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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0033

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Renouard, a eu l'heureuse pensée de former une collec-
tion des Fleuves de France qui comprend quatre volumes
dans lesquels M. L. Barron guide, le plus agréablement
du monde, ses lecteurs sur les bords de la Loire, de la
Seine, de la Garonne et du Rhône; cette série a été un
grand succès. Le public ne fera pas moins fête à la nouvelle
et beaucoup plus importante entreprise de l'habile éditeur;
il a chargé M. Marius Bernard, et ne pouvait mieux choi-
sir, d'écrire sous ce titre général : Autour de la Médi-
terranée, neuf volumes qui paraîtront successivement
chaque hiver et constitueront trois séries distinctes dont
chacune comprendra trois volumes brillamment illustrés.

La première : les Côtes barbaresques, conduira le lec-
teur De Tripoli à Tunis (Tripolitaine et Tunisie) — c'est
le volume qui vient de paraître— puis, De Tunis à Alger
(Tunisie et Algérie) et D'Alger à Tanger (Algérie et
Maroc).

Les Côtes latines vous promèneront De Tanger à Port-
Vendres (Espagne), de Port- Vendres à Vintimille (France),
et De Vintimille à Venise (Italie).

Enfin, la dernière série s'occupera des Côtes orientales
divisées en trois voyages : De Venise à Salonique (Au-
triche et Grèce), De Salonique à Jérusalem (Turquie
d'Europe et d'Asie); enfin, De Jérusalem à Tripoli
(Êgypte).

Le premier volume : De Tripoli à Tunis, est aussi inté-
ressant à lire que très artistiquement illustré ; il est fait à
souhait pour le plaisir des yeux et de l'esprit.

C'est encore à la maison Renouard que nous devons la
récente publication d'un ouvrage posthume du regretté I
auteur du Livre des Collectionneurs, M. Alphonse Maze- [
Sencier, brusquement enlevé à sa famille et à ses nom-
breux amis au moment où il mettait la dernière main à
un travail considérable établi d'après une foule de docu-
ments inédits. Les Fournisseurs de Napoléon F' et des
deux impératrices, s'ils abondent nécessairement en
détails étrangers à l'art, nous initient aussi à maintes par-
ticularités artistiques dignes de toute attention. On les
trouvera surtout dans le livre III, consacré à l'art et à
l'industrie sous le premier Empire.

L'ouvrage abonde en détails les plus divers dont les
Curieux tireront profit.

L'espace nous manque pour de nombreuses citations;
nous nous bornerons à reproduire l'amusant chapitre II
consacré à Vivant Denon, dans le livre III :

Au nombre des artistes en vogue à l'époque du premier
Empire, nous ne saurions oublier le baron Dominique-Vivant
Denon. Dessinateur, graveur et archéologue, Denon s'attacha à
Bonaparte, qu'il suivit en Egypte et qu'il accompagna plus tard
dans ses campagnes d'Autriche, d'Espagne et de Pologne.

L'en-tète de lettres de Denon mérite d'être cité. Le voici :

« Le chevalier Denon, officier de la Légion d'honneur, chevalier
des Ordres de Sainte-Anne de Russie et de la couronne de Bavière,
membre de l'Institut, directeur général du Musée Napoléon, de la
Monnaie, des médailles, etc. »

Il aurait pu ajouter, comme certains nobles d'autrefois, après
l'énoncé d'une kyrielle de titres : « Excusez du peu. »

Quand le Pape fut interné à Fontainebleau, l'Empereur lui
envoya Denon, dont le caractère aimable et la conversation nourrie
furent bien vite appréciés. Le Pape ne tarda pas à l'aimer; en lui
parlant, il le tutoyait et l'appelait mon fils.

Un jour, il lui dit : « Mais, mon fils, tu as fait un bel ouvrage
sur l'Egypte, apporte-le-moi, je veux le lire. » Denon ne se hâtait
pas d'apporter son livre, qui avait été mis à l'index et l'auteur
excommunié. Cependant, pressé de nouveau, il dut s'exécuter.

Le lendemain, Pie VII adressa à Denon ses félicitations. « C'est
très beau, mon fils... ton ouvrage m'a vivement intéressé. » Denon,
après avoir remercié, ajouta doucement : « Et cependant, Sa Sain-
teté a mis mon livre à l'index et m'a excommunié. — Comment !
je t'ai excommunié, mon fils ! ma foi, je ne m'en doutais pas ! »

Quelques années auparavant, le même ouvrage avait valu à
Denon un compliment bizarre.

