NOTRE BIBLIOTHÈQUE.
97
c'est ce gros brave homme, — un fin artiste pourtant, s'il | fait reproduire, est vraiment un petit chef-d'œuvre. Voici
est bien le graveur Le Bas, — qui comment le décrit M. Moureau :
fait une sieste tranquille et sans ['. « Cette vue de la fête est prise du
souci. Coiffé d'une sorte de madras, lî; V. tapis vert; on a devant les yeux le
vêtu d'un simple gilet à manches et [y . . . - , Bassin du Char Embourbé et toute
d'une culotte, les bas assez mal tirés " , la perspective du Canal de Mainte-
autour de ses mollets courts, les % ': non. Des portiques de lumière alter-
pieds à l'aise dans de rustiques sou- j fâSSSjfo riant avec des ifs incandescents
liers, il s'est confortablement en- . , éclairent les profondeurs du parc,
foncé dans une dormeuse, les jambes \"l|r%ejf[3^•• ' 'JjS^Ks» où stationne un peuple en liesse. Sur
posées sur un coin de chaise, et, les ^^$È< ' ' ' ' ~~ 'a P^ce d'eau vogue une flottille
poings dans les poches, sa bonne ' fgpj 'P^^^^BSfy^^'ffl vénitienne. Au premier plan, des
face épanouie dans une béatitude, il personnages demeurés dans l'ombre
fait vraiment envie. Le dessin, Jhjl WÊ^fMsM^^-. ■ t"'\ s'agitent ou s'attroupent devant des
comme il va de soi lorsque l'imagi- ^^/TY^aff-^^W^^^É^ boutiques et des baraques en plein
nation est si franche, prend ici une ÉfyèfâA ' |AfoP\^Lw vent; ces petites figures sont tou-
souplesse et un moelleux du plus ^'v^M^^P^ Ws^w!m chées avec un art vraiment exquis. »
heureux effet. (hic M. Moureau ne pouvait-il, la
A côté de ces morceaux pleins de <r > ' ' 'j> r "l|f|ff " place lui étant mesurée, insister un
saveur, nous avouons sans peine que <- ' ' , ' ' peu sur ce dessin, qui n'a jamais été
les vignettes dont.I. M. Moreau a . . gravé? Il nous aurait montré les
illustré tant de livres au cours de sa ' |!| 1 ;'' 1 1 ; '|§|j| contrastes d'ombres et de lumières
longue carrière, depuis Ovide jus- 1 - |éclatantes, l'étincellemcnt des por-
qu'à Molière, Voltaire ou Jean- tiques et des arbres .enflammés, et
Jacques, ne nous charment que par M , §I°È& 'cs reflets <*e tous ces ^cux sur les
intervalles. Les connaisseurs, feuillages de droite et de gauche,
croyons-nous, trouvent dans cette surtout le grouillement de la foule
partie si considérable de l'œuvre à fourmillante autour du vaste bassin
louer le graveur plus que le compo- L j T y vjft%! î'vJjjX-, \ qiu" resplendit. Aux arrière-plans,
siteur; nous n'exceptons même pas c'est un incroyable papillotement
les Chansons de M. de Laborde, qui de tètes qui s'agitent dans le branle
contiennent, certes, de jolies pages, fi.;, y . , '■:;'■-(■, des fêtes populaires, et, néanmoins,
comme les Amours de Glicère et ——«—■—- " il y a dans cette masse compacte de
/ , ■ ■ . , Dessin tiré de l'album de J. M. Moreau le Jeune, - j • j » s <
a Alexis, mais ou régnent en souve- . . , „ corps entasses des jours, des traînées
D ovtxis. appartenant au Musée du Louvre. — (Les Moreau.) * . .
