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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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P., T.: L' exposition artistique de Valenciennes
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L'EXPOSITION ARTISTIQUE DE VALENCIENNES

L'Exposition de peinture et de sculpture organisée par
la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de l'arrondisse-
ment de Valenciennes, que préside M. Paul Foucart, a
été ouverte le dimanche iy septembre. Cette Exposition
n'est qu'un essai ; elle a pour but d'acclimater de nouveau
à Valenciennes ce qui y a prospéré jadis et ce qui s'est
maintenu dans d'autres villes, telles qu'Arras et Douai.
Néanmoins, les œuvres distinguées n'y manquent pas.

M. Layraud, depuis l'an dernier professeur de peinture
à l'Académie valenciennoise et que le Nord est très heu-
reux d'avoir conquis sur le Midi, apparaît avec plusieurs
portraits importants : celui, en pied, de grandeur natu-
relle et de noble aspect, d'une dame vêtue de noir, et deux
autres en buste. Il complète son envoi par un petit tableau
de genre d'une allure bien parisienne et qu'il intitule : Ces
Beaux Messieurs, des habitués des boulevards extérieurs,
assis sur un banc, dans des poses variées qui dénotent
peu de propension à un travail avouable. Le sujet était
scabreux. L'auteur l'a traité avec goût et sans appuyer.

A côté d'une jolie Tricoteuse, de M. Pierre Billet, le
peintre de Cantin, qui a parfois rivalisé avec celui de
Courrières, se pressent les nombreux envois de la jeune
école valenciennoise. A sa tête figure M. Eugène Chigot ;
son Soir, à Merlimont, d'une agréable couleur, est une
des meilleures toilesde l'Exposition. MM. Carlos-Lefebvre
et Le Liepvre (celui-ci né à Lille) l'accompagnent, le
premier avec plusieurs paysages d'une exécution légère et
pleine de charme, le second avec d'autres paysages d'une
pâte plus solide, où se manifestent les qualités sévères que
l'artiste a développées au contact de son maître Harpi-
gnies. M. Julien Déjardin n'est pas indigne d'eux; plus
sévère encore, son pinceau ne se plaît guère qu'aux aspects
désolés de la nature, qu'il sait rendre avec énergie.

L'Exposition renferme plusieurs tableaux de fleurs,
mais aucun ne peut rivaliser avec celui de M. Médard,
qui, né à Anzin, s'est fixé depuis longtemps à Lyon ; il y
a fourni plus d'un modèle d'étoffes splendides. Sa toile
ne déparerait aucun Musée.

N'oublions pas de citer les œuvres de MM. Jules Léo-
nard, H. E. Delacroix, Maugendre, Alphonse Chigot,
Bricoux et Moreau-Deschanvres. Celui-ci s'est multiplié
pour nous montrer son talent sous toutes ses faces. Si
nous avions à choisir parmi ses portraits, nous pren-
drions l'image d'un garçonnet en casaque rouge et béret
rouge sur fond rouge. M. Moreau-Deschanvres y est par-
ticulièrement heureux dans ses harmonieuses dégradations
de valeur d'une même tonalité.

On comptait sur un large concours de la part de
M. Edouard Sain, qui, avant d'être l'ami d'Hamon et'
d'aller avec lui habiter l'Italie, fut assis sur les bancs de
l'Académie de Valenciennes. La mort inopinée de son
vieux père l'a empêché de tenir toute sa promesse. Néan-
moins, il est représenté par une jolie toile : Pergola.

Auprès des peintures, une salle spéciale est consacrée
aux dessins. M, Harpignies y expose une des belles aqua-
relles auxquelles se complaît sa verte vieillesse et qu'em-
pruntant un titre à Victor Hugo, on pourrait nommer les

Feuilles d'automne. Auprès de lui, M. Moyaux, le dis-
tingué professeur à l'École des Beaux-Arts de Paris,
montre le frontispice d'un ouvrage en cours de publica-
tion sur les Fortifications de Valenciennes. M. Benett
rivalise avec eux ; cet artiste cumule les fonctions de
conservateur des hypothèques, avec un talent de dessina-
teur tout à fait remarquable ; il a fait la plus grande partie
de sa carrière aux colonies et, après de nombreux voyages
très réels, est aujourd'hui l'illustrateur favori des Voyages
extraordinaires de Jules Verne.

La sculpture est peu nombreuse, mais elle est dominée
par un morceau imposant qui excite la curiosité et fait sur-
gir plus d'une polémique. Nous voulons parler d'une
maquette, pour l'exécution de laquelle MM. Emile Dutou-
quet, architecte, et Henri Gauquié, statuaire, ont réuni
leurs talents. Avant de disparaître, le bataillon plus que
quatre fois centenaire des canonniers bourgeois de Valen-
ciennes, le seul subsistant jusque-là en France avec celui
de Lille, a lancé l'idée et fourni les premiers fonds d'un
monument à élever en l'honneur des membres du corps
qui ont coopéré à la défense de la ville, en 1793. Ce
monument, nos deux artistes proposent de l'édifier, face
aux anciennes batteries autrichiennes et anglaises, sur le
sommet de la Dodenne, solide tour du xive siècle, qui
enjambe hardiment le ruisseau de la Rhonelle et qui a été
réservée lors de la destruction des remparts valenciennois.
Un artilleur montre l'ennemi, un autre pointe le canon,
sur lequel vient d'être tué un de leurs compagnons. Au-
dessus d'eux plane l'image de la Ville, élevant haut le dra-
peau français. Ce groupe a une fière allure, et, dominant
son grand piédestal, découperait sur le ciel une superbe
silhouette. La seule objection est la dépense. Elle pour-
rait être diminuée si, au lieu d'employer le bronze, on
avait recours au cuivre repoussé et doré, ainsi que l'a fait
Mercié pour sa Renommée du Trocadéro et pour son
Génie des Arts du Louvre. Nous leur soumettons cette
idée en émettant le vœu que leur conception puisse être
un jour exécutée,

M. Gauquié, qui est en train de modeler pour Denain
une statue équestre du maréchal de Villars, expose encore
d'autres œuvres, parmi lesquelles le profil d'une dame,
coulé en étain, dans un cadre Louis XV. M. Theunissen,
absorbé par un monument qu'il a obtenu au concours
pour la ville de Saint-Quentin, a néanmoins tenu à se rap-
peler au souvenir de ses compatriotes par un buste et plu-
sieurs médaillons.

En revanche, on regrette l'absence de M. Gustave
Crauk et celle de M. Fagel, deux des noms qui honorent
le plus l'école de sculpture valenciennoise, toujours si forte,
malgré les morts prématurées de Carpeaux et d'Hiolle. Le
premier est absorbé par un groupe qu'il montrera sans
doute au prochain Salon de Paris ; l'autre, par le monu-
ment de la bataille de Wattignies, dont l'inauguration se
prépare en ce moment à Maubeuge. Ils ont donc droit à
des circonstances atténuantes.

T. P.
 
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