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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Courrier musical
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COURRIER

Et le Soleil dit à sa sœur la Lune :
« Sœur chérie, en ton orbe aérien,
Va, prends ta lanterne, et regarde bien
Ce qu'on fait en bas durant la nuit brune.

Vois qui prie, ou rit, ou, méchant gamin,
Empêche les gens de dormir et pleure;
Examine tout! et, de très bonne heure,
Tu me diras les nouvelles, demain. »

S'endort le Soleil et s'en va la Lune.
Elle fait partout son guet argentin ;
Et chez le Soleil, de très grand matin,
Frappe, frappe fort, plutôt trois fois qu'une.

« Toc! et toc ! et toc! Ouvre donc, Soleil !
Les corneilles hors du sombre décembre,
S'envolent, le cri des coqs perce l'ombre.
Matines sonnant, tout frémit d'éveil. »

Le Soleil se lève, accourt et s'arrête.
« C'est donc vous ? Bonjour, ma sœur du ciel bleu.
Vous vous portez bien ? Rendons grâce à Dieu.
Mais comme elle est pâle ! Eh ! qu'as-tu, sœurette ? »

Ce que l'on a dit, ce que l'on a fait,
La Lune le conte alors... Quelle histoire !
Le Soleil surgit d'un air de victoire
Si la nuit fut bonne et calme, en effet;

Sinon, il sort, triste, avec sa séquelle
De brouillard, de pluie et de vent soudain ;
La bonne défend d'aller au jardin
Et n'emmène pas l'enfant avec elle.

MUSICAL. 227

LES DEUX ROSSIGNOLS

J'ouvris la fenêtre... Ah! que j'étais triste et las...
Et je m'agenouillai vers le doux paysage.
Le souffle de la nuit printanière au visage
Me jeta l'odeur des lilas.

Le rossignol chantait sa chanson de féerie !
Je l'écoutai, les yeux par les pleurs envahis,
Et je rêvai, mélancolique, à mon pays,
A ma si lointaine patrie...

La-bas, un rossignol, que je n'entendrai pas,
Chante sans rien savoir de l'humaine misère,
Chante toute la, nuit sa chanson familière
Sur une branche de lilas!

L'auteur des Deux Rossignols est une Altesse Impé-
riale, et nul ne saurait être taxé de courtisanerie en cons-
tatant que le Grand-Duc Constantin était un vrai poète.

Les Petits Poèmes russes sont un trop franc succès
pour ne pas engager M. Catulle Mendès à poursuivre cette
veine nouvelle ; ses lecteurs, — et ils ne peuvent manquer
d'être très nombreux, — lui en sauront le plus grand gré.

Adolphe Piat.

COURRIER MUSICAL

A PROPOS DE LA MO HT DE CHARLES GoUNOD.
I

Le jour où l'on apprit la mort de l'auteur de Faust, un
théâtre de musique fit relâche en signe de deuil : c'était le
théâtre de la Monnaie, à Bruxelles. Le jour où se célé-
brèrent les funérailles de l'auteur de Roméo et Juliette,
l'Opéra-Comique, afin de bénéficier de l'émotion du
public, représenta Mireille et Philémon et Baucis.
L'Opéra, lui, continua tout tranquillement à encaisser de
belles recettes en jouant cette curieuse Fête russe,
mélange de danses et de chants, imaginée pour rappeler
la patrie absente aux marins russes qui nous visitaient;
mais le deuil était dans tous les cœurs, si l'on en croit le
discours prononcé par M. Gailhard sur le cercueil du
maître. Et voilà comment les trois grands théâtres, je ne
dis pas français, mais où l'on chante en français, ont
honoré l'illustre musicien qui venait de passer de vie à
trépas.

Et dans les concerts? Eh bien, mais M. Colonne, au
Châtelet, M. d'Harcourt dans les Concerts Éclectiques
qu'il vient d'organiser à la salle de la rue Rochechouart,
ont donné chacun une séance en l'honneur de Gounod,
et je pense que des deux côtés ce pieux zèle aura reçu sa
récompense. En ce qui regarde le Châtelet, j'en suis sûr et
la sélection de morceaux très célèbres : le Vallon, stro-
phes de Sapho, Jésus de Nazareth, Ave Maria sur le pré-
lude de Bach, Hymne à sainte Cécile, lamentation de
Gallia, airs de la Reine de Saba, de Tobie, etc., que
M. Colonne offrit à son public habituel avec le concours
de Mlles Krauss et Pacary, de MM. Auguez et Warm-
brodt, eut un tel succès qu'il l'a fait entendre deux
dimanches de suite. Et M. d'Harcourt, aussi, a dû rejouer
après coup la scène fantastique du Rhône, extraite de
Mireille, qui constituait le principal attrait de son pro-
gramme en l'honneur de Gounod. Donc, le célèbre compo-
siteur n'a pu que se réjouir de voir, du haut des deux, ses
œuvres et son nom faire monter les recettes et croître la
prospérité de grands concerts voués à la'diffusion de cette
admirable musique classique qui fut le culte de toute sa
vie : à quelque chose, malheur est bon.

II

C'a été pour moi une grande joie que de lire les dis-
cours qui furent débités devant la dépouille du maître,
au seuil de la Madeleine, et je regretterais que vous n'en
eussiez pas apprécié, comme moi, toutes les beautés. J'ai
déjà signalé celui de M. Gailhard, disant en termes brefs,
mais énergiques, « quelle affreuse tristesse s'empara de
tous les cœurs, à l'Opéra, et ne craignant pas d'affirmer
que l'œuvre de Gounod, d'un caractère essentiellement
français, demeurera impérissable ». Un directeur qui
s'apprête à faire une fructueuse reprise de Faust ne pou-
vait pas parler différemment, fût-il un orateur rompu à
toutes les finesses de la langue, et je ne crois pas que
M. Gailhard ait aucune prétention à cet égard. Vous
auriez été bien surpris aussi, n'est-ce pas? si M. Jules
Barbier, le collaborateur habituel de Gounod, avait
apporté la moindre restriction à ses éloges en considérant
l'illustre mort « sous trois aspects distincts qui se fondent
et se complètent dans un ensemble d'une admirable har-
monie : l'homme, le philosophe, l'artiste; grand cœur,
grande âme, grand esprit ». Il faut bien passer quelque
exagération au librettiste qui fut mêlé de si près à la vie de
Gounod, associé à toutes ses entreprises, et ne pas s'étonner
si entre autres choses légèrement outrées, il nous présente
cette assez pauvre lamentation de Gallia non plus seule-
ment comme une simple création de musicien, mais
comme le cri douloureux de la France en deuil.

III

Ce qui m'a frappé surtout dans les discours prononcés
aux funérailles de Gounod, c'est l'idée qui se fait jour et
qu'on tend à faire prévaloir que le musicien chrétien l'em-
porte, en Gounod, sur le compositeur dramatique et que
ses grandes compositions religieuses pourraient bien avoir
plus de valeur et de durée que ses créations théâtrales. Il
y a là comme un mot d'ordre, ou simplement une opi-
nion qu'il peut très bien avoir suggérée aux siens, répan-
due autour de lui, en mesurant les énormes progrès
réalisés dans ces derniers temps par tel maître ou telle
école à qui il se montra toujours résolument hostile,
 
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