NOTRE BIBLIOTHÈQUE.
une cage de verre; la comparaison est juste, car dans
aucun édifice gothique on n'a autant supprimé les pleins
des murs. Le grand mérite de cette construction ajourée
c'est d'être très homogène, et cette qualité fait un peu
oublier l'impression assez inquiétante que cause, au
premier abord, cette trop grande légèreté. Pour être plus
modeste, la collégiale de Saint-Maclou retient bien sou-
vent le touriste plus que Saint-Ouen ; c'est qu'à cette
charmante église gothique, des artistes de la Renaissance
ont ajouté des morceaux de sculpture qui valent mieux
qu'un examen rapide. Les portes de Saint-Maclou ont-
elles été dessinées par Jean Goujon? J'avoue que bien
qu'elles n'aient été terminées qu'en i56o, c'est-à-dire vingt
ans après son départ probable de Rouen, il est bien diffi-
cile de les attribuer à un autre ; le huchier chargé de tailler
le bois a dû travailler d'après les dessins du maître ; mais,
quoi qu'il en soit, ces bas-reliefs sont capitaux dans le
développement de la plastique française au xvie siècle ; et
leur vue fait oublier ce que l'examen prolongé du gothique
ultra-aigu, qui foisonne à Rouen, a d'irritant pour ceux
qui conservent au fond du cœur le culte des proportions
et de la raison appliquées à l'architecture.
Emile Molinier.
(La fin prochainement.)
DCCXXV
Album archéologique des Musées de province, publié sous
les auspices du Ministère de l'Instruction publique et
sous la direction de Robert de Lasteyrie, membre de
l'Institut. Paris, Ernest Leroux, éditeur, 28, rue Bona-
parte.
L'ouvrage, dont le but est excellent, se compose jus-
qu'ici de trois livraisons accompagnées de très bonnes
planches. Il est fort désirable que la publication ne demeure
pas interrompue, car l'idée de faire connaître les meilleurs
objets conservés dans les Musées de province est, certes,
digne entre toutes de sérieux encouragements à une époque
où l'on prétend ne rien négliger pour développer l'ins-
truction et où les efforts destinés à encourager les Beaux-
Arts témoignent des plus louables intentions trop peu
suivies malheureusement de résultats féconds ; la façon
dont l'administration centrale traite les collections des
municipalités et des départements explique éloquemment
cette situation décevante. Les autorités communales,
découragées par des envois sans valeur, ont, de leur côté,
le tort sérieux de se désintéresser par trop d'institutions
de nature cependant, entre toutes, à former, à développer
le goût de leurs concitoyens et à attirer les touristes, —
par conséquent à enrichir même matériellement la cité.
M. Robert de Lasteyrie, en fondant le très remarquable
Album dont nous nous occupons, a fort intelligemment
compris que le meilleur moyen d'ouvrir les yeux aux
municipalités et d'appeler aussi à leur aide l'initiative pri-
vée, consiste à démontrer quelles richesses très réelles et
vraiment importantes existent dans maints Musées parmi
l'ivraie officielle qui les encombre. .
Homme du goût le plus éclairé, le directeur de Y Album
s'est attaché à reproduire bien moins des monuments
archéologiques que des œuvres d'art. Il y a réussi à sou-
hait. Son utile entreprise comprend également une nomen-
clature des divers Musées provinciaux classés par dépar-
tements, ainsi qu'une bibliographie détaillée des catalogues
et des travaux auxquels ces collections publiques ont
donné lieu.
L'éditeur apporte les plus grands soins tant à l'impres-
sion du texte qu'à l'exécution des planches qui sont d'une
rare perfection.
Paul Leroi.
DCCXXVI
Bric à Brac. Album par Caran d'Ache. Librairie Pion.
E. Pion, Nourrit et O, imprimeurs-éditeurs, rue Garan-
cière, 10, Paris.
Voici l'automne revenu et avec lui les longues soirées.
Si vous tenez à les égayer, hâtez-vous de vous donner
Bric à Brac. Jamais Caran d'Ache ne fut plus en verve ;
c'est, de la première à la dernière page, un feu d'artifice
ininterrompu de fantaisies folles, d'inventions drolatiques
à faire se pâmer le plus morose des humains. L'artiste a
trouvé moyen de surpasser et ses trois premiers Albums et
ses Courses dans l'antiquité et Nos Soldats du siècle, et la
Comédie du jour sous la République athénienne et les
Joies du plein air, et sa Découverte de la Russie et son
inoubliable Carnet de chèques.
Hâtez-vous d'acheter Bric à Brac, je le répète, certain
que vous me remercierez de mon insistance.
