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L'ART.
Un Jour de fête à Vécole, qui appartient au Musée de
Saintes, est bien mieux compris que l'autre tableau de
M. Jean Geoffroy acquis par l'État : la Prière des humbles,
peinture sourde, uniforme d'expression et d'aspect.
Le talent de M. Alfred Guillou 1 est justement appré-
cié ; c'est un délicat ; ce qu'il peint est toujours exempt de
vulgarité. Malheureusement les fausses exigences du
Salon l'entraînent parfois à exposer des toiles de propor-
tions trop considérables par rapport au sujet qu'il y
traite. La grande majorité des artistes est dans le même
cas. L'éclatant succès de M. Tito Lessi démontre toute
l'étendue de leur erreur; il a suffi à l'artiste toscan de
dessiner et de peindre avec une extrême perfection un
tout petit tableau : la Visite de Milton che\ Galilée, à
XVI
MM. Attendu, Bail père, Baye, Daudin, Mme Dubron,
MM. Kreyder et Alfred Magne, Mme Euphémie Muraton,
M1Ie Marie Novelli, Mmo Jenny Villebesseyx se recom-
mandent, à des titres divers, dans les rangs de l'armée si
nombreuse des bons peintres de nature morte dont nous
avons déjà signalé quelques-uns. Un des vétérans,
M. Biaise Desgoffe, continue avec la même patiente im-
peccabilité à peindre maints tableaux sur une même toile.
M. Bergeret se montre inégal; il se maintient dans A la
cuisine, tandis qu'il est inférieur à lui-même dans son
Panneau décoratif composé à la diable et d'une harmonie
discordante. Des deux toiles de M. Paul Biva, l'une ■—
Pavots — est par- Arcetri, près Flo-
mon jardin. M. Ta- -Cr,' \ t "^^^^S y > ' catégorie des
noux a peint habi- . , / ^ ^ —-^/-«^ Y choses auxquelles
lement un Inté- "X. ^ s'applique si sage-
rieur de cuisine qui ~ V I, ment, si patrioti-
eût gagné considé- ^ quement le mot de
rablement à ne pas ; ..... Gambetta : « Ypen-
se produire sur une Portrait de M. Charles Manso, poète lillois. ser toujours et n'en
toile aussi prodi- Par Aibéric Duyver. (Dessin de l'artiste.) parler jamais. » A
gieusement géante. plus forte raison
M. Jeannin est affligeant; il fausse compagnie au
talent remarquable dont il avait multiplié les preuves,
pour se mettre littéralement à maçonner — c'est le seul
mot exact — Dahlias et Chrysanthèmes.
XVII
Des peintres de genre, fort peu de chose à dire.
M. Lucien Laurent-Gsell, qu'il faut féliciter de s'être
décidé à faire ses adieux aux folies du Champ de Mars,
revient au Salon en y exposant, sur une trop grande
échelle, le Concours des bébés à la mairie de Passy 1, et le
Jubilé Pasteur, intelligemment traité dans les proportions
de VAtelier de M. Cabanel, tableautin qui attira pour la
première fois l'attention sur le jeune artiste.
i. Voir un dessin de l'artiste, d'après un fragment de ce tableau,
à la page 202 du tome I" de la ig° année de l'Art.
doit-on se garder de les peindre.
M. Daniel-Ridgway Knight, de Philadelphie, établi
depuis de longues années à Poissy, est un de ces artistes
qui commandent le respect parce que leur soif constante
de progrès les empêche de demeurer stationnaires. Elle
les pousse sans cesse à être de plus en plus sévères envers
eux-mêmes, ainsi que le fait M. Knight. La paysanne qu'il
a baptisée Flâneuse se recommande par le caractère, la
justesse de l'expression et de l'effet, et une harmonieuse
tenue d'ensemble.
Les Catéchumènes de M. Simon Durand ont tous les
mérites de composition et de facture spirituelles fami-
liers à l'artiste genevois.
Le Pardon, de M. Walter Gay, de Boston, est adroite-
1. M. Guillou a exposé Un Dimanche de Procession et Pêcheuse
de crevettes.
