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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Molinier, Émile: Une reliure du trésor de la basilique royale de Monza
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0222

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'Lettre tirée d'un des Corail du dôme de Sienne.

170 L'ART.

a richesse des dons offerts par la reine des
Lombards Théodelinde à la basilique de
Monza a fait que bien souvent on a com-
pris, parmi les libéralités de cette princesse
à cette église, des objets d'art que leur
style indiquait clairement comme apparte-
nant à un autre âge. C'est ainsi qu'un très
important monument pour l'histoire de la
sculpture en ivoire, un sacramentaire dont
les deux plats de la reliure sont recouverts
d'ornements ajourés, a été attribué à l'épo-
que de la fameuse princesse bavaroise, ce
qui le ferait remonter au commencement
du vne siècle. On sait, en effet, que la
bienfaitrice de Monza, fille de Garibald, roi
de Bavière, épousa successivement les rois
des Lombards Autharis et Agilulphe et
mourut en 625. Or, si l'un des plats de la
reliure, celui décoré d'entrelacs disposés
suivant des courbes et des cercles s'entre-
coupant de manière à former des croix à branches égales, pourrait à la rigueur être considéré comme
une œuvre du vnc siècle, l'autre partie, au contraire, se rapproche par le style d'une façon si évidente
de certains monuments carolingiens, Dour ainsi dire datés d'une façon exacte, qu'en l'absence de
tout autre indice, c'est au ixe ou au xe siècle qu'il faudrait tout d'abord attribuer cette curieuse
sculpture. Mais il y a mieux : ainsi que l'a fort judicieusement remarqué Labarte en son Histoire
des Arts industriels, un texte publié par Frisi dans sa troisième dissertation des Memorie délia
chiesa Mon\ese ne peut laisser aucun doute sur l'origine exacte de notre sacramentaire. Sur l'un
des derniers feuillets du manuscrit est transcrit un inventaire des objets provenant de la chapelle
du roi Bérenger, confiés pour l'ornementation de l'église de Monza au sous-diacre Adelbert :
parmi ces objets figure un liber sacramentorum ebure et argento circumdaius, un sacramentaire
entouré d'argent et d'ivoire qui n'est autre que le volume qui porte cette annotation. Cela nous
reporte à la fin du ixe siècle : Bérenger, fils d'Eberhard, duc de Frioul, devint roi d'Italie en 888
et empereur en 916; il mourut à Vérone en 924. A la rigueur, il est vrai, le sacramentaire pour-
rait appartenir à une date plus ancienne et ne pas avoir été fabriqué pour Bérenger ; mais c'est
une opinion qu'une simple comparaison avec certains ivoires du ixc siècle doit faire écarter.
11 faut en dire autant de la théorie de Labarte qui voulait reconnaître dans ces deux plaques
d'ivoire un monument byzantin. Cet archéologue a toujours nourri pour l'art grec des sentiments
trop tendres et trop dénués de critique pour qu'aujourd'hui il soit, nécessaire de discuter une
opinion qui fait sourire tous ceux qui ont la plus légère teinture de l'art du Moyen-Age.

L'excellente image qui accompagne ces lignes peut dispenser de faire une longue description
du sacramentaire de Monza : l'un des plats, comme il a été dit plus haut, est décoré d'entrelacs
découpés à jour, sur lesquels, de distance en distance et d'une façon régulière, naissent des
feuillages rudimentaires, ce qui indique déjà une tendance à s'éloigner du type primordial de
l'entrelacs tel qu'il a été pratiqué en Italie dans les monuments d'origine purement lombarde. On
pourra consulter à ce sujet le beau livre de Raffaelle Cattaneo : ïArchitettura in Italia dal
Secolo VI al mille circa (Venise, 1888); on y trouvera de nombreux exemples datés de ce genre
de décoration qui s'est perpétué à l'époque romane avec des modifications plus ou moins pro-
fondes suivant les pays.

Si le thème décoratif adopté pour l'autre plat de la reliure procède des mêmes principes, il
s'en écarte cependant d'une façon assez sensible, en ce sens qu'ici l'entrelacs ne règne plus en
maître et qu'il fait place sur une grande partie de la surface à décorer à d'élégants rinceaux
 
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