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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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100

L'ART.

de contempler et d'étudier à nouveau la merveilleuse
cathédrale.

Paris vous tend les bras. En rentrant au logis, vous
vous féliciterez, une fois de plus, d'avoir pris un guide
aussi sûr que M. Constant de Tours.

Louis Decamps.

DCCXXI

Publications de la Maison E. Dentu, 3 et 5, place de
Valois (Palais-Royal).

Ernest Jaubert. La Couleur des heures. Préface de
Charles Morice. In-i8 de ix-264 pages.

Gustave Geffroy. La Vie artistique. Préface d'En-
mond de Goncourt. Pointes sèches d'EuoÈNE Carrière
et d'AuGUSTE Rodiw Première série : Le Sarcophage
égyptien— Edouard Manet— Claude Monet— Eugène
Carrière — Auguste Rodin — Camille Pissaro — J. F.
Raffaelli — Meissonier — Puvis de Chavannes — J. B.
Jongkind ■— Whistler — L'Art japonais — Salons
de iSgo et de i8gi, etc., etc. In-18 de xvi-375 pages.

— Deuxième série : Le Bagne de l'idéal — Rembrandt

— Holbein — Auguste Rodin — Gustave Doré— André
Gill — Karl Bodmer — Adolphe Willette — Jules
Cher et ■— L'LIôtel de Ville de Paris — Le Louvre —
Coucy— Le Théâtre d'Orange — Entrée des danseuses

— Salon de i8g2 — Le Symbolisme, etc., etc. In-18 de
3g6 pages.

Lorsque M. Ernest Jaubert veut bien se contenter
d'avoir du talent, il vous charme fort agréablement, témoin
son Jardin-Rondel :

Le jardin de la Damoiselle
C'est d'Elle qu'il a tout fleuri.
Le rosier blanc penché vers Elle
Est éclos lorsqu'Elle a souri.

Bluets, son œil bleu vous cisèle.
La menthe est son souffle chéri.
Le jardin de la Damoiselle,
C'est d'Elle qu'il a tout fleuri.

Les lys, blanches ailes d'oiselle,
Son sein blanc fut leur prime abri.
Son pied qu'une épine a meurtri
D'un rosier rose-sang rosèle

Le jardin de la Damoiselle.

Malheureusement il ne s'en tient point là et ses admi-
rations littéraires et artistiques l'égarent en des Témoi-
gnages d'un mérite beaucoup plus contestable. Cela
débute par cet Envoi :

Rois de l'art, vos noms impâlis
Fulgurent comme des victoires.
Agréez, vous que fier j'élis,
Ces ballades dédicatoires.

Et cela nous vaut d'apprendre d'abord que :

Prince de notre République
Il vit, dans son style invieilli,
Comme en sa châsse une relique,
Jules Barbey d'Aurevilly.

C'est ensuite le tour du « fumiste » par excellence :

Roi clos, charbon diamantaire,
Ciel noir où serpente enflammé
L'éclair tonnant et sagittaire,
Tel est Stéphane Mallarmé.

Dans cette voie, M. Pierre Puvis de Chavannes, le
« rusé poncif », si justement qualifié par M. Huysmans,
ne pouvait être oublié :

Prince, la longue théorie
Des siècles ira célébrant
Son immortelle seigneurie.
Puvis de Chavannes fait grand.

Il y en a comme cela une kyrielle et naturellement
M. Paul Verlaine,

Bouillant de vie incontenuc,
devait être de la fête.

Verlaine est un tigre royal,

s'écrie M. Jaubert, et je suis trop courtois pour discuter
un tel compliment.

L'auteur me paraît infailliblement appelé à se montrer
bientôt sévère envers lui-même, à reconnaître que l'excen-
tricité, toujours voulue, n'a rien de commun avec l'origi-
nalité et à conquérir alors le droit que lui accorde si
bienveillamment aujourd'hui M. Charles Morice, « de
s'inscrire dans la belle et grave phalange des poètes de
pensée, entre lesquels rayonne l'ombre auguste d'Alfred
de Vigny. » Alfred de Vignv veut être respecté.

Les deux volumes de la Vie artistique de M. Gustave
Geffroy sont, au point de vue littéraire, dignes de la plus
sérieuse attention. On est en présence d'un écrivain de
race dont on regrette de ne pouvoir accepter tous les
jugements artistiques. Ce n'est pas que ses arrêts les plus
sévères soient le moins du monde de nature à m'épou-
vanter, moi qui demande qu'on ferme la manufacture
nationale d'architectes, de sculpteurs, de peintres et de
graveurs, décorée du nom d'École Nationale des Beaux-
Arts.

J'ai suivi très attentivement et avec le plus sérieux
intérêt la publication des diverses études de M. Geffroy
réunies aujourd'hui dans ces deux volumes ; mon impres-
sion n'a point varié : c'est par trop de la littérature — de
l'excellente littérature, il est vrai — et, souvent, pas assez
de la critique d'art. Je ne me pardonnerais pas d'être
aussi affirmatif sans discussion avec un écrivain de la
valeur de M. Gustave Geffroy. J'aurai prochainement
occasion de revenir sur la Vie artistique, et cette occasion
me permettra de signaler plus longuement et ses mérites
et les réserves imposées par la seule question d'art.

Paul Leroi.
 
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