Adolphe Piat.
une cage de verre; la comparaison est juste, car dans
aucun édifice gothique on n'a autant supprimé les pleins
des murs. Le grand mérite de cette construction ajourée
c'est d'être très homogène, et cette qualité fait un peu
oublier l'impression assez inquiétante que cause, au
premier abord, cette trop grande légèreté. Pour être plus
modeste, la collégiale de Saint-Maclou retient bien sou-
vent le touriste plus que Saint-Ouen ; c'est qu'à cette
charmante église gothique, des artistes de la Renaissance
ont ajouté des morceaux de sculpture qui valent mieux
qu'un examen rapide. Les portes de Saint-Maclou ont-
elles été dessinées par Jean Goujon? J'avoue que bien
qu'elles n'aient été terminées qu'en i56o, c'est-à-dire vingt
ans après son départ probable de Rouen, il est bien diffi-
cile de les attribuer à un autre ; le huchier chargé de tailler
le bois a dû travailler d'après les dessins du maître ; mais,
quoi qu'il en soit, ces bas-reliefs sont capitaux dans le
développement de la plastique française au xvie siècle ; et
leur vue fait oublier ce que l'examen prolongé du gothique
ultra-aigu, qui foisonne à Rouen, a d'irritant pour ceux
qui conservent au fond du cœur le culte des proportions
et de la raison appliquées à l'architecture.
Emile Molinier.
(La fin prochainement.)
DCCXXV
Album archéologique des Musées de province, publié sous
les auspices du Ministère de l'Instruction publique et
sous la direction de Robert de Lasteyrie, membre de
l'Institut. Paris, Ernest Leroux, éditeur, 28, rue Bona-
parte.
L'ouvrage, dont le but est excellent, se compose jus-
qu'ici de trois livraisons accompagnées de très bonnes
planches. Il est fort désirable que la publication ne demeure
pas interrompue, car l'idée de faire connaître les meilleurs
objets conservés dans les Musées de province est, certes,
digne entre toutes de sérieux encouragements à une époque
où l'on prétend ne rien négliger pour développer l'ins-
truction et où les efforts destinés à encourager les Beaux-
Arts témoignent des plus louables intentions trop peu
suivies malheureusement de résultats féconds ; la façon
dont l'administration centrale traite les collections des
municipalités et des départements explique éloquemment
cette situation décevante. Les autorités communales,
découragées par des envois sans valeur, ont, de leur côté,
le tort sérieux de se désintéresser par trop d'institutions
de nature cependant, entre toutes, à former, à développer
le goût de leurs concitoyens et à attirer les touristes, —
par conséquent à enrichir même matériellement la cité.
M. Robert de Lasteyrie, en fondant le très remarquable
Album dont nous nous occupons, a fort intelligemment
compris que le meilleur moyen d'ouvrir les yeux aux
municipalités et d'appeler aussi à leur aide l'initiative pri-
vée, consiste à démontrer quelles richesses très réelles et
vraiment importantes existent dans maints Musées parmi
l'ivraie officielle qui les encombre. .
Homme du goût le plus éclairé, le directeur de Y Album
s'est attaché à reproduire bien moins des monuments
archéologiques que des œuvres d'art. Il y a réussi à sou-
hait. Son utile entreprise comprend également une nomen-
clature des divers Musées provinciaux classés par dépar-
tements, ainsi qu'une bibliographie détaillée des catalogues
et des travaux auxquels ces collections publiques ont
donné lieu.
L'éditeur apporte les plus grands soins tant à l'impres-
sion du texte qu'à l'exécution des planches qui sont d'une
rare perfection.
Paul Leroi.
DCCXXVI
Bric à Brac. Album par Caran d'Ache. Librairie Pion.
E. Pion, Nourrit et O, imprimeurs-éditeurs, rue Garan-
cière, 10, Paris.
Voici l'automne revenu et avec lui les longues soirées.
Si vous tenez à les égayer, hâtez-vous de vous donner
Bric à Brac. Jamais Caran d'Ache ne fut plus en verve ;
c'est, de la première à la dernière page, un feu d'artifice
ininterrompu de fantaisies folles, d'inventions drolatiques
à faire se pâmer le plus morose des humains. L'artiste a
trouvé moyen de surpasser et ses trois premiers Albums et
ses Courses dans l'antiquité et Nos Soldats du siècle, et la
Comédie du jour sous la République athénienne et les
Joies du plein air, et sa Découverte de la Russie et son
inoubliable Carnet de chèques.
Hâtez-vous d'acheter Bric à Brac, je le répète, certain
que vous me remercierez de mon insistance.
Adolphe Piat.