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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Dunoyer de Segonzac, Jacques: Les faïences mortes: Ligron
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0243

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Fac-similé d'une eau-for te de Stefano Dell a Bel la.

LES FAÏENCES MORTES

LIGRON

/gg^. De race jeune et de pauvre origine, ayant surtout habité la province, réduite

/^''jâPifev ^ se défendre contre le temps par la seule force de sa faiblesse et de sa fragi-
li^J^^ml ^ ^ence franÇàise compte pourtant d'illustres et durables maisons. Les

Mw^wÉ^^m. R°uerb les Nevers, les Strasbourg, les Moustiers, vont de pair avec les seigneurs
/^^ï^^^» les plus hauts et les financiers les plus riches ; leur place naturelle est dans les
if^^^ySfm. palais; leur vanité reçoit de constants hommages ; de savants historio-

^ IotJBBP™*1 graphes s'attachent à leur personne.

Vierge a l'Enfant. H en est tout autrement de quelques fabriques obscures, attachées

F,n du xvi' siècle ou époque au ^ j ■ leg a yueg naître sans éclat, gans extension, qui s'éteignent

Louis XIII. * i ' t

(Collection de m. Brindeau, silencieusement après une vie cachée de durs et humbles labeurs.

,lu EL cependant, ces pauvres ouvriers, isolés en leur village, ont eu

Dessin de H. Courselles-Dumont. ,

aussi leurs heures de joie et de triomphe sur la matière rebelle. Faut-il
les oublier, eux qui ont entretenu chez les paysans, chez les hommes courbés tout le long du
jour vers la terre, comme une flamme sacrée, le sentiment de l'art ? Parce que de leurs efforts,
de leur production séculaire, il ne reste que des spécimens rares et indécis, faut-il rejeter leur
souvenir affaibli et le condamner à périr ?

Tandis que je suivais la rue unique qui forme le village de Ligron (Sarthe), ces réflexions
me venaient en l'esprit, et je considérais avec une tristesse profonde ces maisons désertes où
s'abritaient jadis des fours souvent allumés, aujourd'hui abandonnés et froids. S'il faut en croire
un titre conservé aux archives du château de Courcelles et cité par Pesche, en 1829, dans son
Dictionnaire de la Sarthe, la poterie de Ligron remonte au xinc siècle. D'après ce document,
les potiers de Ligron étaient tenus, collectivement, à une redevance de cent boisseaux d'avoine
envers le seigneur de Château-Sénéchal, pour avoir le droit de fouiller de la terre à poterie sur
ses domaines de Bpdour, les Terriers et la Chobinière. Cette fabrication du xme siècle se
réduisait sans doute aux ustensiles les plus vulgaires. Il est superflu d'ajouter qu'aucun échantillon
n'en subsiste.

Comme pour tout l'art du Moyen-Age, ce fut l'idée religieuse qui inspira aux potiers de
Ligron leurs premières tentatives en dehors de' la poterie usuelle. Ils commencèrent par fabriquer
des statuettes de la Vierge, et, si l'on tient compte, relativement aux autres objets en Ligron,
du nombre de ces statuettes qui se sont conservées, le succès et l'essor de cette fabrication
furent prodigieux. On les plaçait dans les fermes, sur la tablette ou sous le manteau de la che-
minée. Elles servaient aussi à couronner le faîte des petits édifices rustiques, puits, tonnelles,
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