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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Le cent-onzième Salon de Paris et Le cent-vingt-cinquième Salon de Londres, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0163

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LE CENT-ONZIÈME SALON DE PARIS, ETC.

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selle, débuta dans les meilleures conditions il y a quelques
années et l'Art eut grand soin d'insister sur les brillantes
promesses de son talent '.

Sa sœur, Miss Flora M. Reid, attira l'attention à la
même époque2 et, cette année, elle a exposé Faith, un
tableau de genre qui, sans être supérieur, est vraiment
intéressant.

Pendant quelque temps, la manière si franche de
M. Reid ne subit pas précisément une éclipse, mais s'égara
plus ou moins en tentatives contraires au tempérament de
l'artiste. Sa facture n'était plus aussi saine. Il ne tarda pas

à s'en apercevoir et eut le bon esprit de rentrer au plus
vite dans l'excellente voie de son point de départ.

Doué d'un sentiment délicat, d'une grande justesse
d'observation, animé d'un sincère amour de son art, il
s'est attaché à traduire avec un égal bonheur ces scènes
familières que ses devanciers ont excellé à rendre atta-
chantes, grâce à leur exceptionnelle distinction du pinceau
qui élève au rang d'œuvre d'art un sujet trop souvent terre
à terre. Il y réussit de manière à satisfaire les plus diffi-
ciles par la manière dont il établit ses compositions, par
le caractère de son dessin, [l'entente harmonieuse de la

Portrait du Capitaine William Harvey, favori de Georges IV,
par John Russell. — (Collection de Lord Ronald Gower.)

tonalité générale, l'enveloppe de sa facture et sa touche
grasse et ferme.

Des deux tableaux de M. John R. Reid, l'un — The
Boatman's Lass — ne comptait réellement qu'à titre de
simple carte de visite. Il n'en était pas de même de « Poor
are the Friends of the Poor 3 ». Cette œuvre importante
— une page du cruel poème de la misère — est exempte
de toute emphase ; sa sincérité émotionnë d'autant plus
vivement.

La nature est en deuil ; elle s'est mise à l'unisson de la
situation douloureuse de ces malheureux à qui vient en
aide une humble main secourable. Tout cela est simple-

i. Voir l'Art, i5° année, tome II, page 179.
1. Voir l'Art, 16° année, tome I", page 218.
3. Pauvres sont les amis des pauvres.

ment indiqué, sans exagération aucune, presque en sour-
dine. Le lieu de la scène est en si intime harmonie avec
les personnages qu'une indicible impression générale de
tristesse attendrie se dégage de tout l'ensemble et vous
envahit, quoique vous en ayez.

Cela n'est nullement pleurnicheur; cela se borne à être
vécu. M. Reid, en créant cette œuvre éloquente, n'a recouru
à aucune ficelle vulgaire ; il est resté artiste de sérieuse
valeur du premier au dernier coup de pinceau.

Les lecteurs de l'Art en jugeront par le dessin à la plume
que M. John R. Reid, répondant très courtoisement à
notre désir, a l'obligeance d'exécuter pour eux d'après son
tableau, ainsi qu'il le fit avec non moins d'empressement
il y a quelques années, en pareille circonstance.

(Lafin prochainement.) Paul LeROI.

Tome LV. 18
 
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