DOI article:
Lefebvre, Léopold: Les peintres américains à l'Exposition Universelle de Chicago, [1]
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0168
est l'architecte du Palais des Beaux-Arts; celui-ci', de style ionique, a 1,120 pieds de
long sur 5oo pieds de large; les tableaux couvrent un espace de 200,000 pieds carrés,
dont 35,ooo sont occupés par les peintres des Etats-Unis.
L'organisation de la section des Beaux-Arts est l'œuvre de M. Halsey C. Ives, le
très intelligent et éminemment actif directeur du Musée et;des Écoles d'art de la ville
de Saint-Louis ; vous l'avez vu plus d'une fois à Paris, où son mérite exceptionnel a
été hautement apprécié. On ne pouvait faire plus heureux choix pour assurer le succès îjP '^tj&S$^i^^
de la section des Beaux-Arts.
Onze grandes et dix petites galeries sont consacrées aux tableaux, aquarelles, pastels,
dessins et gravures des États-Unis, représentés au catalogue par 2,516 numéros. t^1"^
Si, animé d'une bienveillante impartialité, vous pénétrez dans la section américaine,
votre première impression est toute de surprise en constatant le niveau, élevé déjà,
atteint par l'art américain. Nous sommes là bien loin de cette époque, pourtant peu
éloignée, où notre monde artistique européen jetait des cris d'indignation à la vue des
toiles multicolores, crues et sauvages, qui nous venaient de l'autre côté de l'Atlantique.
jirtffiES/affiSgit Zifll L'ensemble est bon et des plus étonnants, je le répète, si l'on tient compte de la rapidité
avec laquelle les difficultés de tous genres ont été surmontées; c'est une véritable trans-
tJjSyi' formation. Certes, on ne doit pas juger un art qui sort des langes, avec les mêmes prin-
cipes ni avec la même sévérité qu'on apporterait à l'étude de nos Ecoles modernes;
celles-ci ont derrière elles de longues et glorieuses traditions, et leurs disciples res-
pirent une atmosphère qui fait entièrement défaut ici. (T~~*
i-.':••-••■^flÉCet isolement eût pu enfanter des inspirations neuves, originales, indépendantes,
qui se seraient concrétées en une École nationale, mais, jusqu'à présent, il n'existe point
d'École américaine proprement dite. Ce que l'on constate dans la race se retrouve parmi
les œuvres d'art. Dans cet immense amalgame d'immigrants on distingue toujours, en
dépit des années, les traces de l'origine, et dans les arts cela saute aux yeux plus encore
que partout ailleurs. Chacun, suivant les inspirations dont la source lui échappe,
s'attache à une École, à un maître européens, dont trop souvent il ne devient que le
pâle imitateur. L'originalité et l'inspiration directes manquent presque toujours. C'est
t'-s^'-jfiSL malheureusement, à côté de qualités souvent très sérieuses, de talents réels, le défaut
dominant de l'art américain.
Dans la plupart des tableaux qui figurent à l'Exposition, on distingue immédiate-
ment l'empreinte du maître sous la direction duquel l'artiste a.étudié. Une autre erreur
par trop pratiquée consiste à se préoccuper d'un sujet plutôt que de l'étude sérieuse de
la nature. Ceci provient fréquemment, je le reconnais, moins de la faute du peintre
que de celle du public, en général encore fort ignorant, et auquel l'artiste est réduit
à s'adresser quand même pour trouver dans son art un travail rémunérateur. On
exige un sujet qui intéresse par lui-même, qui amuse, qu'on puisse expliquer, à propos
duquel il soit possible de deviser à perte de vue et surtout à tort et à travers, ou bien
^C Sranc*es sccnes de la nature, qui impressionnent ou dont on se croit impressionné,
ce qui est tout un, telles que l'Océan déchaîné ou l'horizon étincelant des feux du soleil
couchant. Cette tendance dominante engendre les plus déplorables résultats ; les artistes
qui savent s'en affranchir et qui peignent pour peindre avec talent et non pour divertir %
t. Voir l'Art, 18° année, tome l°% page 92.
v-Vl
È
mm
long sur 5oo pieds de large; les tableaux couvrent un espace de 200,000 pieds carrés,
dont 35,ooo sont occupés par les peintres des Etats-Unis.
