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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Gabillot, Cyrille: Jean-Baptiste Hüet et l'ancienne Académie de peinture er de sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0150

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ii4

L'ART.

L'Assemblée Nationale, par un décret du 19 juin 1790,
avait ordonné l'enlèvement des quatre statues enchaînées
au pied de la statue de Louis XIV, élevée par La Feuil-
lade, place des Victoires. Dès le 27 juin, le sculpteur Caf-
fieri, dans une lettre adressée au maire de Paris, protestait
contre la destruction du monument. Le lendemain, 28,
un groupe d'artistes, se disant représentants des Beaux-
Arts (à peu près les précédents), faisait parvenir à l'Assem-
blée une adresse ayant le même objet. Tout en partageant
(était-il dit dans l'adresse) l'admiration générale pour le
décret du 19 juin, les signataires, tremblant sur le sort
des chefs-d'œuvre de l'art sortis de la main de Desjardin,
demandent qu'on établisse, dans un endroit remarquable
de la ville, sur un socle carré, les quatre figures des nations
débarrassées de leurs chaînes ; le socle porterait deux
tables d'airain : sur l'une serait gravé le décret du 19 juin,
sur l'autre, l'historique et les motifs de son exécution.

Cette adresse était signée : David, Restout, Jidlien,
Robin, Eschard, Machard, Beauvarlet, Bouillard, Henri-
que^, Wille fils, Monnot, Giroust, Hùet, Pasquier, secré-
taire.

Les statues d'esclaves finirent par être transportées aux
Invalides et les six bas-reliefs du monument au Musée des
monuments français, puis au Louvre.

De ce qui précède, faut-il conclure, comme le fait sans
preuves sérieuses d'ailleurs M. Charles Blanc, que Jean-

Baptiste Hùet embrassa avec ardeur les idées révolution-
naires ? Je ne le crois pas. Le mémoire sur l'Académie rie
révèle, en somme, que des discordes entre gens du même
métier ; puis, on ne voit pas Mmo Hûet figurer parmi les
citoyennes, filles ou femmes d'artistes qui, le lundi 7 sep-
tembre 1789, firent hommage de leurs bijoux à l'Assemblée
Nationale comme contribution à l'acquittement de la
dette publique. D'autre part, il ne faut pas oublier que
Jean-Baptiste avait, dans deux circonstances au moins,
manifesté avec retentissement ses sentiments royalistes.
Deux estampes populaires en font foi. La première fut
publiée à l'occasion du sacre de Louis XVI : l'Heureux
Jour de la France, ou Louis XVI couronné à Rheims,
11 juin 77 j5, pièce en couleur, par Briceau, d'après
Hùet. La seconde, en 1778, au moment de la naissance
de la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qui fut
plus tard la duchesse d'Angoulême : les Sentiments de la
Nation, pièce gravée en couleur par Janinet, d'après Hùet.
Celle-ci se vend à Paris, dit le Journal de Paris du 20 dé-
cembre 1778, chez Isabey, marchand d'estampes, rue de
Gesvres ; prix : 4 livres. On lit, au bas de cette estampe,
les quatre vers suivants, par M. Guichard :

Antoinette, des lys espérance bien chère,

Ce beau jour met le comble à la félicité.

Vous êtes, dans nos cœurs, roi, reine, enfant et mère,

Réunis par l'Amour et la Fidélité l.

C. Gabillot.

NOTRE BIBLIOTHEQUE

DCCXXII

Zigzags en Bretagne, par H. et G. Dubouchet, avec la
collaboration de MM. H. Berteaux, .1. Breton, Th. Dey-
rolle, Français, H. Lemaire, Le Sénéchal, Le Sidaner,
H. Mosler. Préface par M. V. Quellien. Paris, P. Le-
thielleux, libraire-éditeur, 10, rue Cassette.