Le prince de Talleyrand, devant recevoir à diner le directeur
général du Musée Napoléon, avait prié la princesse, sa femme, de, |

prendre dans le rayon qu'il lui désigna de sa bibliothèque l'ouvrage
de Denon pour le parcourir et l'en complimenter le soir.

La princesse, on le sait, était dépourvue d'intelligence; elle
commença par se tromper de volume, puis, le soir venu, s'adressant
à Denon : « Vous avez fait un voyage bien extraordinaire, Monsieur »,
lui dit-elle. Denon s'inclina et attendit un instant pour répondre.
« Mais vous avez dû bien vous ennuyer... jusqu'à l'arrivée du fidèle
Vendredi... » La princesse avait lu le Robinson Crusoé, de Daniel de
Foë.

M. Maze-Sencier a relevé l'aridité naturelle d'un livre
éminemment documentaire, de maintes autres anecdotes
piquantes.

Adolphe Piat.

DCCX

Les Graveurs du XIX' siècle. Guide de l'amateur d'es-
tampes modernes, par Henri Béraldi. XII. Saint-Marcel
— Zivinger. Paris, librairie L. Conquet, 5, rue Drouot.

I

M. Henri Béraldi vient de terminer, tout modestement,
sans bruit aucun, sans l'ombre de réclame, l'entreprise
considérable à laquelle il s'est dévoué depuis tant d'an-
nées. C'est en 1885 qu'a paru le premier volume des Gra-
veurs du XIXe siècle, et c'est à la fin de 1892 qu'il nous
en a donné le douzième et dernier tome, qui n'est pas
moins intéressant que ses aînés. Nous appellerons princi-
palement l'attention de nos lecteurs sur les notices consa-
crées à Carie et Horace Vernet, à James Tissot, Topffer,
Somm, Octave Tassaert, Charles Waltner, Whistler, aussi
grand aquafortiste que peintre médiocre, Willette, etc. ;
elles révèlent toutes un homme d'un grand goût, un ama-
teur doué du sentiment le plus juste, le plus délicat; un
lettré spirituel et sérieusement renseigné.

Dans un travail aussi considérable, il est impossible
qu'il ne se soit glissé aucun oubli ; nous nous permettrons
d'en signaler un. M. Béraldi ne cite point Alexis Vollon,
auteur d'une belle eau-forte gravée pour l'Art \ d'après
son tableau du Salon de 1889 : Scène de Carnaval.

Dans le catalogue de l'œuvre de Charles Waltner,
M. Henri Béraldi, qui est trop impartial pour louer le
Diplôme des Récompenses de l'Exposition Universelle
de i88y, adoucit en ces termes le complet échec de l'émi-
nent graveur qui, cette fois, se montra tout à fait inférieur
à lui-même. Après avoir dit que le dessin fut mis au con-
cours et que, sur environ i5o projets envoyés, il en fallut
éliminer un si grand nombre qu'il n'en resta que 39 vrai-
ment dignes d'examen, l'auteur continue ainsi : « Les uns,
et c'étaient les plus intéressants, abordant résolument la
question d'époque et de localité, plaçaient dans leur des-
sin la vue de l'Exposition, adoptaient pour les figures le
costume contemporain ou l'allégorie transparente ; en un
mot, dataient leur composition et en faisaient bien le
diplôme de 1889 et non un autre.

« Les autres restaient dans les allégories générales et
sans date, le diplôme pouvant convenir à toutes les Expo-
sitions, à tous les pays et à toutes les dates. Le jury a
préféré cette donnée. Elle a laissé Waltner sans entrain. »

On n'imagine pas plus spirituel euphémisme que ce
« sans entrain ».

La plume de M. Henri Béraldi est féconde en non
moins fines inspirations.

Le pauvre dessin que grava si pauvrement M. Charles
Waltner était l'œuvre de M. Galland, professeur à l'Ecole
Nationale des Beaux-Arts qui, grâce à d'incessantes
réclames, jouit sa vie durant, aux yeux des badauds, de la
réputation la plus surfaite. Il suffit de se rendre au Pan-

1. Voir l'Art, 16" année, tome I", page 188.
 
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