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RÉPERTOIRE DE FONTAINEBLEAU.
Réduction de la gravure de L. Lcmpcreur, d'après la composition de J. M. Morcau le Jeune. — (Collection de M. Henry Lacroix.)
(Les Moreau.)
NOTRE BIBLIOTHEQUE
DCCXIX
Les Artistes célèbres : Les Moreau, par Adrien Mou-
reau. Paris, Librairie de rÂrt, G. Pierson et O, édi-
teurs, 8, boulevard des Capucines.
Un des plus charmants volumes récemment parus dans
la belle collection des Artistes célèbres, publiée sous la
direction de M. Paul Leroi, par la Librairie de l'Art, est
certainement celui que M. Adrien Moureau, attaché au
Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale, vient
de consacrer aux Moreau.
Pour nous débarrasser tout de suite de quelques cri-
tiques qu'exige de nous l'impartialité, disons que M. Mou-
reau a eu tort d'intituler son livre : Les Moreau, et de ne
nous présenter de l'aîné des deux frères qu'une silhouette
des plus fugitives ; nous savons que M. Moureau s'est
livré, pour recueillir plus de détails, à des ..recherches
minutieuses, qui, par malheur, sont restées inutiles ; de
ce chef il n'est point coupable, mais il est imprudent
d'exciter notre curiosité pour si peu la satisfaire ; sans
doute le talent et la renommée de Moreau le Jeune ont
justement fait rentrer dans l'ombre Moreau l'aîné; encore
méritait-il de revivre, ne fût-ce que comme paysagiste, en
quelques pages précises.
Ensuite nous reprocherons à M. Moureau d'avoir
volontairement fait abstraction de ses jugements person-
nels sur l'œuvre considérable qu'il connaît si bien en tous
ses détails. L'énumération des dessins et des gravures de
Moreau le Jeune tient, comme il est naturel, la plus grande
place dans sa monographie; l'auteur y a fait preuve d'une
érudition du meilleur aloi, assez sobre quoique très bien
informée, et qui réussit d'ordinaire à éviter la monotonie.
Mais il ne nous semble pas que ce qu'il y eut de personnel
dans le talent de l'artiste, de celui qu'on appelait le roi
des vignettistes, y soit mis en assez claire lumière. Si
M. Moureau, à propos de telle ou telle gravure qu'il vient
de citer ou de décrire, nous donne son impression tou-
jours nette et juste, il manque çà et là des pages où se
peigne en traits brillants l'originalité du dessinateur ou
du graveur, quelques descriptions typiques d'œuvres par-
ticulièrement bien venues qui nous révèlent la manière du
maître aux jours d'heureuse inspiration. M. Moureau en
était aussi capable que quiconque, et d'ailleurs était ce là
tâche bien difficile? M. Moureau, qui habite Paris, qui,
au Cabinet des Estampes, au Louvre, chez les amateurs
libéraux de la capitale a vu et revu les planches les plus
importantes de Moreau le Jeune, a dû en recevoir une
impression bien vive, car nous, à la seule inspection des
gravures remarquables qui donnent un prix tout particu-
lier au livre, il nous semble être soudainement devenu le
familier du maître.
Jean-Michel Moreau, (ils d'un maître perruquier,
comme Le Bas, son maître en gravure, naquit en 1741 et
mourut en 18 14. Après des débuts difficiles, il devint, sous
Louis XV, dessinateur et graveur du Cabinet du Roi, et
membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
La Révolution, dont les idées le conquirent, et à laquelle
il adhéra avec enthousiasme, le priva de ces titres pom-
peux pour en faire un simple professeur — sans appoin-
tements — aux Écoles centrales; la Restauration lui
rendit sa place et ses honneurs, mais il n'en profita guère.
Il semble que la fin de l'ancien régime ait aussi marqué la
fin de son talent, ou plutôt de son originalité. Les idées
sévères, et, il faut l'avouer, le goût très peu artistique des
hommes dé 92 et des hommes de l'Empire le détour-
nèrent de sa voie à un âge où il est dangereux d'en suivre
de nouvelles. M. Moureau a très bien marqué et expliqué
Réduction de la gravure de L. Lcmpcreur, d'après la composition de J. M. Morcau le Jeune. — (Collection de M. Henry Lacroix.)