L'Avant-Propos de MM. Dubouchet débute ainsi :
« Si l'on pouvait planer à vol d'oiseau au-dessus de la
France, dit un historien, on verrait se dessiner, à l'ouest,
une vaste péninsule dont la mer a profondément rongé les
côtes et déchiré la pointe. Cette presqu'île est comme iso-
lée du reste du monde, et bien longtemps sa civilisation
fut étrangère à la nôtre. C'est l'ancien duché breton, l'élé-
ment résistant de notre vieille France. Deux forêts le
bordent à l'ouest et au midi ; le Bocage normand et le
Bocage vendéen; une ceinture d'écueils le protège du côté
de la mer; quatre villes puissantes, qui en sont comme les
portes d'entrée triomphales, le maintiennent ainsi que des
clous de fer: Rennes et Brest, Saint-Malo et Nantes. »

Et voici comment ils concluent excellemment : « Pour
comprendre toute la poétique individualité delà Bretagne,
il faut pénétrer dans l'intimité de ses vallées et de ses
grèves; il faut traverser ses déserts de bruyères et d'ajoncs,
semés de pierres druidiques, suivre ses chemins creux
remplis d'ombre, qui conduisent à des hameaux incon-
nus ; parcourir ses chaînes de noires collines; ses landes
arides où errent de maigres troupeaux; ses forêts peuplées
de ruines féodales ; ses âpres régions qu'habite une popu-
lation rare, ignorante, presque farouche. Faire connaître
la Bretagne dans ses secrets mérites, la faire aimer, voilà
le but que nous nous proposons. Notre ambition est de
servir de guide à ceux que leur fantaisie amènera sur nos
pas, en leur détaillant les charmes les plus suaves des
champs et des plages, en leur montrant les sites ignorés,
les points de vue nouveaux de la contrée; en leur racon-

tant les légendes merveilleuses nées du sol et les sombres
traditions du passé. »

Ils nous racontent l'héroïque histoire de Saint-Malo,
nous conduisent à Saint-Servan, nous font faire très
agréablement l'école buissonnière de Dinard à Saint-
Énogat, à Saint-Lunaire et Saint-Briac. Puis, c'est Paramé,
cette création toute moderne, Cancale, Le Marais, Dol et
le Mont Dol. De là, vous consacrez une journée au Mont
Saint-Michel dont un éminent architecte, M. Victor Petit-
grand, poursuit la restauration en artiste passionné pour
ce merveilleux monument séculaire. Mais il s'agit d'arri-
ver à Dinan. Suivez les bords de la Rance, le parcours en
est ravissant. Maintes stations vous attarderont ; vous
n'aurez pas à le regretter. Vous finirez par atteindre Dinan,
« ce bijou féodal si admirablement conservé avec son
enceinte fortifiée et ses portes profondes ».

Dinan est un enchantement sans fin pour le touriste.

Alexandre De Latour.

1. Vers 1800, comme je l'ai dit dans la monographie qui fait
- partie de la collection des Artistes célèbres, Hûet acheta, à Vil-
liers-sur-Orge, une propriété importante qu'il revendit quelques
années plus tard. D'après les souvenirs un peu lointains de
M. Joseph Hùet, arrière-petit-fils du peintre, une pièce de la maison
d'habitation, la salle de bain, aurait été décorée par Jean-Baptiste.
Il y a ici une petite inexactitude.

La propriété de Villiers, acquise en 1807 par le général Barrois,
n'est pas sortie depuis de la famille du général ; elle est habitée
actuellement par sa fille et par le gendre de celle-ci, M. le colonel
Lacour. Une partie de l'ancienne maison d'habitation a été démolie,
précisément celle comprenant les salles décorées par Hûet; mais le
colonel Lacour a vu ces salles et ses souvenirs sont très précis sur
ce point; il y avait trois salles décorées par Hùet : 1° le salon, en
sujets gracieux et légers, comme Hûet en a fait beaucoup ; le colo-
nel ne possède plus qu'un fragment de l'un des panneaux; 2° la
salle à manger, renfermant des médaillons peints en camaïeu et
entourés d'ornements en bois sculpté; il reste encore deux de ces
médaillons; les sujets sont des groupes d'amours; 3° un petit bou-
doir, qui, par hasard, subsiste encore, décoré de grands bouquets de
fleurs peints à fresque et dont les couleurs ont conservé tout leur
éclat. J'ai pu voir ce qui reste de ces décorations, grâce à l'obligeance,
de M. et de M™ Lacour, qui continuent, de la façon la plus aimable,
les traditions d'hospitalité de la maison de Jean-Baptiste Hûet.
 
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