LES TAPISSERIES DU CHATEAU DE PAU. 29
second, tandis que le premier est formé par une sorte de portique à entre-colonnement ionique,
composé de six colonnes, trois de chaque côté, deux cylindriques et une carrée, reposant sur une
balustrade ouvragée. Ces colonnes sont entourées de guirlandes de fleurs et de feuillages, qui
viennent se rattacher au milieu du panneau, en haut, à un cartouche surmonté des trois fleurs
de lis de France, sur lequel est figuré le signe zodiacal du mois.
La balustrade sur laquelle reposent les colonnes est garnie de somptueuses étoffes et de
superbes pièces d'orfèvrerie, cassolettes, buires, plateaux, brûle-parfums, vases, etc. Au milieu de
ces étoffes et de ces pièces d'orfèvrerie,
Mil- ~ ~ PP
ôj%|^=>.^^^ il <
,^$oq£---ï~~-^-.^—--==^l---^'Uifc^P^
sautent, jouent, grimacent, gambadent
ou se battent des animaux de tous poils
oit de toutes plumes : chiens, chats,
loutres, blaireaux, hérissons, renards,
lynx, rats, aigles, oies, pintades, grues,
bécasses, canards, dindons, etc., etc. Les
colonnes d'ordre ionique, que nous venons
de décrire, ne se trouvent pas clans toutes
les suites et sont remplacées dans plusieurs
par des cariatides du plus bel effet.
Dans son étude sur les tapisseries
du château de Pau, dont nous avons
parlé à différentes reprises, M. André
Gorse fait remarquer que les pièces d'or-
fèvrerie reproduites dans ces tentures sont
précisément celles que, plus tard, lors
des désastres des guerres de Succession
d'Espagne, les coffres étant vides,
Louis XIV fit fondre pour se procurer
un peu d'argent afin de subvenir aux
dépenses de ses armées.
C'est par cette série de tapisseries et
par celle de l'Histoire du Roi, conservée
au Garde-Meuble, ajoute-t-il, que l'on
pourrait reconstituer l'histoire de l'art de
l'Orfèvrerie au xvne siècle.
Disons que M. Guiffrey, en publiant
récemment, à la Librairie de l'Art, Y In-
ventaire du Mobilier de la Couronne sous
Louis XIV (1063-ijj5), où bon nombre
des pièces d'orfèvrerie figurant dans ces
tentures sont décrites et reproduites, a „ ^ L^a.. cU.
1 Château de Chambord: Septembre.
Singulièrement facilité Cette tâche à l'éru- Tapisserie du Château de Pau. - Dessin de Paul Laf'ond.
dit qui voudra bien l'entreprendre.
Une autre raison rend ces tapisseries particulièrement précieuses et en fait un document
d'un intérêt exceptionnel. C'est que les résidences royales qu'elles reproduisent ou n'existent plus
ou ont subi de nombreuses transformations qui en ont notablement modifié l'aspect.
Les châteaux de Madrid, des Tuileries, de Monceaux et de Marimont ne sont plus qu'un
souvenir. Le Louvre, le Palais-Royal, les châteaux de Blois, de Versailles, de Fontainebleau, de
Chambord, de Saint-Germain, de Vincennes, toujours debout heureusement, ne sont plus tels,
pour la plupart, qu'ils se trouvaient lorsque le grand roi les a fait reproduire. Les majestueux
jardins, les parcs grandioses dont les avait dotés cet incomparable artiste qui a nom Le Nôtre,
ont presque tous été bouleversés et transformés quand ils n'ont pas été absolument détruits.
second, tandis que le premier est formé par une sorte de portique à entre-colonnement ionique,
composé de six colonnes, trois de chaque côté, deux cylindriques et une carrée, reposant sur une
balustrade ouvragée. Ces colonnes sont entourées de guirlandes de fleurs et de feuillages, qui
viennent se rattacher au milieu du panneau, en haut, à un cartouche surmonté des trois fleurs
de lis de France, sur lequel est figuré le signe zodiacal du mois.
La balustrade sur laquelle reposent les colonnes est garnie de somptueuses étoffes et de
superbes pièces d'orfèvrerie, cassolettes, buires, plateaux, brûle-parfums, vases, etc. Au milieu de
ces étoffes et de ces pièces d'orfèvrerie,
Mil- ~ ~ PP
ôj%|^=>.^^^ il <
,^$oq£---ï~~-^-.^—--==^l---^'Uifc^P^
sautent, jouent, grimacent, gambadent
ou se battent des animaux de tous poils
oit de toutes plumes : chiens, chats,
loutres, blaireaux, hérissons, renards,
lynx, rats, aigles, oies, pintades, grues,
bécasses, canards, dindons, etc., etc. Les
colonnes d'ordre ionique, que nous venons
de décrire, ne se trouvent pas clans toutes
les suites et sont remplacées dans plusieurs
par des cariatides du plus bel effet.
Dans son étude sur les tapisseries
du château de Pau, dont nous avons
parlé à différentes reprises, M. André
Gorse fait remarquer que les pièces d'or-
fèvrerie reproduites dans ces tentures sont
précisément celles que, plus tard, lors
des désastres des guerres de Succession
d'Espagne, les coffres étant vides,
Louis XIV fit fondre pour se procurer
un peu d'argent afin de subvenir aux
dépenses de ses armées.
C'est par cette série de tapisseries et
par celle de l'Histoire du Roi, conservée
au Garde-Meuble, ajoute-t-il, que l'on
pourrait reconstituer l'histoire de l'art de
l'Orfèvrerie au xvne siècle.
Disons que M. Guiffrey, en publiant
récemment, à la Librairie de l'Art, Y In-
ventaire du Mobilier de la Couronne sous
Louis XIV (1063-ijj5), où bon nombre
des pièces d'orfèvrerie figurant dans ces
tentures sont décrites et reproduites, a „ ^ L^a.. cU.
1 Château de Chambord: Septembre.
Singulièrement facilité Cette tâche à l'éru- Tapisserie du Château de Pau. - Dessin de Paul Laf'ond.
dit qui voudra bien l'entreprendre.
Une autre raison rend ces tapisseries particulièrement précieuses et en fait un document
d'un intérêt exceptionnel. C'est que les résidences royales qu'elles reproduisent ou n'existent plus
ou ont subi de nombreuses transformations qui en ont notablement modifié l'aspect.
Les châteaux de Madrid, des Tuileries, de Monceaux et de Marimont ne sont plus qu'un
souvenir. Le Louvre, le Palais-Royal, les châteaux de Blois, de Versailles, de Fontainebleau, de
Chambord, de Saint-Germain, de Vincennes, toujours debout heureusement, ne sont plus tels,
pour la plupart, qu'ils se trouvaient lorsque le grand roi les a fait reproduire. Les majestueux
jardins, les parcs grandioses dont les avait dotés cet incomparable artiste qui a nom Le Nôtre,
ont presque tous été bouleversés et transformés quand ils n'ont pas été absolument détruits.