(Les Moreau.)
NOTRE BIBLIOTHEQUE
DCCXIX
Les Artistes célèbres : Les Moreau, par Adrien Mou-
reau. Paris, Librairie de rÂrt, G. Pierson et O, édi-
teurs, 8, boulevard des Capucines.
Un des plus charmants volumes récemment parus dans
la belle collection des Artistes célèbres, publiée sous la
direction de M. Paul Leroi, par la Librairie de l'Art, est
certainement celui que M. Adrien Moureau, attaché au
Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale, vient
de consacrer aux Moreau.
Pour nous débarrasser tout de suite de quelques cri-
tiques qu'exige de nous l'impartialité, disons que M. Mou-
reau a eu tort d'intituler son livre : Les Moreau, et de ne
nous présenter de l'aîné des deux frères qu'une silhouette
des plus fugitives ; nous savons que M. Moureau s'est
livré, pour recueillir plus de détails, à des ..recherches
minutieuses, qui, par malheur, sont restées inutiles ; de
ce chef il n'est point coupable, mais il est imprudent
d'exciter notre curiosité pour si peu la satisfaire ; sans
doute le talent et la renommée de Moreau le Jeune ont
justement fait rentrer dans l'ombre Moreau l'aîné; encore
méritait-il de revivre, ne fût-ce que comme paysagiste, en
quelques pages précises.
Ensuite nous reprocherons à M. Moureau d'avoir
volontairement fait abstraction de ses jugements person-
nels sur l'œuvre considérable qu'il connaît si bien en tous
ses détails. L'énumération des dessins et des gravures de
Moreau le Jeune tient, comme il est naturel, la plus grande
place dans sa monographie; l'auteur y a fait preuve d'une
érudition du meilleur aloi, assez sobre quoique très bien
informée, et qui réussit d'ordinaire à éviter la monotonie.
Mais il ne nous semble pas que ce qu'il y eut de personnel
dans le talent de l'artiste, de celui qu'on appelait le roi
des vignettistes, y soit mis en assez claire lumière. Si
M. Moureau, à propos de telle ou telle gravure qu'il vient
de citer ou de décrire, nous donne son impression tou-
jours nette et juste, il manque çà et là des pages où se
peigne en traits brillants l'originalité du dessinateur ou
du graveur, quelques descriptions typiques d'œuvres par-
ticulièrement bien venues qui nous révèlent la manière du
maître aux jours d'heureuse inspiration. M. Moureau en
était aussi capable que quiconque, et d'ailleurs était ce là
tâche bien difficile? M. Moureau, qui habite Paris, qui,
au Cabinet des Estampes, au Louvre, chez les amateurs
libéraux de la capitale a vu et revu les planches les plus
importantes de Moreau le Jeune, a dû en recevoir une
impression bien vive, car nous, à la seule inspection des
gravures remarquables qui donnent un prix tout particu-
lier au livre, il nous semble être soudainement devenu le
familier du maître.
Jean-Michel Moreau, (ils d'un maître perruquier,
comme Le Bas, son maître en gravure, naquit en 1741 et
mourut en 18 14. Après des débuts difficiles, il devint, sous
Louis XV, dessinateur et graveur du Cabinet du Roi, et
membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
La Révolution, dont les idées le conquirent, et à laquelle
il adhéra avec enthousiasme, le priva de ces titres pom-
peux pour en faire un simple professeur — sans appoin-
tements — aux Écoles centrales; la Restauration lui
rendit sa place et ses honneurs, mais il n'en profita guère.
Il semble que la fin de l'ancien régime ait aussi marqué la
fin de son talent, ou plutôt de son originalité. Les idées
sévères, et, il faut l'avouer, le goût très peu artistique des
hommes dé 92 et des hommes de l'Empire le détour-
nèrent de sa voie à un âge où il est dangereux d'en suivre
de nouvelles. M. Moureau a très bien marqué et expliqué