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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Servières, Georges: Camille Saint-Saëns
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0080

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58

L'ART.

sur le mot Rome! répété au commencement de chaque
vers, est véritablement trouvée. Après le meurtre de
Camille, le morceau conclut par le retour du thème de
l'entrée d'Horace.

Cette scène, avec orchestre, chantée au Cirque d'Hiver
par Mme Charton - Demeur et le baryton Petit, dans un
concert donné au profit de l'Œuvre des Faubourgs
(7 mars 1866), fut peu comprise et très froidement accueil-
lie.

L'année suivante (4 avril 1867), Sarasate, à l'un de
ses concerts, exécuta le concerto de violon en la mineur
de Saint-Saëns, ainsi que Y Introduction et rondo capric-
cioso, composition brillante aux allures mélodiques très
italiennes, qui a souvent été entendue depuis lors dans les
concerts parce qu'elle met en relief la souplesse et la
vélocité du violoniste. Le concerto se compose d'un seul
mouvement, allegro 6/8 très franc de rythme. Les idées
en sont élégantes et la phrase chantante du violon très
expressive. Un mélodieux andante se trouve encadré dans
le mouvement allegro dont la brillante reprise sert de
conclusion. Le 27 avril, il joua, outre le concerto, une
Romance inédite pour violon. En mai furent mis en vente
les Trois Rapsodies pour orgue et le Caprice pour piano
sur les airs de ballet d'Alceste, que l'auteur avait exécuté,
le 14 avril, à l'un des concerts de l'Athénée.

Un concours ayant été ouvert en 1867 pour une can-
tate destinée à fêter l'Exposition Universelle, le prix,
disputé par 202 musiciens, fut accordé, à l'unanimité, à
Camille Saint-Saëns, auteur des Noces de Prométhée,
paroles de M. Romain Cornut. Auber, qui présidait le
jury, avait du jeune compositeur une défiance instinctive,
irraisonnée, mais absolue. Comme l'influence de cette
hostilité systématique pouvait lui aliéner les voix de
quelques jurés, le musicien fit expédier de Londres, avec
des précautions mystérieuses, le manuscrit de sa cantate
et quand, le classement effectué, on ouvrit les enveloppes
contenant le rappel des numéros et légendes portés sur les
manuscrits et indiquant les noms des auteurs, Auber se
trouva mystifié, à la grande joie du lauréat.

L'auteur croyait fermement que son œuvre serait
solennellement exécutée lors de la distribution des récom-
penses de l'Exposition, au Palais de l'Industrie. Il espé-
rait voir son talent, proclamé par la consécration officielle,
mis en lumière par cette marque d'honneur. Quelle ne fut
pas sa surprise quand il apprit que Rossini, renonçant au
silence auquel il se condamnait dans sa retraite de Passy,
avait écrit spontanément pour cette cérémonie un hymne
pour baryton solo et chœur, avec accompagnement d'or-
chestre et musique militaire! Le jeune lauréat ne pouvait

que céder le pas à un illustre musicien, membre de l'Ins-
titut. Ce ne fut donc pas la cantate couronnée, mais
l'hymne de Rossini qui fut exécuté à l'entrée de l'empereur,
le icr juillet, pour la distribution des récompenses. La
musique du maestro avait toutes les qualités requises pour
résonner dans l'immense hall vitré du Palais de l'Indus-
trie, tandis qu'avec la déplorable acoustique du monu-
ment, les soli et les finesses orchestrales de la partition de
Saint-Saëns eussent été perdus pour la niasse des audi-
teurs.

Cependant, la commission impériale avait promis de
subvenir aux frais d'une bonne exécution de l'œuvre cou-
ronnée par le jury. Le temps s'écoula, le budget de l'expo-
sition musicale s'épuisa et quand le lauréat vint faire
valoir ses droits auprès de M. Le Play, commissaire
général de l'Exposition, celui-ci chercha des échappatoires.
Déconvenu, l'auteur, très nerveux, perdit patience et
s'indigna du procédé dans une lettre adressée au Figaro.

En présence de l'attitude délibérée prise par le jeune
compositeur et des querelles de journaux qu'elle pouvait
lui susciter, M. Le Play, se ravisant, mit à la disposition
du lauréat une somme de 2,5oo francs qui permit à Saint-
Saëns d'organiser une belle exécution de sa cantate, au
Cirque de l'Impératrice (ier septembre 1867), avec, pour
solistes, Mme Sasse, Faure et Warot.

En voici l'argument : Prométhée, subissant la punition
de sa témérité, est attaché sur un rocher situé aux confins
du vieux monde. Mais, à la fin des siècles, l'Humanité
s'éprend d'un immense amour pour son rédempteur, elle
le délivre par ses travaux prodigieux et innombrables,
réunis au Palais de l'Exposition. On voit que la façon
dont M. Romain Cornut, qui était alors un échappé de
collège, a traité le vieux mythe grec, est quelque peu
enfantine.

Après une introduction en ré mineur, une mélopée du
ténor récitant, d'une teinte lugubre, raconte le supplice
de Prométhée. L'orchestre expose ensuite un cantabile en
ré majeur qui annonce l'hymen de l'Humanité. Le chant
de l'Humanité a de la pompe. Le chœur des Peuples, en
style fugué, produisit un grand effet. Dans le prélude de
la seconde partie, les bassons exposent une phrase très
douce sur des arpèges de harpe. Le début de l'air de
Prométhée délivré est écrit en mouvement de marche
saccadé, un peu vulgaire, la suite est plus mélodieuse. Le
duo de Prométhée et de l'Humanité, assez médiocre, est
suivi d'un finale solennel à quatre temps sur le thème
instrumental en ré majeur.

Georges Servières.

(La suite prochainement.)

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DCCXIII

La Normandie Monomentale et Pittoresque [Edifices
publics, Eglises, Châteaux, Manoirs, etc.). Héliogra-
vures de P. Dujardin, d'après les photographies de
E. Letellier. Texte par J. Adeline, J. Bailliard, C. et
E. de Beaurepaire, D. Coutan, L. Delisle, A. Darcel,
D. Dergny, G. Lwalley, G. Le Breton, C. Le Goffic,
l'abbé J. Loth, S. Luce, A. Naef, l'abbé Sauvage, De la

Sicotière, L. de Vesly, etc., etc. Le Havre, Lemale et
Cle, imprimeurs-éditeurs

IV

Le premier volume de la somptueuse et éminemment
artistique publication de MM. Lemale et Cie est aujour-
d'hui terminé. Il est entièrement consacré au département
de la Seine-Inférieure et toutes les richesses architectu-

1. Voir l'Art, 19* année, tome I", pages 20 et 262.
 
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