rains, avec la convention des bana- d'air et comme des clairières où se
lités idylliques ou sentimentales, bergers et bergères de | profilent les silhouettes de groupes microscopiques et qui
pastorales fades, ingé- vivent pourtant ; on dis-
nues et coquettes de Ma- _ _ _ tingue des couples qui
rivaux. Combien nous ,y'ÏV^ s'avancent, des dames à
préférons à cette défro- y yd'^? -| paniers et des seigneurs
que d'opéra-comique, à , '. j - 7 à pourpoints. En avant
toute cette mise en scène • . . *d<\ ^ ' -'■ 1 de la nappe d'eau, les
rococo de Trianon la z: " ' ■'- groupes, comme il con-
superbe page qui repré- \y^\%y<-K ' " vient, sont plus distincts,
sente l'illumination du W^'V^wW \- étant plus grands, et là,
parc et du château de . /M^^^m)\Zvraiment, l'illusion est
Versailles à l'occasion \\0^f"''," entière ; nous nous
des noces de Louis XVI, croyons de la fête et nous
le 16 mai 1770 1 Moreau, nous mêlons à la joie de
dessinateur à gages des fi '. „ ; ^ 1 * , , tous ces spectateurs qui
fêtes et cérémonies de la t y ' 1 s'amusent si franchement
Cour, n'a pas toujours, j,y 0:^-"^ ■ ; ,fifizJ fi fifi ^:fi. \ et goûtent l'émerveille-
selon nous, échappé aux j.y'y /fifiÉ:fi'';_ fifi$-fifi fi' dy^'-y/: ' \V\ ment d'une si belle nuit,
froideurs tristes de l'art Le char des nouveaux
officiel. Nous ne nous époux, au bord du lac,
v 'Jy.-:'-":.. ' <fi£/ -fi:fi% ■■ ■■■■'■'.*-. '■^--':i:r;";yy;''' v.i y
intéressons guère qu'à ^ '\'^ ' ' \ fend les acclamations en-
titre de documents à , ''.'y^:'^%y-:.' î/fifi^/^firr-Àfi:.fi\ . thousiastes, le grand char
VOuverture des Etats- de gala à huit chevaux,
Généraux à Versailles, ':W^?h--'¥^~r§¥' avec ses grands laquais
le 4 mai 1789; à 1VL- par derrière, où le couple
semblée des Notables,
présidée par Louis XVI,
en l'année ijSj; à la
Constitution de l'Assem-
royal apparaît à travers
la portière. Mais, au
premier plan surtout, la
fête bat son plein : ron-
blée Nationale, à Ver- Dcssii, tiré de l'album de J. M. Moreau le Jeune, des autour des feux de
Sailles, le 17 juin 1789, appartenant au Musée du Louvre. - (Les Moreau.) j0JCj bousculades autour
etc.; mais le dessin du des charlatans, chars
Musée du Louvre, jusqu'ici inédit, que M. Moureau a | féeriques où de belles indolentes se laissent traîner par
97
c'est ce gros brave homme, — un fin artiste pourtant, s'il | fait reproduire, est vraiment un petit chef-d'œuvre. Voici
est bien le graveur Le Bas, — qui comment le décrit M. Moureau :
fait une sieste tranquille et sans ['. « Cette vue de la fête est prise du
souci. Coiffé d'une sorte de madras, lî; V. tapis vert; on a devant les yeux le
vêtu d'un simple gilet à manches et [y . . . - , Bassin du Char Embourbé et toute
d'une culotte, les bas assez mal tirés " , la perspective du Canal de Mainte-
autour de ses mollets courts, les % ': non. Des portiques de lumière alter-
pieds à l'aise dans de rustiques sou- j fâSSSjfo riant avec des ifs incandescents
liers, il s'est confortablement en- . , éclairent les profondeurs du parc,
foncé dans une dormeuse, les jambes \"l|r%ejf[3^•• ' 'JjS^Ks» où stationne un peuple en liesse. Sur
posées sur un coin de chaise, et, les ^^$È< ' ' ' ' ~~ 'a P^ce d'eau vogue une flottille
poings dans les poches, sa bonne ' fgpj 'P^^^^BSfy^^'ffl vénitienne. Au premier plan, des
face épanouie dans une béatitude, il personnages demeurés dans l'ombre
fait vraiment envie. Le dessin, Jhjl WÊ^fMsM^^-. ■ t"'\ s'agitent ou s'attroupent devant des
comme il va de soi lorsque l'imagi- ^^/TY^aff-^^W^^^É^ boutiques et des baraques en plein
nation est si franche, prend ici une ÉfyèfâA ' |AfoP\^Lw vent; ces petites figures sont tou-
souplesse et un moelleux du plus ^'v^M^^P^ Ws^w!m chées avec un art vraiment exquis. »
