Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

DOI article:
Audebrand, Philibert: Petits mémoires du XIXé siècle: Prosper Mérimée & le Bacchus antique
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0195

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
PETITS MÉMOIRES DU XIXe SIÈCLE

PROSPER MÉRIMÉE & LE BACCHUS ANTIQUE

3ji> || Si vous vous mettez à jeter les yeux sur la carte de Cassini, vous pourrez y voir

que le Berry se divise en deux zones bien distinctes. L'une qui incline vers la Creuse et
qui est arrosée par l'Indre. C'est le Bas-Berry, le même qui a tant été décrit par la
plume d'or de George Sand dans Valentine et dans la Mare-au-Diable. L'autre, le Haut-
Berry qui a pour chef-lieu Bourges, c'est-à-dire la plus ancienne ville de France, est
réjoui par le Cher, l'affluent le plus considérable, et le plus riche de la Loire. En passant
qu'on nous laisse faire une courte station à ce poétique cours d'eau. Le Cher est sans
contredit celui de nos petits fleuves sur les bords duquel se sont plu à soupirer les âmes
les plus rêveuses de notre histoire littéraire. Sur ses rives se sont promenés, à tour
de rôle, Jehan de Meung, l'auteur du Roman de la Rose, Pierre de Ronsard, Paul-Louis
Courier, Honoré de Balzac et aussi Emile et Antony Deschamps, les deux nourrissons de
la Muse romantique. Dans ces mêmes parages se sont aussi montrés, au moins pendant
un printemps, deux paysagistes qui nous ont laissé quelques belles toiles et chacun un
nom, mais un nom couronné de cyprès : Bonington, parce qu'il est mort trop jeune, et
Anastasi, parce qu'il est mort aveugle. Mais tous deux n'ont pas voulu partir pour
l'autre monde sans révéler par leurs œuvres tout ce qu'il y a de charme, d'eaux courantes
gWi,"tv7 et de verdure virgilienne dans cette province trop dédaignée.

Le département du Cher, l'un de ces compartiments du Berry, tient une grande m/v^Spf
place dans notre histoire nationale. Il en est fortement question dans les Commentaires
de Jules César. Au moment où, après être sorti en vainqueur de la Narbonnaise, l'arrière-
petit-fils de Vénus, qui était aussi le plus illustre général de son temps, se jetait sur la
Loire afin d'y achever la conquête des Gaules, il rencontra tout à coup une résistance
des plus opiniâtres et sur laquelle la facilité de ses derniers triomphes ne l'avait pas
habitué à compter. Vercingétorix, à la tête d'une armée d'Arvernes, de Bituriges et
d'Éduens, tenait le pays depuis l'endroit où est aujourd'hui Vierzon jusqu'à Avaricum,
c'est-à-dire jusqu'au lieu où se trouve Bourges, antique citadelle gauloise. On sait que
ce Barbare était un homme de forte trempe. Aussi brave qu'habile, il donnait du fil à
retordre au grand Jules, mais, à la fin, écrasé par le grand nombre et aussi par le

Motifs du cloître de San Juan de i.os Reyes, a Tolède
Dessin de Henri Toussaint.

Tome LV.

22
 
Annotationen