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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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8o

L'ART.

M. Maurice Lefèvre fit, cet hiver, à la Bodinière de la
rue Saint-Lazare, une série de conférences consacrées à
l'histoire de la chanson française. Ces spirituelles confé-
rences viennent d'être réunies en un volume qui aura
plus de lecteurs encore que M. Maurice Lefèvre, malgré
tout son légitime succès, n'obtint d'auditeurs. Parmi les
nombreuses chansons intelligemment semées dans ce
livre, je ne puis résister au plaisir de rappeler « une
mélodie de Reber sur d'exquises paroles d'Alexandre
Dumas père. Il s'agit, comme vous l'allez voir, de deux
amoureux qui se murmurent à l'oreille le joli secret qui
fait rêver les jeunes filles, et dont les mamans ne se sou-
viennent point sans douceur. J'aime le gazouillis discret
dont le musicien a souligné les vers, car le charmant aveu
qu'ils contiennent est de ceux qui se murmurent bien
près, bien bas, et qu'on devine plutôt qu'on ne les entend.
Ce lied, qui fa.it songer aux tendres mélodies que Henri
Heine inspirait à Schumann, est intitulé l'Échange. Ce
mot seul vous en dit le sujet.

« L'ÉCHANGE
« Paroles d'Alexandru Dumas père.
« Musique de Henri Reber.

« En me promenant ce soir au rivage,
Où pendant une heure à vous j'ai rêvé,
J'ai laissé tomber mon cœur sur la plage :
Vous veniez après, vous l'aviez trouvé.

« Dites-moi comment finir cette affaire,
Les procès sont longs, les juges vendus,
Je perdrai ma cause et, pourtant, que faire?
Vous avez deux cœurs et je n'en ai plus!...

« Mais quand on s'entend, bientôt tout s'arrange.
Et souvent un mal nous conduit au bien :
De nos cœurs, entre eux, faisons un échange,
Donnez-moi le vôtre et prenez le mien 1 ! »

M. Maurice Lefèvre a eu soin d'émailler son livre de
piquantes anecdotes, il en est une qui a trait à Thérésa et
la Patti2; l'auteur n'en garantit point l'authenticité, mais
la tient pour très vraisemblable; je la sais très vraie.

Paul Leroi.

DCCXVII

Collection Guillaume. Le Bambou, périodique illustré.
E. Dentu, éditeur. Paris, 3, place de Valois. 1893.

Nous avons eu maintes occasions de signaler les rares
mérites de l'exquise Petite Collection Guillaume; son
énorme succès a engagé M. Edouard Guillaume à fonder,
sous son intelligente direction, ce périodique illustré qui
paraît tous les mois et dont le texte et les dessins sont
rigoureusement inédits. Nous avons sous les yeux le pre-
mier fascicule dont l'aspect est d'une élégance accomplie.
Quant au but poursuivi, nous ne saurions mieux faire que
de reproduire l'avertissement placé en tête de ce brillant
début :

Tout notre siècle a été grandement transformateur — mais
surtout ces derniers vingt ans ont modifié profondément notre vision
des êtres et des choses. L'univers n'est plus le même. Les moindres
choses sont regardées d'un autre œil. La photographie nous a appris
à voir ce que nous voyions d'après des conventions. La science nous
a refait l'idée de l'univers, de la vie, de la mort, de la maladie, de
la santé, du passé et du présent. L'art seul retarde un peu et s'obs-
tine encore à ne pas voir ces merveilleux changements, et cependant
une génération est là qui grandit, les hommes nouveaux qui vont
apporter les choses nouvelles, les hommes qui vont écrire et peindre
pour la génération qui monte.

1. Pages 5i à 53.

2. Pages 39 à 42.

Frappés de l'insuffisance des périodiques, des choses intéres-
santes pour tous qui ne sont pas présentées au public sous la forme
strictement vraie — nous tentons de combler une inexcusable lacune
par une publication d'un ordre absolument nouveau.

Nous voulons publier des œuvres d'imagination neuves, sur des
sujets passionnants et inconnus, des sujets qui nous conduiront à
travers le temps et à travers l'espace, depuis l'Homme qui vivait il
y a huit mille ans dans les cavernes et sur les lacs, jusqu'à l'Homme
contemporain, depuis le Parisien jusqu'à l'habitant du centre de
l'Afrique.

En un mot, dans une publication nouvel|le par sa composition
matérielle, nous tenterons d'infuser un esprit hardi et novateur,
qui s'adresse à tout le monde et qui émeuve tout le monde. Aucun
sacrifice ne nous coûtera, pour que l'œuvre soit tout ensemble
luxueuse, commode, parfaitement artistique, originale et docu-
mentée.

Nous souhaitons à notre nouveau confrère un succès
égal à celui si légitimement conquis par la Petite Collec-
tion Guillaume.

Paul Leroi.

DCCXVIII

Edouard Noël et Edmond Stoullig. Publication cou-
ronnée par l'Académie française. Les Annales du
Théâtre et de la Musique, avec une préface par Jules
Lemaitre. Dix-huitième année. 1892. Paris, Biblio-
thèque-Charpentier, G. Charpentier et E. Fasquelle,
éditeurs, 11, rue de Grenelle. In-18 de ix-537 pages.

Les Temps difficiles, par J. L. Forain. Mêmes édi-
teurs.

Frantz Jourdain. L'Atelier Chantorel. Bibliothèque
Charpentier. In-18 de xi-329 pages.

L'excellente publication de MM. Edouard Noël et
Edmond Stoullig se poursuit depuis dix-huit ans avec un
succès toujours croissant; les auteurs le méritent par leur
souci de perfectionner sans cesse leur volume annuel. La
préface qu'ils ont demandée pour leur année 1892 à
M. Jules Lemaitre est intitulée : le Mysticisme au Théâtre;
inutile d'ajouter que le critique du Journal des Débats
n'est pas au nombre des partisans de cette étrange tenta-
tive d'invasion. Aussi n'est-on point surpris de la conclu-
sion. Il « ne pense pas que ce « mouvement » mystique,
dont il paraît que nous sommes témoins, puisse avoir, au
théâtre non plus qu'ailleurs, une signification ni une
portée bien sérieuses. Cette piété sans foi n'est qu'épicu-
réisme littéraire. Elle prouve simplement que nous avons
des esprits comparables, par leur hospitalité, au Musée
Guimet ou à cette Villa Hadriana où le plus spirituel des
empereurs avait réuni les images de toutes les divinités
adorées par les hommes. »

Si jamais le scepticisme fut de saison, c'est bien en effet
au sujet de la sincérité du mysticisme dramatique, pur
dilettantisme religieux mort-né!

L'album de Forain restera comme un commentaire peu
flatteur de la moralité de la défunte Chambre des Députés,
où l'on ne comptait, ainsi que l'a imprimé M. Maurice
Barrés, que trop d'honorables n'ayant d'autre fortune que
leur indemnité législative et vivant cependant à Paris en
dépensant beaucoup plus, énormément plus.

Je voudrais vous parler du dernier volume édité par
MM. Charpentier et Fasquelle ; je dois me borner à signa-
ler l'Atelier Chantorel et vous engager à lire ce livre, qui
a une bien autre portée qu'un simple roman comme il en
pleut tous les jours.

Notre rédacteur en chef m'a prévenu que mon confrère,
M. Paul Leroi, compte entretenir les lecteurs de l'Art de
la sérieuse valeur de l'Atelier Chantorel.

Adolphe Piat.
 
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