heureux effet. (hic M. Moureau ne pouvait-il, la
A côté de ces morceaux pleins de <r > ' ' 'j> r "l|f|ff " place lui étant mesurée, insister un
saveur, nous avouons sans peine que <- ' ' , ' ' peu sur ce dessin, qui n'a jamais été
les vignettes dont.I. M. Moreau a . . gravé? Il nous aurait montré les
illustré tant de livres au cours de sa ' |!| 1 ;'' 1 1 ; '|§|j| contrastes d'ombres et de lumières
longue carrière, depuis Ovide jus- 1 - |éclatantes, l'étincellemcnt des por-
qu'à Molière, Voltaire ou Jean- tiques et des arbres .enflammés, et
Jacques, ne nous charment que par M , §I°È& 'cs reflets <*e tous ces ^cux sur les
intervalles. Les connaisseurs, feuillages de droite et de gauche,
croyons-nous, trouvent dans cette surtout le grouillement de la foule
partie si considérable de l'œuvre à fourmillante autour du vaste bassin
louer le graveur plus que le compo- L j T y vjft%! î'vJjjX-, \ qiu" resplendit. Aux arrière-plans,
siteur; nous n'exceptons même pas c'est un incroyable papillotement
les Chansons de M. de Laborde, qui de tètes qui s'agitent dans le branle
contiennent, certes, de jolies pages, fi.;, y . , '■:;'■-(■, des fêtes populaires, et, néanmoins,
comme les Amours de Glicère et ——«—■—- " il y a dans cette masse compacte de
/ , ■ ■ . , Dessin tiré de l'album de J. M. Moreau le Jeune, - j • j » s <
a Alexis, mais ou régnent en souve- . . , „ corps entasses des jours, des traînées
D ovtxis. appartenant au Musée du Louvre. — (Les Moreau.) * . .
rains, avec la convention des bana- d'air et comme des clairières où se
lités idylliques ou sentimentales, bergers et bergères de | profilent les silhouettes de groupes microscopiques et qui
pastorales fades, ingé- vivent pourtant ; on dis-
nues et coquettes de Ma- _ _ _ tingue des couples qui
rivaux. Combien nous ,y'ÏV^ s'avancent, des dames à
préférons à cette défro- y yd'^? -| paniers et des seigneurs
que d'opéra-comique, à , '. j - 7 à pourpoints. En avant
toute cette mise en scène • . . *d<\ ^ ' -'■ 1 de la nappe d'eau, les
rococo de Trianon la z: " ' ■'- groupes, comme il con-
superbe page qui repré- \y^\%y<-K ' " vient, sont plus distincts,
sente l'illumination du W^'V^wW \- étant plus grands, et là,
parc et du château de . /M^^^m)\Zvraiment, l'illusion est
Versailles à l'occasion \\0^f"''," entière ; nous nous
des noces de Louis XVI, croyons de la fête et nous
le 16 mai 1770 1 Moreau, nous mêlons à la joie de
dessinateur à gages des fi '. „ ; ^ 1 * , , tous ces spectateurs qui
fêtes et cérémonies de la t y ' 1 s'amusent si franchement
Cour, n'a pas toujours, j,y 0:^-"^ ■ ; ,fifizJ fi fifi ^:fi. \ et goûtent l'émerveille-
selon nous, échappé aux j.y'y /fifiÉ:fi'';_ fifi$-fifi fi' dy^'-y/: ' \V\ ment d'une si belle nuit,
froideurs tristes de l'art Le char des nouveaux
officiel. Nous ne nous époux, au bord du lac,
v 'Jy.-:'-":.. ' <fi£/ -fi:fi% ■■ ■■■■'■'.*-. '■^--':i:r;";yy;''' v.i y
intéressons guère qu'à ^ '\'^ ' ' \ fend les acclamations en-
titre de documents à , ''.'y^:'^%y-:.' î/fifi^/^firr-Àfi:.fi\ . thousiastes, le grand char
VOuverture des Etats- de gala à huit chevaux,
Généraux à Versailles, ':W^?h--'¥^~r§¥' avec ses grands laquais
le 4 mai 1789; à 1VL- par derrière, où le couple
semblée des Notables,
présidée par Louis XVI,
en l'année ijSj; à la
Constitution de l'Assem-
royal apparaît à travers
la portière. Mais, au
premier plan surtout, la
fête bat son plein : ron-
blée Nationale, à Ver- Dcssii, tiré de l'album de J. M. Moreau le Jeune, des autour des feux de
Sailles, le 17 juin 1789, appartenant au Musée du Louvre. - (Les Moreau.) j0JCj bousculades autour
etc.; mais le dessin du des charlatans, chars
Musée du Louvre, jusqu'ici inédit, que M. Moureau a | féeriques où de belles indolentes se laissent traîner par