elle était
morte et vous l'avez cru, comme ça, tout de suite. Aujour-
d'hui votre surprise est un peu bien naïve. — Vous dispa-
raîtrez, dites-vous, car vous avez vu jouer la Fiammina?
■— Allons, on vous pardonne, à cette condition. Cela
nous permettra de finir tranquillement la pièce.

Montbrun n'a guère de chance. Il est blackboulé par
tout le monde. Le comte l'a provoqué, le polytechnicien
fiancé le provoque aussi, la jeune fille le déteste à présent
et j'aime à croire que la mère repentie ne lui voudra point
servir de fiche de consolation. Frédêrique épousera son
ingénieur, et tout nous fait espérer que l'hérédité n'aura
pas d'action fâcheuse sur l'avenir du jeune ménage.

Cette pièce est honnêtement écrite. L'auteur nous
paraît doué d'un tempérament dramatique qu'il s'agit de
dresser, d'assouplir. Nous attendons de lui une œuvre
plus logiquement menée et plus profondément étudiée en
ce qui touche les passions et les caractères.

Mlle Wissocq a fort bien rendu les divers aspects du
rôle de Frédêrique. M. Albert Lambert joue avec beau-
coup de dignité le personnage du comte. Mlle Gerfaut —
ceci est une preuve de talent — réussit à faire accepter le
rôle, assez inexpliqué, de Renée de Saint-Price. M. Cor-
naglia, pilier de l'Odéon, représente à souhait le « bon
docteur », et M. Charles Esquier donne de l'allure à un
bout de rôle. M. Paul Rameau joue « vrai » le person-
nage de l'austère Delsart. Quant à M. Jean Sarter, je
louerai sa bonne volonté ; mais je lui conseillerai de
veiller à sa diction, et surtout à ses gestes, qui sont d'une
raideur et d'une monotonie vraiment trop automatiques.

«Vaudeville » est le qualificatif appliqué par M. Albin
Valabrègue à ses trois actes de Bas-Bleu. « Folie » était
le seul nom qui convînt à cette pochade à la détrempe, à
cette charge d'atelier légèrement indigne de celui qui sut,
dans le Premier Mari de France, semer un grain précieux
de piquante observation.

Deux gendres également empêtrés : l'un de sa belle-
mère, l'autre, de son beau-père, ont résolu de s'en débar-
rasser mutuellement en les mariant l'un avec l'autre. La
chose est d'autant plus facile que M. de Montbibert s'est
déclaré amoureux de Mme Camille des Étangs, bas-bleu
sans vergogne et sans talent. Le pauvre homme! Il ne
savait pas — il ne tardera pas à l'apprendre— à quel point
l'auteur Adélaïde, roman pornographique, allait se mon-
trer conjugalement insupportable.

Mais que dira et que fera Charpillac — Charpillac,
c'est Félix Galipaux — quand, au retour d'un voyage en
Italie,il trouvera installée chez lui la belle-mère,dont il se
croyait à jamais délivré? Puisque le parquet ne poursuit
pas l'immonde Adélaïde, il imaginera, de connivence avec
son mari, une ruse infernale consistant à la faire cueillir
 
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