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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Servières, Georges: Camille Saint-Saëns
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0079

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CAMILLE SAINT-SAENS '

(suite)

La Symphonie en la qui, par suite de la destruction
des deuxième et troisième symphonies, porte aujourd'hui
sur les catalogues le titre de seconde Symphonie et qui n'a
été publiée que fort longtemps après sa composition3, est
une œuvre très classique par le plan et l'écriture. Après
un court prélude, paraît un thème fugué dont le dévelop-
pement, traité demain de maître, forme Y allegro.X5n char-
mant adagio à 3/8, en sourdine, d'une harmonie élégante,
rappelle, par sa brièveté et par la finesse de touche, les
délicates pièces pour piano de Schumann. Le scherzo est
peu original; le second thème syncopé rappelle la première
manière de Beethoven. Le finale à 6/8, en mouvement
rapide de saltarelle, est brillamment conduit, avec une
sûreté de main remarquable.

Le premier concerto de piano n'offre pas des idées bien
personnelles. UAndante, particulièrement, est bien vide et,
dans la partie du soliste, presque tout est donné à la vir-
tuosité.

A un concours ouvert en 1863 par la Société Sainte-
Cécile de Bordeaux, Saint-Saëns envoya une Ouverture
intitulée Spartacus, qui fut couronnée. Elle fut exécutée
le 26 novembre 1863 par l'orchestre de la Société, dans
l'église Notre-Dame. Cette ouverture est restée inédite,

En 1864, il se présenta de nouveau au Concours pour
le Prix de Rome. Il eut à mettre en musique une cantate
intitulée Ivanhoé, paroles de Victor Roussy, auteur d'un
extraordinaire volume de Fables où l'on cueille des titres
stupéfiants, tels que ceux-ci : l'Éligible et les Électeurs,
le Chien et la Locomotive, l'Aérostat et le Cerf-volant. Il
faut croire que les vers du fabuliste ne parvinrent pas à
inspirer Saint-Saëns ou qu'on lui préféra, suivant l'usage,
le bon élève sorti du Conservatoire après avoir suivi tous
les cours et remporté tous les prix. Le lauréat fut donc
M. Victor Sieg dont la réputation, depuis lors, n'a pas
beaucoup grandi, tandis que son rival a trouvé de quoi se
consoler de cet échec.

A cette époque, Saint-Saëns se produisait souvent
comme pianiste dans les concerts, soit pour faire connaître
ses compositions originales, soit pour interpréter les
œuvres des maîtres, ou pour prêter l'appui de son talent
aux artistes bénéficiaires. C'est ainsi que, dans l'hiver de
1864, il donna, dans les salons de la maison Plëyel-Wolf,
une série de six séances, dans lesquelles il passa en revue

1. Voir l'Art, 19° année, tome I", page 117.

2. Deux fragments de cette Symphonie, YAndante et le Scherzo,
furent donnés au Conservatoire le 16 février 1872. Elle fut exécutée
intégralement au concert du Châtelet le 1" février 1880. Présentée
sous le titre de première audition, elle causa quelque surprise par
sa sobriété et sa forme toute classique. La déception fut plus mar-
quée encore en 1892, quand elle fut jouée au concert Lamoureux.

les concertos de piano de Mozart. On le considérait comme
un pianiste très correct, mais la critique lui reprochait un
peu de froideur et de sécheresse. Il faut dire aussi qu'ha-
bitué dans ce temps-là aux excentricités musicales de Liszt
et des virtuoses étrangers plus ou moins chevelus, on
n'appréciait pas autant la simplicité voulue d'un artiste
exempt de pose, qui se contentait de traduire le plus fidè-
lement possible le style des classiques. Cependant, si ses
œuvres n'étaient alors connues que d'un petit nombre
d'amateurs, Saint-Saëns était très souvent appelé à se faire
entendre dans les salons ou dans les soirées officielles.

Le 17 février 1865, sa Sérénade pour orgue, piano,
violon et alto, fut exécutée par la nouvelle Société Sainte-
Cécile, dirigée par M. Wekerlin. Au concert donné par
Saint-Saëns, le 27 avril 1864 (salle Pleyel), figuraient la
Suite pour piano et violoncelle, composée de cinq mor-
ceaux : Prélude, sérénade, scherzo, romance exfinale,"et le
quintette pour piano et instruments à cordes, déjà connu.
Cette Suite comprend un élégant prélude, une sérénade
mélodieuse, et une romance rêveuse dans le style de
Schumann, un finale qui expose un brillant allegro, puis
un épisode fugué plein de verve, après lequel reparaît la
phrase du prélude qui donne lieu à une progression très
brillamment enlevée.

Jusqu'ici nous avons vu Saint-Saëns se livrer surtout
à la composition d'oeuvres de musique de chambre et de
musique religieuse. A trente ans, il n'a pas encore abordé
le genre qui séduit le plus les compositeurs français, celui
de la musique dramatique. Est-ce pour inspirer confiance
aux librettistes et les engager à lui confier un poème
d'opéra qu'il avait écrit une scène d'Horace sur les vers
de Corneille, celle où le vainqueur des Curiaces ren-
contre sa sœur éplorée et, sans pitié pour sa douleur,
frappe cette parjure de l'honneur romain? Il était hardi
de s'attaquer à Corneille, surtout pour un début, mais le
style ferme et expressif de l'œuvre convenait à la sévérité
romaine du grand tragique. L'entrée d'Horace s'annonce
par un thème de marche solennel et ronflant qui rend
heureusement la superbe et la jactance du triomphateur.
Le récit de Camille est bien déclamé. L'air d'Horace :
D'un ennemi public quand je reviens vainqueur, manque
d'originalité ; il rappelle Meyerbeer, surtout dans l'accom-
pagnement. Uagitato dans lequel Camille exhale son
désespoir est très passionné, les imprécations célèbres sont
rendues avec une réelle énergie dramatique, mais sans
éclats de voix criards et sans fracas d'orchestre. Cette
longue scène est déclamée avec une intelligence et une
sobriété d'effets qui faisaient bien augurer de l'avenir
dramatique du musicien. La progression par demi-tons
 
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