L'organisation de la section des Beaux-Arts est l'œuvre de M. Halsey C. Ives, le
très intelligent et éminemment actif directeur du Musée et;des Écoles d'art de la ville
de Saint-Louis ; vous l'avez vu plus d'une fois à Paris, où son mérite exceptionnel a
été hautement apprécié. On ne pouvait faire plus heureux choix pour assurer le succès îjP '^tj&S$^i^^
de la section des Beaux-Arts.
Onze grandes et dix petites galeries sont consacrées aux tableaux, aquarelles, pastels,
dessins et gravures des États-Unis, représentés au catalogue par 2,516 numéros. t^1"^
Si, animé d'une bienveillante impartialité, vous pénétrez dans la section américaine,
votre première impression est toute de surprise en constatant le niveau, élevé déjà,
atteint par l'art américain. Nous sommes là bien loin de cette époque, pourtant peu
éloignée, où notre monde artistique européen jetait des cris d'indignation à la vue des
toiles multicolores, crues et sauvages, qui nous venaient de l'autre côté de l'Atlantique.
jirtffiES/affiSgit Zifll L'ensemble est bon et des plus étonnants, je le répète, si l'on tient compte de la rapidité
avec laquelle les difficultés de tous genres ont été surmontées; c'est une véritable trans-
tJjSyi' formation. Certes, on ne doit pas juger un art qui sort des langes, avec les mêmes prin-
cipes ni avec la même sévérité qu'on apporterait à l'étude de nos Ecoles modernes;
celles-ci ont derrière elles de longues et glorieuses traditions, et leurs disciples res-
pirent une atmosphère qui fait entièrement défaut ici. (T~~*
i-.':••-••■^flÉCet isolement eût pu enfanter des inspirations neuves, originales, indépendantes,
qui se seraient concrétées en une École nationale, mais, jusqu'à présent, il n'existe point
d'École américaine proprement dite. Ce que l'on constate dans la race se retrouve parmi
les œuvres d'art. Dans cet immense amalgame d'immigrants on distingue toujours, en
dépit des années, les traces de l'origine, et dans les arts cela saute aux yeux plus encore
que partout ailleurs. Chacun, suivant les inspirations dont la source lui échappe,
s'attache à une École, à un maître européens, dont trop souvent il ne devient que le
pâle imitateur. L'originalité et l'inspiration directes manquent presque toujours. C'est
t'-s^'-jfiSL malheureusement, à côté de qualités souvent très sérieuses, de talents réels, le défaut
dominant de l'art américain.
Dans la plupart des tableaux qui figurent à l'Exposition, on distingue immédiate-
ment l'empreinte du maître sous la direction duquel l'artiste a.étudié. Une autre erreur
par trop pratiquée consiste à se préoccuper d'un sujet plutôt que de l'étude sérieuse de
la nature. Ceci provient fréquemment, je le reconnais, moins de la faute du peintre
que de celle du public, en général encore fort ignorant, et auquel l'artiste est réduit
à s'adresser quand même pour trouver dans son art un travail rémunérateur. On
exige un sujet qui intéresse par lui-même, qui amuse, qu'on puisse expliquer, à propos
duquel il soit possible de deviser à perte de vue et surtout à tort et à travers, ou bien
^C Sranc*es sccnes de la nature, qui impressionnent ou dont on se croit impressionné,
ce qui est tout un, telles que l'Océan déchaîné ou l'horizon étincelant des feux du soleil
couchant. Cette tendance dominante engendre les plus déplorables résultats ; les artistes
qui savent s'en affranchir et qui peignent pour peindre avec talent et non pour divertir %
t. Voir l'Art, 18° année, tome l°% page 92.
v-Vl
È
mm