L'ART.
Un Jour de fête à Vécole, qui appartient au Musée de
Saintes, est bien mieux compris que l'autre tableau de
M. Jean Geoffroy acquis par l'État : la Prière des humbles,
peinture sourde, uniforme d'expression et d'aspect.
Le talent de M. Alfred Guillou 1 est justement appré-
cié ; c'est un délicat ; ce qu'il peint est toujours exempt de
vulgarité. Malheureusement les fausses exigences du
Salon l'entraînent parfois à exposer des toiles de propor-
tions trop considérables par rapport au sujet qu'il y
traite. La grande majorité des artistes est dans le même
cas. L'éclatant succès de M. Tito Lessi démontre toute
l'étendue de leur erreur; il a suffi à l'artiste toscan de
dessiner et de peindre avec une extrême perfection un
tout petit tableau : la Visite de Milton che\ Galilée, à
XVI
MM. Attendu, Bail père, Baye, Daudin, Mme Dubron,
MM. Kreyder et Alfred Magne, Mme Euphémie Muraton,
M1Ie Marie Novelli, Mmo Jenny Villebesseyx se recom-
mandent, à des titres divers, dans les rangs de l'armée si
nombreuse des bons peintres de nature morte dont nous
avons déjà signalé quelques-uns. Un des vétérans,
M. Biaise Desgoffe, continue avec la même patiente im-
peccabilité à peindre maints tableaux sur une même toile.
M. Bergeret se montre inégal; il se maintient dans A la
cuisine, tandis qu'il est inférieur à lui-même dans son
Panneau décoratif composé à la diable et d'une harmonie
discordante. Des deux toiles de M. Paul Biva, l'une ■—
Pavots — est par- Arcetri, près Flo-
mon jardin. M. Ta- -Cr,' \ t "^^^^S y > ' catégorie des
noux a peint habi- . , / ^ ^ —-^/-«^ Y choses auxquelles
lement un Inté- "X. ^ s'applique si sage-
rieur de cuisine qui ~ V I, ment, si patrioti-
eût gagné considé- ^ quement le mot de
rablement à ne pas ; ..... Gambetta : « Ypen-
se produire sur une Portrait de M. Charles Manso, poète lillois. ser toujours et n'en
toile aussi prodi- Par Aibéric Duyver. (Dessin de l'artiste.) parler jamais. » A
gieusement géante. plus forte raison
M. Jeannin est affligeant; il fausse compagnie au
talent remarquable dont il avait multiplié les preuves,
pour se mettre littéralement à maçonner — c'est le seul
mot exact — Dahlias et Chrysanthèmes.
XVII
Des peintres de genre, fort peu de chose à dire.
M. Lucien Laurent-Gsell, qu'il faut féliciter de s'être
décidé à faire ses adieux aux folies du Champ de Mars,
revient au Salon en y exposant, sur une trop grande
échelle, le Concours des bébés à la mairie de Passy 1, et le
Jubilé Pasteur, intelligemment traité dans les proportions
de VAtelier de M. Cabanel, tableautin qui attira pour la
première fois l'attention sur le jeune artiste.
i. Voir un dessin de l'artiste, d'après un fragment de ce tableau,
à la page 202 du tome I" de la ig° année de l'Art.
doit-on se garder de les peindre.
M. Daniel-Ridgway Knight, de Philadelphie, établi
depuis de longues années à Poissy, est un de ces artistes
qui commandent le respect parce que leur soif constante
de progrès les empêche de demeurer stationnaires. Elle
les pousse sans cesse à être de plus en plus sévères envers
eux-mêmes, ainsi que le fait M. Knight. La paysanne qu'il
a baptisée Flâneuse se recommande par le caractère, la
justesse de l'expression et de l'effet, et une harmonieuse
tenue d'ensemble.
Les Catéchumènes de M. Simon Durand ont tous les
mérites de composition et de facture spirituelles fami-
liers à l'artiste genevois.
Le Pardon, de M. Walter Gay, de Boston, est adroite-
1. M. Guillou a exposé Un Dimanche de Procession et Pêcheuse
de crevettes.